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Il y a quelques semaines à peine, Florent Vedel n’y connaissait pas grand-chose en recyclage et valorisation des déchets. Son sujet à lui, c’était l’assainissement. Et même après 20 ans, il découvrait encore de nouvelles choses chaque mois. « Là, c’est encore chaque jour », glisse le nouveau directeur régional de Veolia Recyclage et Valorisation des Hauts-de-France. En revanche, le groupe Veolia, il le pratique depuis l’aube de l’an 2000, d’abord en Allemagne puis en France, d’abord en maintenance industrielle puis en assainissement.
2024 marque donc un tournant dans sa carrière, jalonné de découvertes. Découverte d’une région, découverte d’un métier. Coup de chance, les Hauts-de-France sont justement l’une des régions les plus dynamiques en matière de recyclage, annonce l’intéressé.
Pour preuve, l’inauguration peu de temps après sa nomination de la plus grande flotte verte de camions-bennes avec la Métropole européenne de Lille (MEL) le 16 avril. Traduisez : 10 camions 100 % électriques et 30 véhicules roulant au gaz, en partie vert. « On s’engage à réduire de près de 50 % nos émissions de GES (gaz à effet de serre) d’ici fin 2024 à travers le choix de ces véhicules », parie Florent Vedel. Cela concerne la collecte des déchets ménagers de la zone nord de la MEL, soit une vingtaine de communes pour 1,5 million de kilomètres parcourus chaque année sur ce lot. « Dans la décarbonation de nos activités, il y a aussi une optimisation des circuits de tournée et une organisation profondément modelée », dit celui qui estime aussi qu’il faut « améliorer la qualité du flux collecté ».
Pour cela, Veolia mise sur une start-up, Lixo, qui utilise l’intelligence artificielle afin de piloter des caméras embarquées. Celles-ci captent en temps réel les anomalies dans le flux de déchets et en génèrent un traitement statistique. Les chiffres sont scrutés, quartier par quartier, rue par rue, afin de cibler ensuite des actions de formations et de sensibilisation envers les usagers. « Plus le déchet est trié à la source, plus le flux est simple, plus on décarbone, énonce le directeur. Plus les citoyens sont formés, plus ils font des gestes forts pour leur territoire. »
“Il est essentiel de développer l’attractivité de nos métiers et de changer le regard des nouvelles générations : nous exerçons des métiers d’avenir, innovants, inclusifs, au service de l’humain et de la
Florent Vedel, directeur régional de Veolia Recyclage et Valorisation
planète ! »
Responsabiliser les riverains, c’est une chose. S’attaquer à l’un produit qui parasite les flux, c’en est une autre. La coupable, c’est la bonbonne de protoxyde d’azote, détournée de son double usage originel (siphon à chantilly en pâtisserie, gaz hilarant en médecine pédiatrique) « à des fins psycho récréatives », décrit Florent Vedel. Les nouveaux usagers se sont rabattus sur des bonbonnes industrielles qui se retrouvent dans les poubelles grises. Problème : elles font des dégâts considérables dans l’incinérateur. « C’est dangereux pour les opérateurs, priorise le directeur, cela abîme les outils et cela pose des problèmes de maintenance. »
« On les retrouve en quantité industrielle », alarme-t-il. Et même si la situation est plus prégnante dans le sud de la France, la région n’est pas épargnée. D’autant qu’on « considère qu’une sur quinze ou vingt explose. On a une explosion par heure en moyenne. La plupart non néfastes, mais une sur cinquante génère des dégâts. »
Outre les déchets ménagers, Veolia « offre » ses services aux entreprises pour récupérer leurs déchets et les trier. « La première chaîne de tri automatisée de France est à Amiens », se réjouit le directeur régional qui ambitionne d’automatiser plus encore la chaîne. Ici aussi, l’enjeu est d’améliorer le tri, d’ôter « 10 à 15 % de déchets plastiques résidus » et ainsi de décarboner ce qui est envoyé en enfouissement ou incinération. « On a créé un nouveau flux, les CSR (combustibles solides de récupération, ndlr). Ce broyat peut alimenter les chaudières des collectivités et créer de la vapeur pour l’industrie. »
Le mieux, tant qu’à décarboner, est de réutiliser ou revaloriser les déchets issus dans un bassin localement. Le déchet, dès qu’on le transporte trop longtemps, perd sa valeur. « Cette notion de boucle locale et circulaire est très importante chez nous, assure Florent Vedel, y compris chez nos opérateurs. » Ces derniers sont 1 400 en Hauts-de-France et « l’un des grands enjeux, reprend leur directeur, est de revaloriser ce métier. Ce que l’on a vu de façon extrêmement criante pendant les confinements. Il faut voir les dessins que l’on recevait des enfants, qui étaient ramassés avec précaution sur les poubelles, et que l’on a gardés ! »
Le métier comporte quelques désagréments, lâche Florent Vedel, mais qui peuvent être tournés en avantage. Le fait d’être constamment dehors, l’aspect physique du métier, etc. En outre, « nous sommes un des premiers opérateurs en insertion », rappelle-t-il. Celui qui veut placer « le bien-être et la sécurité des collaborateurs en priorité » conclut qu’il est « essentiel de développer l’attractivité de nos métiers et de changer le regard des nouvelles générations sur l’industrie : nous exerçons des métiers d’avenir, innovants, inclusifs, au service de l’humain et de la planète ! »
Louise Tesse
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