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Causes de ces inondations, mois à venir, pollution, anticipation… L’hydrogéologue Barbara Louche revient sur les multiples questions qui se posent, un petit mois après les inondations survenues à l’automne 2023 dans le Pas-de-Calais et le Nord.
Barbara Louche : Je ne connais pas l’état de toutes les nappes de la région, mais par exemple, à Frencq, au niveau de la Canche, on a eu une remontée de la nappe de la craie de 30 mètres. C’est énorme. D’habitude, entre le niveau de la nappe le plus haut et le plus bas, il y a 15 à 20 mètres, et la transition se fait en six mois. Là, ça s’est fait en une à deux semaines.
Oui. Il a plu énormément. C’est une pluie centennale. Soit cette quantité d’eau est absorbée parce que la nappe est réactive et le niveau d’eau va alors remonter dans le sous-sol. Soit cette pluie va arriver sur des terrains imperméables et très pentus. C’est le cas de la Liane par exemple. Et là, cette eau ne va pas pouvoir être absorbée, donc elle va être stockée, et avec les pentes, elle ne va plus pouvoir s’écouler…
La topographie, la nature des terrains aussi. Dans les Flandres, par exemple, vous avez de l’argile, donc il n’y a pas d’infiltration. Dans les limons, aussi, l’infiltration est faible. Puis ça dépend de la fracturation du sol.
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Oui. Le niveau des nappes va se rééquilibrer naturellement, mais s’il est déjà haut et que de nouvelles précipitations arrivent, il va y avoir de nouvelles inondations. En revanche, si ce sont des pluies fines qui arrivent, ça va se stabiliser petit à petit. Cela dépend donc du volume des précipitations et, aussi, du type de terrain.
Quand il y a des quantités d’eau comme celle-ci, l’eau va ruisseler sur les terrains imperméables et sur les terrains perméables lorsqu’ils sont saturés en eau. En ruisselant, elle va transporter avec elle tous les polluants et les éléments qui sont à la surface du sol. Tous ces polluants des diverses activités humaines vont se retrouver entraînés avec l’eau qui ruisselle et s’infiltrer ensuite dans les nappes.
Il y a des polluants qui vont réagir comme l’eau, d’autres vont être stoppés dans la partie superficielle du sol comme les métaux lourds. En fonction du type de polluant, tous n’arriveront pas à la nappe et tous n’auront pas la même réaction. Donc c’est difficile et délicat de répondre à ce type de question.
C’est compliqué de donner un état qualitatif des nappes à l’heure actuelle. On le verra en suivant l’état des nappes au fur et à mesure. Se prononcer aujourd’hui est difficile.
Il y a des suivis qui sont effectués et sont consultables. Encore une fois, en fonction de la géologie des terrains, on n’aura pas les mêmes réactions. Pour faire simple, ça va dépendre de la profondeur de la nappe et de la couverture protectrice au-dessus. Mais faisons un état des lieux et voyons ce qu’il y a eu, avant de faire des pronostics.
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Aujourd’hui, quand on dimensionne les réseaux de gestion d’eau pluviale, on fait de plus en plus un travail sur des périodes de retours de plus de 20 ans mais, avant, on ne le faisait pas. Donc, c’est sûr qu’il va falloir revoir un petit peu le tracé des zones inondables et, peut-être, construire ailleurs.
Aussi, quand on regarde les prévisions climatiques, elles vont vers des étés plus chauds et des moments pluvieux avec une pluviométrie plus intense, ce qui ne va pas arranger les choses. Ce ne sont que des prévisions, je ne suis pas météorologue, mais si les périodes de sécheresse augmentent et les périodes de pluie diminuent mais avec des intensités plus importantes, ces phénomènes vont être de plus en plus communs on va dire.
Propos recueillis par Kévin Saroul