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” Les annonces faites dans le plan eau (le 30 mars par Emmanuel Macron, ndlr) concernent principalement l’eau potable, mais aussi les eaux usées ou encore l’entretien des réseaux de transport. Nous agissons à tous ces niveaux “, prévient Bertrand Ringot. Le maire de Gravelines est aussi vice-président à la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) aux questions de l’eau, de l’assainissement et du Gemapi (la lutte contre les inondations).
” Sur notre territoire, nous n’avons pas de réserves en eau et nous dépendons du bassin audomarois. Raison de plus pour faire bien attention à cette précieuse ressource “, pose l’élu.
L’eau commence par parcourir 40 kilomètres depuis Saint-Omer pour entrer dans les réseaux du territoire, qui se prolongent sur 1 600 kilomètres de canalisations dédiées à l’eau potable. Ici la nécessité d’un entretien continu pour éviter les fuites. “Nous investissons beaucoup dans les réseaux pour un taux de rendement optimal. Nous enregistrons un taux de 7 % de pertes, c’est-à-dire la différence entre ce qui est prélevé et ce qui est livré. C’est peu comparé aux autres territoires“, observe Bertrand Ringot.
Il a ensuite fallu motiver les usagers à faire attention à la ressource, c’est pourquoi la CUD a choisi de mettre en place une tarification progressive dès 2012. Sous forme d’expérimentation d’abord, puis de manière pérenne grâce à une révision de la loi en 2019. Et ça marche : alors que la consommation moyenne nationale est de 80 m3 d’eau par an et par foyer, elle plafonne à 67 m3 dans le Dunkerquois. Des chiffres qu’expliquent la politique tarifaire mise en place mais aussi, il ne faut pas l’oublier, la physionomie du territoire : pas d’immenses jardins, très peu de piscines particulières, beaucoup de puisards…
Concrètement, trois tranches de consommation sont retenues et un tarif au mètre cube est fixé, de manière progressive, pour chacune. De 0 à 80 m3 par an, c’est 1,28 euro / m3 ; de 81 à 200 m3 on passe à 2,30 euros / m3 et au-delà de 201 m3 c’est 3,10 euros / m3. Un tarif solidaire de 0,49 euros / m3 est aussi en place pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS) qui concerne 8 600 foyers sur les 91 000 du territoire. A ce prix pour l’eau s’ajoutent le coût de l’abonnement – fixe de 21 euros par an – et de l’assainissement. Et si pour la CUD le prix du mètre cube est très faible, celui de son assainissement est plutôt élevé fixant le mètre cube dans une moyenne haute de 5 euros / m3.
Autre axe d’incitation d’économie d’eau : le suivi en temps réel de la consommation, la notion de mètres cubes demeurant abstraite. ” Nous déployons un système de télérelève qui permettra à terme à tous les habitants d’avoir accès en temps réel à leur consommation, nous sommes d’ailleurs en train de mettre en place une application numérique “, explique le vice-président communautaire qui évoque 5 millions d’euros investis.
Et pour améliorer la qualité de l’eau afin d’inciter davantage à la consommation de l’eau du robinet, qui stagne aujourd’hui à 47 %, ou à prolonger la durée de vie des appareils électroménagers mais aussi des réseaux, la CUD va décarbonater l’eau, c’est-à-dire la débarrasser d’un tiers de son calcaire. C’est 15 millions d’euros investis pour un processus achevé au 1er janvier 2024.
L’élu rappelle que “l’eau finance l’eau” et qu’il est important, pour financer investissements et innovations, de trouver un juste prix.
S’il n’y a pas beaucoup de piscines à Dunkerque, il y a des usines. Ici, l’eau destinée à l’industrie n’est pas prélevée dans le réseau d’eau potable mais dans le canal de Bourbourg. Une eau de surface qui fournit 20 millions de mètres cubes d’eau chaque année, dont 60 % rien que pour ArcelorMittal. “Cette eau aussi, il va falloir l’économiser“, prévient Bertrand Ringot, qui annonce le projet de raccordement direct de la station d’épuration de Grande-Synthe à l’usine sidérurgique : 2 millions de mètres cubes y seront directement injectés, sur les 8 millions traités sur le territoire. C’est concrètement la réutilisation des eaux usées traitées, telle qu’envisagée dans le plan eau. Si tous les usages ne sont pas envisageables, celui de l’industrie l’est clairement “mais demande des accords au cas par cas”, précise l’élu gravelinois qui formule le vœu que “les déclarations du chef de l’État permettent d’assouplir les procédures et de généraliser les initiatives“.
Justine Demade Pellorce
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