Votre météo par ville
” La situation est aujourd’hui enlisée et la France, qui ambitionne de réduire l’usage des pesticides de 50 % à l’horizon 2025, a pourtant eu recours à ces produits. Leur volume a augmenté de 25 % en dix ans “, a indiqué Amandine Lebreton, directrice “Plaidoyer et Prospective” à la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme (FNH).
L’étude sur laquelle elle s’appuie a été réalisée par le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (BASIC) et a été présentée par la FNH le 8 février.
Le ministre de l’Agriculture a vivement contesté ces chiffres. “Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux”, a réagi sur Twitter Julien Denormandie, faisant état d’une baisse des volumes de ventes de pesticides de 36 % entre 2009 et 2019. Tout en dénonçant également des chiffres qui “caricaturent” la réalité, la FNSEA a prôné “de renforcer les accompagnements publics à la transition agroécologique de tous les agriculteurs” ainsi qu’une “meilleure valorisation par les prix des bonnes pratiques”.
Fort de presque 150 pages, ce rapport constate que sur les 23,2 milliards que l’ensemble de la filière agricole et alimentaire perçoit chaque année de financements publics (aides directes, exonérations fiscales, dégrèvements, etc.), ” seul 1 % de ces financements a des effets avérés sur la réduction de l’utilisation des pesticides “.
L’étude de la FNH estime que l’augmentation de 55 % de consommation de ces produits en dix ans est à imputer à 9 % des exploitations françaises. De même les financements privés (emprunts, levées de fonds, …) prolongent cet effet en maintenant ” un statu quo “.
Lire aussi : Phytos : les ventes de substances actives ont chuté d’un quart en 2019
En réaction à la communication de la FNH, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) se porte en faux. “Le secteur agricole français est engagé dans une transformation profonde de ses pratiques”, considère l’organisme dans un communiqué. L’UIPP souligne que, “d’après les données de la base officielle de ventes (BNVD), les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle représentent désormais 36 % du total des substances actives achetées par les agriculteurs”. Elle assure également “que les quantités de produits de protection des plantes conventionnels vendues ne cessent de diminuer depuis 20 ans” et que “la France se situe dans la moyenne européenne en matière de consommation de produits phytopharmaceutiques par hectare”.
Pour Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation au sein de la FNH, le poids de l’échec des politiques de réduction de pesticides “est trop souvent mis sur les épaules des agriculteurs alors que la responsabilité est du côté des pouvoirs publics, mais également de l’ensemble des acteurs du secteur”.
La FNH demande en conclusion une réorientation des aides européennes, notamment “cinq fois plus de moyens” pour l’agriculture biologique, ainsi que la mise en place d’une fiscalité bonus-malus ” sur le principe pollueur-payeur”.