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Le 5 octobre 2023 lors du congrès de l’AMR59, Dominique Faure a écouté les revendications des maires ruraux du Nord, comme le besoin de simplification de la fonction. Puis elle a échangé avec eux pendant plus de deux heures.
“On sent bien quelqu’un de motivé et de volontaire. […] Je tiens à vous féliciter de vos propos et de votre engagement, mais je voudrais revenir à un peu plus de réalité de terrain.” Les premières phrases de Serge Siméon, le maire du Cateau-Cambrésis, ont donné le ton, lors du congrès des maires ruraux du Nord (AMR59) à Beauvois-en-Cambrésis. Ils étaient nombreux à s’être réunis à La Fabrique. Christian Poiret, président du Département, était là. La secrétaire générale de la préfecture du Nord, Fabienne Decottignies, aussi.
Beaucoup avaient un message à faire passer. Face à la ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, Serge Siméon a insisté longuement sur la complexification de la fonction. “Actuellement, les maires subissent des transferts de nombreuses charges de bureaucratie et de technocratie de la part des services de l’État, a-t-il dénoncé. […] Je crois qu’il nous faut simplifier les démarches administratives.”
Élu depuis 2001 à la tête de sa commune, Serge Siméon a insisté sur la dégradation, selon lui, des conditions d’exercices des maires depuis plusieurs années. “Ça ne s’arrange pas pour les maires. Les mails, les lettres, les indications, les contraintes…”
Et plutôt que de parler de soutien, l’élu explique vouloir parler simplement de partenariat réel et efficient. “Que l’on ait un seul référent au niveau de l’État, quel qu’il soit, pour suivre un projet. Et non pas demander aux élus d’aller porter les projets dans les différentes administrations. Ça, c’est pour moi une administration qui doit être révolue. Il faut identifier quelqu’un.”
Marie Cau, maire de Tilloy-lez-Marchiennes, ne disait pas l’inverse, loin de là. Elle évoquait des “injonctions contradictoires”, des “tracasseries”. De quoi lui faire baisser les bras : “Je vais certainement démissionner et reprendre mon activité professionnelle.” L’élue a été fortement applaudie et a réclamé également la création d’un équivalent au poste de directeur ou directrice générale des services pour les petites communes.
“Je suis attachée à ces sujets, aux conditions d’exercice du mandat d’exercice local et à la question du statut de l’élu”, a répondu la ministre de la Ruralité, assurant qu’elle travaillait à ce sujet avec son cabinet et les administrations de l’État. Dominique Faure a notamment évoqué les 35 propositions de la part des maires sur le statut de l’élu.
Interrogée après les échanges sur ce fameux choc de simplification demandé par les édiles – une musique lancinante qui revient depuis de nombreuses années -, elle explique en être consciente : “J’ai identifié 180 irritants que rencontrent les maires dans leur vie au quotidien. J’ai déjà environ 150 solutions pragmatiques pour essayer de lever ces irritants.”
La ministre évoque ainsi l’histoire du système politique français et l’héritage de plusieurs décennies de législation pour expliquer ce besoin de simplification. “Le poids des normes est incroyable, ça coûte au pays plusieurs milliards d’euros. On l’a évalué, on s’y attèle avec l’AMRF, mais aussi avec l’AMF (Association des maires de France, ndlr) pour essayer de véritablement simplifier encore plus. On l’avait annoncé, on l’a un peu fait. Mais entre-temps, le Parlement nous porte des textes et ça augmente la complexification. Mais j’ai bon espoir que d’ici la fin de l’année, on ait simplifié un certain nombre de sujets qui sont des irritants chez les maires.”
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Kévin Saroul