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Planter un slip. Pas banal pour un agriculteur, aussi ouvert soit-il.
C’est pourtant le très sérieux test proposé depuis quelques années maintenant et déployé cette année dans le cadre du programme de maintien de l’agriculture en zones humides (PMAZH) mis en place en 2013 dans le Nord-Pas de Calais et qui regroupes plusieurs partenaires : l’Agence de l’eau, les parcs naturels régionaux (ici celui de Scarpe Escaut), la chambre d’agriculture ou encore Avenir conseil élevage.
« L’objectif est de maintenir l’élevage sur ces territoires en valorisant les prairies », pose Zoé Lelong, conseillère en productions animales à la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais qui précise le double enjeu : concilier viabilité économique et préservation de l’environnement.
Pour ce, un accompagnement technico-économique de la chambre d’agriculture mais aussi de partenaires comme Avenir conseil élevage, le suivi individuel ou collectif, la mise en place d’actions. Nouveauté cette année, et qui a vocation à être reconduit annonce la conseillère : le test du slip. « Nous accompagnons dix agriculteurs installés dans l’une des zones humides couvertes par le programme*. Beaucoup d’entre eux connaissent le principe du test et réagissent avec curiosité », dévoile Zoé Lelong. Une dizaine d’autres le sont de leur côté par Avenir conseil élevage. Car ce test, par son aspect ludique et très visuel, est avant tout une porte d’entrée vers une analyse plus fine de la qualité des sols.
Alors de quoi s’agit-il ? Il s’agit de mettre en terre un slip blanc en coton biologique aux alentours du 15 avril (la température du sol doit être égale ou supérieure à 5 °C pour qu’il y ait un minimum d’activité biologique) et de le déterrer trois mois plus tard afin de constater, à l’œil, son état de dégradation et par conséquent la vitalité biologique du sol.
Plus le slip sera dégradé, plus on pourra conclure que le sol est bien vivant. À défaut, il sera intéressant de pousser en effectuant d’autres analyses plus quantitatives (test bêche, test de profil, comptage des vers de terre, analyses physico-chimiques…).
Lire aussi : Sol : Diagnostiquer sa structure et sa qualité biologique
Pourquoi un slip ? « Parce qu’il comporte un élastique qui ne se dégradera pas en cas de disparition complète du tissu. Il faut un slip en coton biologique pour ne pas aller polluer la terre et parce que le coton contient 95 % de cellulose très bien décomposée par les bactéries du sol », précise la conseillère consulaire.
Il faudra creuser à la bêche un trou d’environ 10/15 cm de profondeur, déposer le slip à plat puis remettre la motte de terre telle quelle afin de perturber au minimum l’activité. Des repères (piquets, jalons) pour retrouver le slip trois mois plus tard et le tour est joué.
Au déterrage, on observera l’état de dégradation, la couleur, les trous. Moins il restera de slip, plus l’activité aura été intense.
D’autres, plus timides peut-être comme le GIEE Agreau’Logic, ont opté pour un tee-shirt en coton mais le principe est le même. Les tests se font généralement au printemps, où l’activité biologique est la meilleure, mais on peut aussi envisager de le reproduire à différentes saisons pour comparer l’activité sur une même parcelle.
Sur le territoire Scarpe-Escaut, deux éleveurs accompagnés par la chambre d’agriculture se sont lancés cette année. Deux autres ont fait la même démarche, accompagnés par Avenir Conseil élevage. Même philosophie pour Sophie Gruner, conseillère bovins, qui voit aussi le test du slip comme « un outil de communication » qui doit s’accompagner, dans l’idéal, d’autres démarches plus mesurables.
Dans tous les cas, c’est le projet de l’éleveur qui détermine la stratégie : on pourra comparer des parcelles aux rendements différents, s’intéresser aux différentes saisons ou encore aux conséquences sur les sols d’un pâturage bovin versus un pâturage équin…
Après le déterrage du slip qui permettra de constater l’activité biologique et les éventuels autres tests, Avenir conseil élevage envisage une restitution en fin d’année, « ouverte à tous les éleveurs », dit Sophie Gruner qui estime que « c’est là que le test du slip devient intéressant car c’est très visuel ».
Justine Demade Pellorce
*Le PMAZH se déploie sur la basse vallée de la Slack, le marais audomarois, la moyenne vallée de la Somme, la plaine maritime picarde, les prairies de l’Avesnois ainsi que la plaine Scarpe Escaut.
Plus d’infos : s.gruner@a-cel.fr ou zoe.lelong@npdc.chambagri.fr