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Lors de la journée de restitution du projet « Eau, sol biodiversité » mis en œuvre par la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais et le parc naturel régional Scarpe-Escaut à Bellaing (59), Pierre Mortreux et Laurent Salmon, conseillers de la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais, ont fait la démonstration de quelques tests simples à effectuer par les agriculteurs pour évaluer la structure et la qualité biologique de leur sol, à savoir le test bêche, le mini-profil 3D et la tige pénétrométique.
Ces observations doivent, avant toute chose, être idéalement réalisées sur « un sol bien humecté, ni sec ni gorgé d’eau, et sans gradients d’humidité pour la méthode tige », explique Pierre Mortreux.
Il n’y a pas d’horaire ou de période particulière à cibler. Cela déprendra surtout des bonnes conditions de sol et des objectifs visés. Si la culture est implantée, ces diagnostics peuvent permettre de valider les techniques d’implantation. Si on se situe avant un semis, il faudra plutôt décider des besoins immédiats en termes de travail du sol, sachant qu’il peut aussi s’agir d’évaluer la qualité de son sol suite à des chantiers de récolte lourds, au passage à l’agriculture de conservation des sols…
La méthode du test bêche consiste à prélever un bloc de terre à l’aide d’une bêche, comme son nom l’indique, afin d’établir un diagnostic rapide de l’état physique et biologique du sol.
Pour réaliser le test, il faut extraire, sans la remanier, une simple bêchée de 20 x 20 x 30 centimètres de profondeur.
Puis « on émiette à la main tout ce qui se délite facilement et on laisse intacts les blocs ou mottes plus résistants », indique Pierre Mortreux.
« Le principe consiste ensuite à examiner la taille et la porosité des mottes pour donner une note de structure allant de Sq1 à Sq5, et d’observer l’activité des lombriciens (galeries, déjections, ndlr) pour donner une note de “bioturbation” allant de B0 à B3. »
Des planches visuelles et des protocoles sont disponibles dans les guides réalisés par Agro-Transfert. L’action doit être répétée six fois sur une diagonale de 15 mètres de long pour 3 mètres de large, afin de « donner une note moyenne qui reflète la variabilité du sol ».
« Mais déjà, prendre sa bêche et regarder son sol, voir s’il est compact ou poreux, s’il est ressuyé en profondeur, si une dent ou un disque travaille bien, s’il y a ou non des galeries de lombriciens, c’est très bien, ajoute Pierre Mortreux. Il n’y a pas forcément nécessité de mettre une note. »
« Les vers de terre agissent sur la structure du sol sur le moyen terme (un à trois ans) par perforation et brassage de terre.
Le travail de l’agriculteur consiste à doser subtilement ses interventions de travail du sol et de gestion des matières organiques pour profiter au mieux des bénéfices de leur activité », indique Agro-Transfert dans son guide de la méthode.
Le test bêche permet ainsi de mesurer l’impact sur la structure et la qualité biologique du sol d’un changement de pratiques ou d’un couvert végétal, par exemple.
Et par la suite de savoir s’il est nécessaire de restructurer mécaniquement ce sol ? « Cela permet d’éviter de perturber un sol en bon état pour se contenter du minimum d’interventions mécaniques, ce qui peut aussi permettre un gain de temps et de charges de mécanisation. Beaucoup d’agriculteurs font un travail du sol profond par habitude et par sécurisation », observe Pierre Mortreux.
Le mini-profil 3D consiste à prélever un bloc de sol avec les palettes d’un chargeur télescopique ou d’un tracteur équipé d’un chargeur frontal.
L’objectif est « d’établir par observation un diagnostic de l’état structural du sol en un temps réduit », explique Agro-Transfert dans le guide consacré à la méthode.
« C’est équivalent, mais plus rapide et plus simple à lire qu’une fosse à la bêche ou à la mini-pelle », indique Pierre Mortreux.
Les deux palettes doivent avoir un espacement de 20 à 30 centimètres.
« Il faut extraire le bloc de terre de façon perpendiculaire aux passages des machines, afin de voir l’effet des passages de roues ou de dents, par exemple, continue Pierre Mortreux. C’est à faire au moins deux fois sur la parcelle. Si les résultats sont similaires cela suffit, sinon une troisième observation permettra de déterminer l’état dominant du sol. »
L’objectif va être d’identifier les différents horizons de travail du sol et leurs transitions, la porosité et les zones de compaction, la localisation et l’évolution des résidus, l’enracinement éventuel d’une culture ou d’un couvert, l’activité biologique… avec une vision du sol en deux voire trois dimensions beaucoup plus fine qu’avec le test bêche.
En complément au mini-profil 3D, la tige pénétrométrique permet « d’apprécier la résistance du sol en fonction de la profondeur, pour mettre en évidence les horizons de travail du sol ou les zones compactes, ainsi que pour prospecter rapidement la variabilité au sein d’une parcelle ».
Très simple, la méthode consiste à enfoncer une tige graduée de manière verticale sur au moins 50 à 60 centimètres pour identifier les différents paliers de résistance qui seront observés ensuite lors du mini-profil.
Une semelle peut en effet être bien régénérée par la fissuration ou par les galeries de vers de terre, et ne pas nécessiter d’intervention mécanique.
Kévin Saroul
Pratique : Les guides des méthodes sont à retrouver sur le site internet agro-transfert-rt.org
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