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Le Pas-de-Calais panse ses plaies après les inondations historiques de novembre. Les élus locaux, eux, tentent de penser l’avenir face au dérèglement climatique et à la récurrence des aléas comme les crues soudaines.
« Jamais, depuis que Météo-France fait des relevés, la pluviométrie n’avait été aussi importante dans notre département sur une si courte période. Partout, nous avons assisté à des scènes de désolation et la détresse au sein de la population est profonde. » Avec ces mots forts, Jean-Claude Leroy, président du Conseil départemental du Pas-de-Calais, a lancé les débats, face à l’assemblée d’élus ce 4 décembre, à Arras.
Suite aux inondations qui ont touché 262 communes, place à la reconstruction. Le coût de la remise en état des villages et de leurs infrastructures (services, écoles, routes…) amène l’institution départementale à réorienter son budget 2024. « Nous devons prioriser nos actions pour soutenir les sinistrés, souligne Daniel Maciejasz, vice-président en charge des finances. À lui seul, le coût de la remise en état de la voirie est estimé à 50 millions d’euros. »
« Nous n’en sommes qu’au début des constats et des conséquences de ces inondations, les besoins vont être très importants, poursuit Jean-Claude Leroy. Le réassureur CCR, qui est le gestionnaire du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, a évalué le coût des inondations à 1,5 milliard d’euros ; une première évaluation qui risque de s’alourdir fortement. »
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Pour l’heure, un fonds d’urgence de 10 millions d’euros a été voté par l’assemblée départementale, destiné aux communes et aux franchises des assurances cofinancées avec la Région (1 517 dossiers à ce jour).
L’État a également annoncé un soutien d’urgence de 50 millions d’euros, par la voie d’Emmanuel Macron, venu constater la situation sur le terrain. « C’est un premier geste comme le Président l’a lui même indiqué et il faudra qu’il perdure tant pour les réparations que pour les investissements d’avenir », a déclaré Jean-Claude Leroy.
La majorité des élus a appelé à accélérer les efforts pour lutter contre les crues et le ruissellement. « Nous avons vécu un évènement exceptionnel. Malgré nos partenariats avec les agriculteurs pour la gestion des fascines et des fossés, ces travaux ont été submergés, explique Alain Méquignon, vice-président en charge de la ruralité et de l’agriculture. Il est indispensable de travailler à nouveau sur chaque parcelle. Agir là où l’eau tombe et s’infiltre est la première des priorités. »
À l’échelle des Hauts-de-France, 250 millions d’euros d’investissement ont été consacrés au cours de ces dix dernières années en matière de prévention et de lutte contre les inondations. « Il est désormais temps de faire plus et, sans doute différemment », lance Jean-Claude Leroy.
« Il y a urgence à ce qu’on se pose tous autour de la table pour trouver des solutions, insiste Blandine Drain, vice-présidente en charge des collèges. Je pense notamment aux zones les plus basses des territoires. » Ainsi, le président du Conseil départemental a proposé aux élus, et proposera à l’ensemble des acteurs de l’eau du Pas-de-Calais, la création dès 2024 d’une conférence permanente sur le sujet.
« Il est tout à fait essentiel que tous les acteurs opérationnels à l’échelle du département puissent se parler régulièrement et agir de concert, conclut Jean-Claude Leroy. Le Département a notamment la compétence pleine et entière de l’aménagement foncier. Celle-ci pourrait tout à fait nous conduire à définir un plan de requalification paysagère prenant en considération la lutte contre les inondations. »
Simon Playoult