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Dominique Paccou, directeur de Reso, répond à nos questions sur les enjeux de l’emploi et de l’insertion.
Reso, ce sont trois outils pour les entreprises : le service de remplacement, le groupement d’employeurs et le Geiq insertion et qualification, créé en 1997. Il vise à former jeunes et moins jeunes sur des métiers, et plus précisément sur des postes. Nous sommes partis du constat que des gens avaient envie de se diriger vers l’élevage, l’outillage… sans savoir comment faire. Nous intervenons beaucoup en réorientation mais pas seulement, l’idée générale est d’optimiser la formation pour que les salariés soient opérationnels. Pour ça, le plan de formation est réalisé avec le chef d’exploitation, bien souvent la formation se fait au sein même de l’entreprise afin d’ajuster au mieux envie des candidats et besoins des entreprises.
Nous avons accompagné une cinquantaine de personnes en 2021, une vingtaine en 2022 et nous en sommes actuellement à ce chiffre pour cette année. Tous les secteurs sont potentiellement concernés, tous souffrent de pénurie de main-d’œuvre. Nous avons, par exemple, formé de nombreux agents de teillage pour une entreprise dont la pyramide des âges a vu beaucoup de salariés partir à la retraite en même temps : nous avons monté une formation avec l’Afpa. Ça vaut pour le conditionnement ou la transformation de légumes, la conduite de ligne… Tout ce à quoi les formations trop généralistes ne préparent pas forcément. Il y a beaucoup de demandes pour l’élevage, aussi.
Il n’y a pas de profil type mais on peut compter une majorité de 25-35 ans, avec de plus en plus de reconversions. Environ 10 % de filles. Il s’agit de personnes plus ou moins éloignées de l’emploi, l’important est le profil de la personne et son envie : nous établissons avec elle le projet le plus cohérent et nous l’aidons à lever les freins à l’emploi (mobilité, posture professionnelle à revoir parfois), nous intervenons généralement après les ACI (ateliers et chantiers d’insertion, lire ci-contre, ndlr). Nous veillons aussi à rester en accord avec la réalité du terrain : en Flandre maritime, on sera plutôt sur de la conduite ; en Flandre intérieure, sur de l’élevage ; sur la métropole lilloise, un mix de tout ça, avec du maraîchage en plus.
Pour tout métier, l’important est de trouver un sens à ce qu’on fait. C’est ce qui permet d’aller travailler avec plaisir, d’aller faire ce qu’on aime et pas d’aller faire ses heures. Chacun trouve un sens là où il veut. Nous avons énormément de passionnés, mais tout le monde ne peut pas l’être. Le minimum est d’être à l’heure, discret, et d’aimer le relationnel. On sera souvent sur des petites structures, des exploitations familiales où le salarié travaillera, discutera, mangera avec le chef d’entreprise. C’est très différent des grosses structures et ça permet de démystifier l’idée du méchant patron. En cassant les barrières ; en étant reconnu comme un individu et pas comme un numéro ; en voyant son travail salué et l’importance de ses missions reconnue, le salarié peut évoluer, s’épanouir et se stabiliser.
Justine Demade Pellorce
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