Votre météo par ville

Coralie, victime des inondations à trois reprises, avant même d’emménager

25-01-2024

Actualité

Articles

Coralie Marquis a obtenu les clefs de sa maison à Blendecques le 1er juillet dernier. Après plusieurs mois de travaux, la famille avait posé ses meubles début novembre. Depuis, ils ont été victimes, à trois reprises des inondations. Après la tristesse place à la colère.

En novembre, l’eau est montée à 1,10 m au niveau de la maison de Coralie Marquis. Puis de nouveau à 1 m lors de la crue de janvier. © Coralie Marquis

Coralie et sa famille ont obtenu les clés de leurs nouvelle maison en juillet. Et depuis, leur logement a été touché trois fois par les inondations… « Quand Antoine m’a proposé de visiter la maison, j’ai d’abord eu peur. » Coralie Marquis, 32 ans, est née à Blendecques (62). Elle y a grandi aussi et se souvient de la maison de sa marraine, noyée sous 1,80 m d’eau. C’était en 2002, l’inondation de référence pour beaucoup dans la région. « Mais même cette fois-là, l’eau n’était pas arrivée jusqu’ici », rembobine la jeune mère de famille.

Une bâtisse qui n’avait jamais eu les pieds dans l’eau en 200 ans, classée en zone de très faible risque d’inondation dans un secteur sensible mais désormais aménagé de bassins de rétention et de bras de sécurité : Coralie est rassurée et dessine son rêve de foyer au début de la rue Salengro.

Avec Antoine Tartare, son fiancé, elle tient en main les clefs de son avenir le 1er juillet, leur fille a moins d’un an. Débute un vaste chantier : « Tout était à refaire ou presque, de la toiture aux murs en passant par l’électricité ou l’isolation. » La maison a été achetée 96 000 euros et les travaux – 60 000 euros – durent plusieurs mois durant lesquels la famille continue d’habiter sa location. L’emménagement est programmé pour la fin novembre.

« C’est dur psychologiquement »

Tout début novembre, le premier étage est terminé et les premières affaires stockées. Trois jours plus tard, l’eau monte une première fois. « Nous sommes le 6 novembre et l’eau monte de 30 cm, inondant le hangar et le jardin. Elle arrive à la porte mais n’entre pas dans la maison », et comme « les gens de la mairie » la rassurent sur le caractère exceptionnel de la crue, la famille continue à avancer.

« Quelques jours avant le 11 novembre, nous recevons la cuisine créée sur mesure, tout l’électroménager, les meubles du rez-de-chaussée », liste Coralie. Et ce 11 novembre, c’est la deuxième crue de l’Aa à Blendecques : l’eau monte à 1,10 m cette fois dans la maison, tout est fichu.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir vu l’eau dangereusement approcher du bord du bras de sécurité qui passe devant la maison, d’avoir rappliqué en urgence, patron et collègues d’Antoine en tête au volant d’un camion chargé de palettes. « Ils ont monté quelques meubles, surélevé les appareils sur huit palettes, soit un mètre de hauteur », raconte la jeune femme alors en début de sa deuxième grossesse. Elle, était « à la maison, avec la petite, en train de déballer les affaires » et se retrouve chez ses beaux-parents, à Helfaut à quelques kilomètres de là, à se relayer avec son fiancé pour aller voir la maison, toutes les heures. « Les pompiers nous avaient demandé d’ouvrir le portail car les deux rivières (l’Aa et le bras de sécurité) allaient se rencontrer chez nous. »

Quand ils peuvent enfin aller jauger les dégâts après 48 heures, le doute n’est pas permis longtemps : la baie vitrée est grand ouverte, le système de fermeture a été arraché par la force de l’eau montée jusqu’aux châssis des fenêtres. « Et d’une telle puissance que les tours de palettes ont été renversées : tout est à l’eau. Il y avait plein de boue. Et cette odeur ! »

Coralie Marquis se dit « inconsolable » depuis ce deuxième épisode. Elle raconte comment sa fille, âgée de 18 mois, « ne fait plus ses nuits depuis », comment la petite « facile à vivre » est devenue « grincheuse ». En souffrance, pense celle qui se sent incomprise par les « vous êtes vivants », « ce n’est que du matériel » qu’on oppose à sa détresse.

