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“Des pollutions, il y en a pas mal. Heureusement, toutes ne se terminent pas comme celle-ci.” “Celle-ci”, c’est la pollution engendrée par la rupture de digue d’un bassin de décantation de la sucrerie Tereos d’Escaudœuvres (59), dans la nuit du 9 au 10 avril, pendant le premier confinement. Vendredi 4 décembre 2020, à la préfecture de Lille, le préfet des Hauts-de-France Michel Lalande l’avoue : “On ne pensait pas que ce serait aussi grave”.
“Week-end de Pâques, de nuit, pendant le confinement… Le contexte était un peu particulier”, a concédé le préfet. Il a par ailleurs annoncé le lancement d’expertises dans le but de présenter en juin prochain. But : déterminer la marche à suivre pour restaurer écologiquement le fleuve reliant la France et la Belgique.
Au total, 8 tonnes de poissons ont été retrouvées morts en France, et 4 en Belgique. “Lors de pêches électriques réalisées en octobre, nous avons constaté une perte de 70% de la biomasse piscicole. Et de 40% de la biodiversité de la faune et la flore“, détaille Emilie Ledein, directrice régionale adjointe de l’Office français de la biodiversité (OFB). Et la recolonisation naturelle par des espèces locale ne va pas forcément de soi. “Nous avons par ailleurs observé un développement assez important d’espèces exogènes, comme la gobie à tâches noires. Venue des pays de l’Est, elle a trois cycles de reproduction par an. C’est bien plus que les espèces endogènes.”
Le groupe sucrier Tereos, rappelé à l’ordre deux mois avant l’incident pour l’état d’un autre de ses bassins de décantation, a depuis effectué “des travaux de remise en état et de restauration environnementale”, assure le préfet. Mais la tâche à accomplir pour restaurer les écosystèmes s’annonce vaste : travail sur la qualité des berges avec des pentes douces et végétalisées, création de bras morts propices au foisonnement de la biodiversité, continuité écologique pour permettre aux espèces de se déplacer librement au fil du cours d’eau…
L’addition – dont le montant attendra les expertises pour être déterminé – risque d’être salée pour le groupe sucrier. “Si j’engage une responsabilité environnementale, les contribuables n’ont pas à payer”, assure Michel Lalande.
Lucie De Gusseme