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Incitation plutôt que coercition. C’est le fil directeur des propositions faites par les intervenants durant le premier des cinq webinaires du think-tank Pluriagri. Ces derniers sont consacrés aux services environnementaux pour rendre l’agriculture neutre en carbone. « Pour atteindre cette neutralité en carbone, deux voies sont possibles : la décroissance ou la croissance », a déclaré Éric Thirouin, président de l’APGB. « Les céréaliers ont fait le choix de la croissance ».
Selon le responsable professionnel, il faut en effet engager l’agriculture vers le progrès et « investir dans l’innovation, le biocontrôle, les pratiques agronomiques et la génétique ». « Opter sur la décroissance, en misant sur la baisse de la production de céréales, en mettant en jachères des centaines de milliers d’hectares ou en taxant l’utilisation d’engrais chimiques, comme le promulgue la Commission européenne et son programme « de la fourche à la fourchette », conduira à sacrifier la souveraineté alimentaire de l’Union européenne », estime-t-il.
Émettrice de gaz à effet de serre (GES) GES, l’agriculture est aussi la solution pour les réduire. Les exploitations agricoles « grandes cultures » qui s’engageraient pendant cinq ans dans le dispositif « label bas carbone » d’Arvalis pourraient dégager des revenus complémentaires de plusieurs milliers d’euros. Il est en cours de validation auprès du ministère de la Transition écologique.
Plus le prix de la tonne de carbone sera élevé, plus le dispositif d’Arvalis sera incitatif. En effet, les agriculteurs auront alors les moyens de s’engager dans un programme ambitieux. Une réduction de 0,5 tonne d’équivalent carbone par hectare et par an générerait un gain annuel de 15€/ha si la tonne de CO2 vaut 30€. À 60€/t, les gains seront de 30€/ha et par an (3 000€ pour 100 ha).
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Les agriculteurs qui auraient déjà adopté des pratiques agricoles vertueuses pourraient adhérer au dispositif. La méthode bas carbone « grande cultures » d’Arvalis pourrait être couplée à des méthodes similaires. Comme celles portant sur les haies ou sur la méthanisation. En revanche, la méthode « Carbon agri » retenue dans les exploitations d’élevage couvre déjà les grandes cultures.
Mieux rémunérer le produit fini est la voie choisie par le programme Oléoze du groupe Avril présenté par Émilie Halle. Les agriculteurs qui adoptent des pratiques agricoles vertueuses (réduction de la profondeur du labour, le semis direct) pour cultiver des oléagineux (colza, tournesol) « à haute réduction de gaz à effet de serre » destinés à la production de biocarburants, bénéficient d’un bonus de prix de 25 € /t en moyenne.
Dans le Nord-Pas de Calais, où le bilan carbone net de la culture de colza est largement positif, le bonus versé atteint 45 €/t. Pour cela, les agriculteurs doivent avoir opté pour le semis direct et n’épandre que des engrais organiques.
Pascale Gaillot, vice-présidente de la région « Grand Est », encourage l’essor de ces méthodes bas carbone en finançant en partie les coûts des projets. À l’échelle nationale, l’agriculture doit avoir réduit de 46 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015 d’ici 2050. La France doit atteindre la neutralité carbone à cette échéance.
Actuagri