La culpabilité d’abord, d’avoir fait le mauvais achat. Le sentiment de trahison aussi, parce que tout le monde lui disait qu’elle ne risquait rien. Enfin, celui d’abandon. « Ce n’est pas seulement matériel, c’est dur psychologiquement », prévient celle qui a rejoint l’association tout juste créée Blendecques sinistrés, « par besoin d’être entourée de gens qui vivent ce que je vis ».

L’eau est remontée par les canalisations

Après la première vague d’inondation, la famille veut encore y croire, estimant que « c’est une étape », que « ça fait partie des choses de la vie » et que, surtout, c’est tellement exceptionnel, puisqu’inédit, que ce n’est pas près de se reproduire. « Et nous avons tout racheté, à commencer par le poêle à granules – 5 500 euros -, notre principal moyen de chauffage, afin de mettre la maison en chauffe pour faire sécher les murs », explique Coralie qui précise attendre toujours les retours des assurances et avoir dû avancer chacun des frais engagés.

« On s’est motivés, on a tout nettoyé, démonté tout ce qui était abîmé et racheté les matériaux permettant de refaire les parties des murs endommagés, le placo était à refaire sur 1,50 m de haut. Puis on avait redescendu les meubles. » Tout ça au mois de décembre, en vue d’intégrer enfin cette maison tant promise.

« Et le 4 janvier, l’eau se remet à monter. Antoine était en déplacement professionnel et je vais avec mon beau-père essayer de protéger la maison », relate Coralie Marquis qui surélève de nouveaux des choses et essaie surtout de bloquer la porte vitrée pour qu’elle retienne l’eau au mieux. « Ça a marché à peu près et on a limité la casse mais l’eau est remontée par les canalisations, sur un mètre de haut : une eau encore plus sale, plus boueuse et plus puante. »

« Qui nous dit que nous serons à l’abri ailleurs ? »

La jeune femme s’offusque qu’un nouvel épisode ait pu avoir lieu, estimant qu’en deux mois des choses avaient pu être mises en place et regrettant amèrement que les pompes, installées en novembre, aient été renvoyées si vite, « parce que l’État ne voulait pas payer », croit-elle savoir. « Là ils ont accepté de payer jusqu’au printemps, mais c’est un peu tard », euphémise la propriétaire en colère.

Bilan de la crue de janvier : « On a tout perdu de nouveau, il faut re-refaire les murs et pour ça attendre le troisième passage d’expert. À ajouter à notre travail (Coralie est auxiliaire de vie à domicile, ndlr), aux dossiers à compléter, aux déclarations à faire et aux coups de fil à passer, encore et encore », explique la jeune maman qui avoue que sa grossesse passe au second plan et que le couple subit ce stress quotidien.

Sont-ils d’accord sur la suite ? « C’est difficile », commence Coralie. « On l’aime cette maison et on y avait des rêves. Et si on part, qui nous dit que nous serons à l’abri ailleurs, quand 300 villages ont été impactés. J’ai des amis qui ont été inondés à Serques, à Delettes, Éperlecques ou à Bayenghem-lès-Seninghem ; des cousins à Saint-Omer ou Arques. Elle est où la sécurité ? », lance la jeune femme sans attendre de réponse.

