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Robotique, irrigation, estimation de la séquestration carbone dans les sols, ou des rendements… Autant d’avancées techniques rendues possibles par la conquête de l’espace. C’est pour se pencher sur ce thème que l’incubateur Agrotech d’Euratechnologies organisait le 15 décembre dernier une journée Agrospace, en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Le but : présenter les technologies du spatial au service d’une agriculture plus durable, réunir les acteurs du domaine et les mettre en relation avec les start-up intéressées.
Mais de quoi parle-t-on, quand on parle de technologies spatiales ? « Il y a trois domaines, explique Thierry Chapuis, expert en application spatiale au Cnes, l’observation de la terre, les télécommunications spatiales et la géolocalisation. Cette dernière est fondamentale, avec la datation. Sans lieu ni date, une donnée ne vaut rien. » Mais le spatial ne fait pas tout. « Il va apporter des éléments d’information pertinents mais c’est tout. Il faut des remontées d’infos du terrain. Les trois quarts du temps, les applications ne font que de la collecte et de la manipulation de données. »
« Notre défi, c’est avant tout de récolter de façon fiable, rappelle Arnaud Bardon, responsable agronomique chez Bonduelle, lors d’une première table ronde sur la transition dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, en forme de session de conseils aux start-up. Après la guerre, le défi était l’autonomie alimentaire, aujourd’hui, c’est de continuer à produire, mais de façon durable, et avec les aléas climatiques. Notre souci est d’apporter des solutions via trois leviers : la génétique, les outils d’aide à la décision (OAD), et la mécanisation, c’est-à-dire les objets qui vont mettre en œuvre les prédictions. »
Sébastien Bocquillon, agriculteur à Humières (62), s’interroge, lui, sur les limites de l’eldorado numérique. « Il faut le dire, les agriculteurs sont de mieux en mieux formés, mais bon nombre ne le sont pas encore. Et le prix de ces technologies est encore lourd pour certaines exploitations. L’imagerie satellite, ça marche dans les zones où le ciel n’est pas très encombré, alors que dans nos régions, c’est souvent le cas ! Or vu l’investissement, beaucoup d’agriculteurs veulent que ça marche en toutes circonstances ! » Et de donner une idée aux entrepreneurs en herbe en quête de concept d’entreprise : “Les constructeurs de machines agricoles fonctionnent en silo pour leurs données. La concurrence est aussi le moteur de l’innovation ! Mais cela pourrait être intéressant d’avoir une plus grande possibilité de connectivité entre les machines…”
« On a des masses d’informations, mais parfois l’agriculteur a du mal à avancer, embraye Thierry Bailliet, l’agri Youtubeur de Loos-en-Gohelle (62). Seuls les gens qui arriveront à capter la confiance des agriculteurs se démarqueront. Instituts techniques, industriels, coops, négoces, chambre… L’entourage proche en qui l’agriculteur a confiance, et avec qui ils pourront apprivoiser les techniques de façon sereine. Je pense que les agriculteurs ont un grand besoin de proximité. » Il ajoute : « Les applis agricoles ne sont pas toujours très funky… Il faut aussi que la technologie soit agréable, et qu’on ait envie d’y aller ! »
Lucie De Gusseme
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