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Depuis deux ans, la viande bovine des Hauts-de-France est au cœur des contrats tripartites de Lidl France. Pour renouveler ses engagements, la filière “Ch’ti bœuf” s’est réunie sur l’exploitation d’Emmanuel Deboudt à Ebblinghem (59) le 15 avril 2021. Celle-ci regroupe les éleveurs d’Elvea Hauts-de-France et Oise et la coopérative Cobévial, pour la partie production, Bigard pour l’abattage et la découpe et Lidl pour la distribution.
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Ce type de contrat fixe les prix de la viande achetée aux producteurs pour l’année qui va s’écouler. “Cette année le prix a été réévalué selon l’indice Ipampa pour couvrir les coûts de production, explique David Delrue, directeur secteur bovins à la Cobévial. Cette revalorisation est de 0,25 €/kg de viande pour arriver à 4,30 €/kg à partir de fin mai lorsque le contrat débutera.”
Une prime Lidl qui permet aux éleveurs de retrouver un peu de trésorerie et de mieux valoriser leur travail. C’est le cas d’Emmanuel Deboudt qui produit une trentaine de génisses charolaises pour Lidl depuis deux ans. “Je vends mes génisses à 4,05 €/kg au lieu de 3,70 €/kg, la prime Lidl n’est pas négligeable et cela m’a permis d’investir dans cet atelier et de valoriser mes prairies“, avoue cet ancien éleveur laitier. À ce jour, 280 éleveurs de Hauts-de-France vendent des animaux “Ch’ti bœuf”.
Pour obtenir ce niveau de rémunération, il faut que les génisses rentrent dans les critères du cahier des charges de Lidl. “Le poids des carcasses doit être compris entre 340 et 420 kilos, explique Guillaume Pedriel, directeur d’Elvea Hauts-de-France. La bête doit être conformée R, de race pure charolaise et de moins de dix ans.” Un poids carcasse assez léger donc, mais cette norme est imposée afin que Lidl puisse vendre de plus petits morceaux et jouer ainsi sur le prix des barquettes de viande. “Je vends mes bêtes à 14 voire 16 mois d’engraissement, explique l’éleveur. C’est parfois difficile de gérer cette partie car ces animaux ont de vrais potentiels génétiques.” Parmi les autres critères, “il faut également que l’éleveur respecte les règles de bonnes pratiques d’élevage qui passent par l’identification des bovins, le bien-être animal ou encore l’environnement.“
La viande qui correspond à ces critères est ensuite estampillée “Ch’ti bœuf” et investit les étals des magasins Lidl de la région Hauts-de-France. L’animal entier est alors valorisé. Cela représente 600 bêtes/an pour l’Elvea Hauts-de-France et autant pour ceux de l’Oise. Pour la Cobévial, 1 400 bêtes sont valorisées chaque année, ce qui représente 4 % de ses volumes. Lidl écoule 48 bovins chaque semaine. Cela demande d’avoir un vrai planning d’approvisionnement au niveau de l’abattoir Bigard à Fegnies (59). “Parfois, j’ai besoin d’argent ou la bête est finie, je l’enverrai bien à l’abattoir, reconnaît Emmanuel Deboudt. Mais il faut que j’attende mon tour, si je veux avoir ma prime.“
Un nombre de bêtes qui ne cesse d’augmenter tant la demande est présente. “Le problème c’est que l’équilibre carcasse de ces animaux n’est pas respecté, explique Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing de Lidl France. J’ai trop de viande hachée, les clients ne peuvent pas avoir une entrecôte Ch’ti bœuf à chaque fois qu’ils viennent au magasin. Il faut que je trouve des débouchés pour le haché pour pouvoir augmenter les volumes de bêtes contractualisées.” Dans les Hauts-de-France, dans les 150 supermarchés, 30 % de la viande bovine est labélisée “Ch’ti bœuf”, une part qui ne cesse d’augmenter.
Lucie Debuire