Votre météo par ville
La moisson n’est pas encore achevée en France que les cours des céréales et des oléagineux s’envolent. Après la publication de l’USDA (United States Department of Agriculture), le colza a bondi de 12 euros par tonne sur les marchés physiques FOB Moselle et Rendu Rouen. Les prix ont donc affiché 569 €/t, et l’échéance de novembre sur Euronext grimpait dans les mêmes proportions pour atteindre 567 €/t. Le prix de la tonne est donc au plus haut de l’année et pourrait bien être appelé à grimper à nouveau.
Pour les mois qui viennent, les producteurs français et européens de colza risquent de bénéficier de cours très élevés. La production européenne de colza est estimée à 17,3 Mt (millions de tonnes), et celle d’oléagineux (tournesol, soja, pois) à 30 Mt. En France, la collecte de graines de colza est estimée à 3,3 Mt, grâce à des rendements considérés comme étonnants par Terres Univia. Cependant, elle reste très inférieure aux besoins des triturateurs pour les tourteaux, les biocarburants et les huiles.
La tendance est d’ailleurs la même pour le soja aux Etats-Unis, sans toutefois revenir aux plus hauts niveaux de mai et juin. L’augmentation des stocks et une demande inférieure aux prévisions en Chine limitent la hausse. Les cours restent toutefois supérieurs à 500 $ la tonne. Au Canada, les cours du canola à Winnipeg sont supérieurs à 700 $ restants dans la fourchette des niveaux les plus élevés.
Les raisons sont multiples. Tout d’abord, la sécheresse qui a frappé le Canada et les Etats-Unis fait revoir les prévisions de récolte à la baisse. La production de canola au Canada est réduite à 16 millions de tonnes contre les 20 millions de tonnes attendues. Or, le Canada utilise la moitié de sa récolte pour la trituration sur son marché domestique. Les triturateurs européens pourraient donc faire face à un manque de disponibilités, et c’est aussi ce qui fait grimper les cours du colza en Europe.
Aux Etats-Unis, la production de soja est aussi revue à la baisse à 118 millions de tonnes, en baisse de 2 millions de tonnes par rapport aux prévisions du précédent rapport mensuel de l’USDA. Toutefois, les incertitudes concernant l’appétit de la Chine contiennent la hausse des cours de colza.
D’autres facteurs sont tout aussi déterminants. Ainsi, le prix des huiles continue de flamber et l’huile de palme enregistre des plus hauts niveaux en Malaisie, animée par une demande des pays importateurs. En Russie, la production de tournesol est revue à la baisse, ce qui devrait provoquer une hausse des cours et donc du prix des huiles. La demande de biocarburants reste également très soutenue partout dans le monde. Les analystes s’interrogent sur les effets du Covid qui pourraient ralentir l’économie mondiale.
En blé dur, la tendance est aussi à la hausse faute de matière première. En effet les pluies très abondantes en Europe et une sécheresse sans précédent au Canada conduisent à une pénurie de blé dur, la matière première des pâtes alimentaires, et à une flambée historique des prix mondiaux. Ils ont augmenté de plus de 30 %. D’ailleurs, le syndicat des industriels de fabricants des pâtes alimentaires de France (Sifpaf) s’en inquiète.
Au Canada, la récolte est attendue avec moins de 4,2 millions de tonnes (Mt), soit 32 % de moins que la moyenne des cinq dernières années. En France, avec un stock historiquement bas, il ne sera pas possible d’alimenter le marché mondial avec des blés durs stockés, estime le Sifpaf. Par ailleurs, des pluies particulièrement abondantes pendant la floraison et durant la moisson ont réduit fortement le potentiel utilisable de blé dur français pour fabriquer des pâtes alimentaires.
En Europe, la récolte devrait s’élever à 7,3 Mt mais reste insuffisante pour satisfaire les besoins estimés à 9,5 Mt. Au final il manquerait 2 Mt pour satisfaire les besoins des fabricants de pâtes dans le monde.
ActuAgri