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C’est un comité exceptionnel qui s’est réuni à La Station, à Saint-Omer (62), dans la matinée du 19 décembre. Présidée par le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, l’assemblée était constituée de l’ensemble des pouvoirs publics – État, Région, Département, mairies…- mobilisés sur la reconstruction suite aux inondations de début novembre.
” Il nous reste beaucoup de réponses à apporter, a annoncé François Decoster, le maire de Saint-Omer, à l’issue de la réunion. Nous avons montré que la mobilisation présente pendant le mois de novembre se poursuit avec méthode pour pouvoir donner les réponses les plus concrètes et opérationnelles possibles aux communes sinistrées. “ Sur sa propre ville, l’édile compte 7 millions d’euros de dégâts, sur du bâti mais également des routes, à l’instar des chemins du marais de Lyzel, restés très endommagés. ” C’est sur notre commune que l’eau est restée le plus longtemps : trois semaines au total “, rappelle-t-il.
Parmi les 265 communes du Pas-de-Calais reconnues en état de catastrophe naturelle, pour les seuls bâtiments publics, les dégâts sont estimés à 51 millions d’euros. Auxquels s’ajoutent 50 millions d’euros de dégâts sur le réseau routier, d’après le conseil départemental, chargé de son entretien.
Concernant les particuliers, 14 000 dossiers ont été ouverts auprès des assurances, dont 10 000 ont nécessité la visite d’un expert. Dans 98 % des cas, l’expert est déjà passé. Pour le reste, Franck Levallois, directeur général de France Assureurs, s’engage à ce que la totalité des visites soient réalisées avant la fin du mois de décembre. Les passages des experts ont été suivis par le versement d’acomptes, d’en moyenne 2 600 euros, pour couvrir les ” frais d’urgence “, explique Franck Levallois. Cette ” mobilisation exceptionnelle “ du secteur – que le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, avait appelé à ” ne pas pinailler “, lors d’une visite à Saint-Omer fin novembre – a été permise par l’assouplissement du temps de travail des experts, le recours aux expertises en visio et la “ fluidification ” des procédures, notamment pour les sinistres les plus petits, dont les victimes ont été exemptées de visite d’expert et indemnisées directement.
Également, 150 demandes de relogement ont pour le moment été traitées. D’autres sont attendues, car nombre de sinistrés victimes des inondations étaient hébergés chez des proches dans l’attente de l’expertise. ” Maintenant que les visites ont été réalisées, il va falloir traiter du sujet du relogement dans le temps et trouver des solutions pérennes “, qui répondent aux contraintes des sinistrés, à savoir la proximité de l’école et du travail, rapporte le préfet du Pas-de-Calais. L’idée a été émise, entre autres, de ” mobile home dans le jardin “.
En théorie, dès la visite de l’expert, les travaux peuvent débuter. Dans les faits en revanche, l’hiver complique les choses. Sur la voie publique, ” les ouvrages restent fragilisés. Nous pouvons avoir des phénomènes de gel dans les semaines à venir, il n’est pas question d’engager les travaux “, insiste Jacques Billant. Idem en ce qui concerne les habitations privées : ” Nous n’avons pas de visuel complet sur la fragilisation de la fondation des maisons. C’est une attention qu’il faudra porter : là aussi, le gel peut avoir des conséquences… Il reste tout un travail à mener, les assureurs ont attiré l’attention sur les suivis dans le temps qu’il faudra réaliser “, poursuit le préfet du Pas-de-Calais.
Il sera donc nécessaire d’attendre le printemps pour obtenir un diagnostic précis des travaux à engager. Le risque étant que l’ensemble des reconstructions aient lieu simultanément et que la main-d’œuvre et les matériaux viennent à manquer. ” Nous l’avons déjà vécu après la tornade de Bihucourt (à l’automne 2022, ndlr), où nous avions eu des difficultés à mobiliser les entreprises de reconstruction “, témoigne Jacques Billant. Il admet que, cette fois, les entreprises du Pas-de-Calais et de la région ” ne suffiront peut-être pas “. Un travail est en cours, avec l’État, afin de mobiliser les entreprises au niveau national.
Conclusion de la réunion : beaucoup, finalement, reste à penser et à faire. “C’est un travail de longue haleine”, admet le préfet du Pas-de-Calais. Les prochains rendez-vous de ce comité exceptionnel sont d’ores et déjà fixés : ils auront lieu les 9 janvier et 25 janvier prochain, à Saint-Omer.
Marion Lecas
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