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Le chantier du canal Condé-Pommerœul, près de Valenciennes, touche au but. Selon Voies navigables de France (VNF), des bateaux pouvant transporter jusqu’à 3 000 tonnes de marchandises pourront emprunter fin 2023 la voie navigable.
Elle avait été fermée en 1992 à cause d’un envasement massif. Mais, une décennie plus tard, l’idée de rouvrir le canal avait été évoquée. Il a pourtant fallu des années de négociations et d’autorisations avant le début des travaux en 2016. Leur coût total est passé, entretemps, de 10 millions estimés à 80 millions d’euros au final, financés à parts égales par la Région Hauts-de-France, la Région wallonne (Belgique) et l’Union Européenne.
« Il ne restait que quelques centimètres de profondeur », relève Manuel Philippe, en charge du chantier pour VNF, le maître d’ouvrage. 1,3 million de mètres cubes de sédiments ont été dragués et 440 000 hectares de terres franches ont été terrassés selon l’établissement public.
« Il a fallu désenvaser et remettre en navigation 6 kilomètres de canal », dont 500 mètres sont administrativement en Belgique, entre Condé (jonction avec l’Escaut) et Pommerœul (canal Nimy-Blaton-Péronnes en Belgique).
Bref, un chantier d’envergure qui a été notamment retardé par la découverte de traces du passage d’un castor européen en 2021, une espèce protégée. Celle-ci a nécessité l’arrêt momentané du chantier pour la création d’espaces de préservation. Un « pari réussi », selon Manuel Philippe.
Concrètement, la remise en navigation du canal Condé-Pommerœul va recréer une liaison directe entre les réseaux français et belge à grand gabarit. Ce canal va faire gagner « une demi-journée, voire une journée de navigation, ce qui est non négligeable », explique Manuel Philippe. Il évite en effet un détour aux bateaux.
Autre argument en faveur du projet : l’impact financier du canal pour le territoire. VNF évoque d’abord le développement de l’hinterland (la zone d’influence et d’attraction économique d’un port) du grand port maritime de Dunkerque.
Mais également celui des ports fluviaux intérieurs à l’image du port de Bruay-sur-Escaut, « troisième terminal de France derrière Paris et Strasbourg », selon son patron, Gilbert Bredel. « La richesse du Valenciennois, c’est sa navigabilité » rappelle d’ailleurs le sous-préfet de Valenciennes, Guillaume Quenet.
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Renaud Spazzi, directeur général adjoint des Voies navigables de France, est sur la même longueur d’onde : « Le Nord-Pas de Calais est un réseau traditionnellement important et dynamique. Pour nous (VNF, ndlr), c’est une région à gros enjeux d’aménagement et de développement. » « On est au cœur du monde », renchérit Olivier Matrat, directeur territorial. Ce dernier parle même d’« autoroute fluviale ».
Tous font référence au projet Seine-Escaut, dont le chantier du canal Condé-Pommerœul est l’un des plus avancés.
En 2022, 8 milliards d’euros de marchandises ont été transportés sur le bassin de navigation nordiste, indique Olivier Matrat. Selon VNF, sur ce même bassin, avec Seine-Escaut, le trafic fluvial sera multiplié par deux ou trois selon les secteurs. Il est prévu pour être opérationnel en 2030.
L’allongement de l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle a débuté
C’est un autre chantier d’envergure, celui de l’allongement de l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle, qui a débuté depuis quelques semaines. Trois ans de travaux sont programmés et le site devrait être mis en service en 2025 si tout se passe comme prévu. Cet allongement de l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle est « la clé d’un réseau cohérent et performant de navigation », indique Voies navigables de France, le maître d’ouvrage.
La raison des travaux est simple. Alors que toutes les autres écluses du réseau fluvial à grand gabarit du Nord-Pas de Calais ont une longueur utile de 144,6 mètres, l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle a une longueur limitée à 110 m. « Elle constitue un obstacle à la navigation des convois les plus importants et un goulet d’étranglement du trafic fluvial », explique VNF. L’allongement de l’écluse va permettre la navigation de bateaux et convois jusqu’à 143 m de longueur et ainsi « améliorer la performance économique des chaînes logistiques » et « contribuer directement à l’augmentation du transport fluvial » selon l’établissement public.
K. S.