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Des entreprises totalement vides… Dès le début du confinement, les 22 teilleurs de lin français ont stoppé leurs chaînes de transformation afin de préserver la santé de leurs salariés face à l’épidémie de coronavirus.
La première semaine d’avril, dans les départements liniers – Seine-Maritime, Eure, Calvados, Somme, Oise, Aisne, Nord, Pas-de-Calais, Seine-et-Marne – aucun teillage n’avait repris ses activités.
Le Cipalin, comité interprofessionnel de la production agricole de lin, annonce même dans son dernier communiqué que les teilleurs n’envisagent pas de reprendre leurs activités à très court terme. “Dans le contexte de crise sanitaire actuel, il est très important que nos usines de teillage restent à l’arrêt durant toute la période de confinement”, souligne Marc Depestele, dirigeant du teillage du même nom.
Les stocks constitués au niveau national sont de 20 500 tonnes de fibres teillées au 1er mars 2020, soit 1,5 mois de production, souligne le Cipalin. Le retard pris depuis l’arrêt des teillages a inévitablement des conséquences sur le secteur agricole.
Pour 2020, une nouvelle hausse de plus de 15 % des surfaces emblavées par rapport à 2019 est pressentie, soit plus de 135 000 ha en France. Alors que la période de semis bat son plein, “seuls quelques ajustements peuvent être encore réalisés pour limiter cette forte croissance des emblavements” et ce report de stock de paille, note le Cipalin.
“Les liniculteurs peuvent notamment réduire les surfaces emblavées en laissant les fourrières nues de lin et les semer avec un autre couvert végétal (trèfle, moutarde…). Impérativement semées, ces fourrières pourraient alors être classées en SIE (surfaces d’intérêt écologique) et éligibles aux primes PAC, sous certaines conditions.”
À l’aval, l’économie mondialisée de la filière lin se trouve fortement touchée par la crise mondiale du coronavirus. Les filateurs, principaux clients des teilleurs, se trouvent en difficulté.
Si les filateurs chinois ont repris une activité partielle, “les filateurs indiens sont à l’arrêt à la suite des mesures de confinement décrétées par les autorités et entrées en vigueur en date du 25 mars”.
En Europe, les filatures polonaises, lituaniennes et italiennes sont soit à l’arrêt soit en activité réduite. “La filière du lin a traversé de nombreuses crises. Celle-ci, même si elle est inédite, nous mettra à l’épreuve mais nous la traverserons, grâce à notre résilience et aussi grâce à nos salariés, assure Pierre D’Arras, directeur du teillage Van Robaeys frères. Nous mettrons tout en oeuvre pour pérenniser les emplois et assurer le savoir-faire, lors de la reprise de l’activité.”
Simon Playoult