Votre météo par ville
La rue de Rély, sur la commune de Norrent-Fontes, dans le Pas-de-Calais, est surnommée « la fausse rivière selon les plus anciens », explique Bertrand Cocq, le maire. Ce n’est pas un hasard, donc, si une dizaine de maisons situées en aval de la rue se sont retrouvées plusieurs fois les pieds dans l’eau lors des dernières décennies. L’idée d’y établir une retenue collinaire, en amont du croisement de la rue du 8 mai 1945, est un projet qui date.
« Les premières études ont eu lieu en 2001, confirme Bertrand Cocq. Lorsque j’ai pris mes fonctions en 2014, on a été inondé trois semaines après. On a été à nouveau inondé en 2016 et après celle-ci, on a pu pousser les propriétaires des terres pour finaliser cet aménagement. » Il aura quand même fallu passer par une expropriation pour cause d’utilité publique de l’un des propriétaires des terres pour y parvenir, expliquant des travaux réalisés en deux phases.
« On vient capter l’axe de ruissellement d’un bassin-versant de 430 hectares », décrit Yannis Delgery, responsable de la lutte contre les inondations à la communauté d’agglomération Béthune – Bruay. Ce bassin-versant est composé de terres agricoles et présente des pentes marquées : le ruissellement peut y être considérable et causer des inondations en cas de phénomènes pluvieux intenses. L’ouvrage est déconnecté du réseau hydrographique et il n’est pas à confondre avec une zone d’expansion des crues, mais il s’avère très utile en cas de fort orage, notamment en période estivale.
Sans compter que la retenue collinaire permet de limiter le grossissement potentiel d’autres cours d’eau en aval. Le site, d’une capacité de stockage de 16 900 m3, est doté d’une capacité d’infiltration assez forte, car « c’est une ancienne cressonnière, ce qui fait que ce bassin se vide rapidement », abonde Yannis Delgery.
L’eau ne sera d’ailleurs ni pompée ni utilisée pour une activité quelconque, mais alimentera les nappes phréatiques lors des épisodes de remplissage. Cela a déjà été le cas en juillet 2021 lors d’un fort épisode pluvieux durant lequel la retenue collinaire a fonctionné pour la première fois : « Il est tombé 70 mm en moins de trois heures et aucune habitation n’a été touchée, alors que ça avait été le cas en 2014 et en 2016, indique Bertrand Cocq. D’où l’importance de l’ouvrage ! Il est très bien situé, il ne gêne pas trop les cultures. »
« Ce type d’ouvrage va permettre de limiter les risques d’inondations, mais le risque zéro n’existe pas, souligne toutefois Yannis Delgery. Il permet aussi d’avoir un temps de réaction supérieur. » Le responsable de la lutte contre les inondations parle plus globalement du développement d’une « culture du risque » : « avoir une connaissance fine des cours d’eau » et des territoires avec l’objectif d’anticiper au mieux des phénomènes extrêmes qui sont amenés, avec le réchauffement climatique, à s’intensifier selon le consensus scientifique.
« Notre territoire est à 78 % vulnérable, lance Olivier Gacquerre, président de la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay. Il faut qu’on s’adapte. Il s’agit de protéger nos habitants, le monde économique, dont le monde agricole fait partie. » Dans le secteur, six zones d’expansion de crues sont en travaux ou à venir, « et on réfléchit à trois zones supplémentaires », indique l’élu.
« J’entends beaucoup de choses en ce moment : “il faut tout revoir”, “il faut tout refaire”, commente Raymond Gaquère, président du Syndicat mixte pour le SAGE de la Lys. Non, il faut continuer dans ce sens, parce qu’on est dans le bon sens », conclut-il.
16 900 m3 : c’est la capacité de stockage de la retenue collinaire de la rue de Rély, à Norrent-Fontes, située dans l’axe d’un bassin-versant de 430 hectares.
470 878 € : c’est le coût total des travaux, pris en charge par l’Agence de l’eau Artois Picardie, l’État via le fonds Barnier, et la communauté d’agglomération.
Lire aussi : Inondations : à Arras, Christophe Béchu a multiplié les annonces
Lire aussi : Inondations : L’entretien des cours d’eau décrypté
Kévin Saroul