Elle, pense qu’il faudrait lancer « de vrais travaux », et que « les pompes fassent partie de nos villes ». « Il faut qu’ils se bougent, tous autant qu’ils sont. On arrive bien à trouver des millions pour les pays en guerre, on peut bien trouver ce qu’il faut pour s’occuper de nous », tempête Coralie Marquis qui se dit en colère. « Rien ne bouge. Ils ont parlé d’embaucher 300 experts pour faire avancer les dossiers d’assurance et réduire les délais, mais on ne voit toujours rien venir. Ce n’est pas normal de galérer autant. » 

Lire aussi : Inondations : à Arras, Christophe Béchu a multiplié les annonces

Lire aussi : Dossier : Retour sur les inondations qui frappent le Nord-Pas-de-Calais

Justine Demade Pellorce

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Dossier Énergie 2024
Terres et Territoires vous propose un dossier Énergie de 2024. Biomasse. Les avantages du bois selon Ingredia Les chaud [...]
Lire la suite ...

Géothermie : le petit poucet du renouvelable
Rev3, pour troisième révolution industrielle dans les Hauts-de-France, accompagne l'essor des énergies renouvelables. [...]
Lire la suite ...

Inondations : l’association Re-création redonne espoir aux habitants de Frencq
À Frencq, dans le Pas-de-Calais, l'association Re-création, fondée après les inondations de l'hiver 2023, aide la co [...]
Lire la suite ...

Comment est fabriqué le vinaigre de cidre ?
Avec Terres et Territoires junior, nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. [...]
Lire la suite ...

Une journée test pour les farines paysannes
Le réseau Initiatives paysannes a organisé une journée de panification au fournil Saint Casimir, à Vaudricourt. Obje [...]
Lire la suite ...

En boulangerie, la résistance des artisans s’organise
Entre hausse des coûts, difficultés de recrutement et concurrence industrielle, les boulangers du Nord et du Pas-de-Ca [...]
Lire la suite ...

Nord-Pas-de-Calais : le calendrier 2024 des dates et consignes de collecte est disponible !
Celles-ci se dérouleront les 5 et 6 novembre prochains pour le Nord et le Pas de Calais. La Chambre d’agriculture [...]
Lire la suite ...

Pourquoi la rivière de la Ternoise a été reméandrée ?
La Ternoise, affluent de la Canche, a été reméandrée à hauteur de la commune d'Huby-Saint-Leu. Si au départ l'ambi [...]
Lire la suite ...

Dunkerque et son port à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025 !
Dunkerque et son port représenteront la France lors de la quinzaine thématique du Pavillon France intitulée « Ville [...]
Lire la suite ...

Téléchargez les mesures prises dans votre arrondissement suite aux inondations
Onze mois après les violentes inondations dans le Pas-de-Calais, Thomas Degos, préfet délégué en charge de la gesti [...]
Lire la suite ...

Innovations alimentaires : qu’est-ce qu’on mange demain ?
Food Creativ récompense les produits agroalimentaires innovants créés dans la région. La remise des prix a eu lieu l [...]
Lire la suite ...

DOSSIER : Gestion des eaux et environnement
Explorez les solutions durables pour la gestion de l’eau, la prévention des inondations et la protection de l’envir [...]
Lire la suite ...

Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Rochemara : des savons solides, mais surtout solidaires
L'Esat de Rocheville, basé à Croix, a lancé sa propre marque de savons solides baptisée Rochemara. Une fierté, auss [...]
Lire la suite ...

Numéro 391 : 15 novembre 2024

Innovation : TerraGrow, un logiciel de gestion tout en un
À 22 ans, Pierre Wironis et Charles Terrey ont lancé leur propre logiciel de gestion à destination des agriculteurs. [...]
Lire la suite ...

Mercosur : Pourquoi les agriculteurs sont contre ?
Depuis lundi, la FNSEA et les JA, se mobilisent et montrent leur désaccord avec le possible futur accord de libre-écha [...]
Lire la suite ...

Dis, comment on cultive les pommes de terre ?
Avec Terres et Territoires junior nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. C [...]
Lire la suite ...

Violences faites aux femmes. L’accueil inconditionnel de toutes les femmes victimes
Le 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites a ux femmes. Parce qu'elles sont [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires