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Les inondations qu’a connues le territoire ces dernières semaines et la crise agricole ont eu raison de l’application de la nouvelle gestion de la ressource en eau pour les irrigants du Nord-Pas de Calais.
Pour rappel, en juin 2021, un décret était venu redéfinir les modalités des arrêtés-cadres sécheresse pris par le préfet pour limiter les prélèvements d’eau dans le milieu naturel lorsque les débits des cours d’eau et le niveau des nappes phréatiques deviennent insuffisants pour assurer l’ensemble des usages. « Sans cela, les seuils de déclenchement des alertes auraient été modifiés et cela aurait permis de déclencher plus rapidement les restrictions », a rappelé Gabriel Delory, président de l’association des irrigants du Nord-Pas de Calais. La gestion volumétrique devait donc venir remplacer la gestion horaire. « Ce n’était pas notre volonté, mais c’est la solution qui nous a été proposée la moins mauvaise à nos yeux », insiste Gabriel Delory.
La nouvelle réglementation devait s’appliquer dès cette année aux irrigants des bassins de la Lys et de l’Yser, avant d’être déployée sur l’ensemble du Nord-Pas de Calais en 2025. « Mais les récents événements ont retardé son application, elle a été mise en stand-by », a annoncé Jacques Blarel, directeur adjoint de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
Pour mettre en place cette nouvelle méthode, l’association des irrigants du Nord-Pas de Calais et la chambre d’agriculture s’étaient rapprochées de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire déjà soumise à cette méthode depuis plusieurs années et qui utilise un outil web dédié baptisé Irrig’eau. Des tests avaient été faits l’an passé notamment sur le bassin de la Lys.
Concrètement, en l’état actuel des choses, les irrigants devraient déclarer sur l’outil web les cultures irriguées qui génèrent un volume d’eau maximum prélevable par point de prélèvement d’ici le 31 mars. Les volumes feront l’objet d’une ventilation par quinzaine par agriculteur durant la période estivale. En cas d’arrêté sécheresse, les restrictions s’appliqueraient sur les volumes d’eau concernés. Tous les 15 jours, un relevé des compteurs doit être fait afin de suivre la consommation pour respecter ces éventuelles restrictions.
Si la gestion volumétrique est reportée à une date qui n’a pas encore été actée, les protagonistes veulent continuer les phases de tests : « Nous souhaitons poursuivre l’expérimentation de l’outil afin de continuer à l’améliorer et à l’adapter aux réalités du terrain », indique Aurore Vasseur, conseillère à la chambre d’agriculture.
D’autant que dans l’assemblée, les inquiétudes sur cette nouvelle méthode sont encore nombreuses : « Il faut déclarer les cultures irriguées par point de prélèvement, mais que se passe-t-il si la pompe du forage tombe en panne et qu’on doit prélever sur un autre forage ? », s’interroge l’un. « Les volumes sont-ils reportables s’ils ne sont pas utilisés ? », demande un autre. « Il ne faut pas avoir peur de l’outil, ce n’est pas un carcan, nous avons la main dessus », a tenté de rassurer le président des irrigants du Nord-Pas de Calais.
Hélène Graffeuille