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Ses vacances d’enfance, François Charlet les a passées à “crapahuter dans les volcans d’Auvergne” comme il aime le raconter. Une poignée de décennies plus tard, à bientôt 56 ans, ce féru de géologie est à la tête du Parc naturel régional (PNR) des caps et marais d’Opale, où il met en œuvre sa passion pour la préservation des paysages et l’aménagement des territoires.
Originaire de Lille, François Charlet a su transformer son amour pour la nature en une vocation. “Assez naturellement, à la sortie du lycée, j’ai suivi un parcours orienté vers les sciences de la nature et de la vie“, confie-t-il. Diplômé de l’École du paysage de Versailles, il débute sa carrière à l’Agence paysage à Lille avant de rejoindre en 1994 l’entreprise Scetauroute. “Là-bas, j’ai travaillé sur des projets routiers départementaux, notamment l’autoroute A16 Amiens-Boulogne. J’étais en charge du pilotage du volet environnemental et paysage de l’autoroute, ce qui impliquait de protéger les zones naturelles et d’inscrire intelligemment le projet dans le paysage“.
En 2002, François Charlet rejoint la Direction de l’environnement et du développement des territoires au Département du Nord. Il se rapproche des agriculteurs de la région, créant des liens de confiance et de respect mutuel. “Ce passage au département du Nord m’a permis de développer une vraie proximité avec tous les agriculteurs, que ce soient des petits paysans, mais aussi des grands exploitants. J’ai notamment mis en place le premier stand du Département du Nord au salon de l’agriculture, en lien avec des éleveurs de la région”, raconte-t-il avec satisfaction.
C’est en 2019 que François Charlet devient directeur du Parc naturel régional des caps et marais d’Opale. Dès son arrivée, il a fait de l’agriculture et du partenariat avec les éleveurs une priorité. “Je suis convaincu que préserver l’élevage, c’est préserver nos paysages“, explique-t-il.
Façonné par l’élevage bovin et ovin, le bocage boulonnais s’étend sur 1 500 km². Ce type de paysage typique de l’arrière-pays de Boulogne-sur-Mer se caractérise par ses zones pâturées ouvertes et bordées de haies.
Afin de maintenir les paysages de bocage, le parc et la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais ont élaboré un Plan de paysage sur quinze ans, comprenant des actions d’accompagnement des agriculteurs du secteur. Formations, travail en groupe et accompagnement technique sont mis en place chaque année, permettant aux éleveurs de gagner en autonomie et de sécuriser leur élevage sur le long terme. “Car soyons honnêtes, si on continue à perdre nos éleveurs, nos paysages vont disparaître à leur tour ! “, avertit François Charlet.
En dehors du soutien aux agriculteurs, le Parc met également l’accent sur la nécessité d’innover et d’expérimenter de nouveaux projets. “C’est notre marque de fabrique“, affirme son directeur. Actuellement, un projet sur la réutilisation de la laine de mouton est en cours, illustrant cette volonté d’utiliser des matériaux innovants (lire notre édition du 9 juin 2023). “La transition énergétique et la réutilisation des ressources sont des priorités pour nous. Sans oublier la question du trait de côte, la protection du marais Audomarois ou encore le développement du tourisme durable, qui sont également des enjeux majeurs pour le parc et ses habitants”.
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Validée par le ministre de la Transition écologique, la charte du parc définit les objectifs pour les 15 années suivantes dans tous ces domaines. “Cette charte permet aux 154 communes qui l’ont signée de bénéficier d’un appui par les techniciens du Parc, et de se projeter dans la préservation de leur patrimoine naturel sur le long terme. Voilà pourquoi les Parcs sont des outils politiques indispensables pour accompagner les politiques locales“, affirme François Charlet.
“Pour finir, je dirais que notre grand cheval de bataille, c’est la protection de la biodiversité”, précise le paysagiste de formation. Veut-on laisser un monde où les générations futures ne savent pas ce qu’est un lièvre ou une chouette chevêche ? Ce n’est pas mon cas ! Il est donc impératif de préserver les corridors écologiques et les habitats naturels. C’est précisément le rôle du Parc de faire collaborer tous les acteurs locaux pour y parvenir !“
Julien Caron