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Annabelle Ténèze est loin des clichés que l’on peut parfois se faire sur le monde l’art. Pour celle qui a pris la tête du Louvre-Lens en septembre dernier, l’art doit être partagé. Un leitmotiv qui l’a toujours guidée dans les différents postes qu’elle a occupés.
Ce qui anime cette passionnée d’histoire et d’arts depuis toujours : « Comprendre comment l’histoire et les artistes éclairent notre présent ? Comment nous pouvons réfléchir tous ensemble autour de ce sujet ? » Des questions qui lui tiennent à cœur.
« Dans mon parcours, il y a cette idée de partager la chance d’avoir accès à l’art. C’est très important pour moi et cela a traversé toutes mes expériences. Tout le monde a droit à l’art que ce soit en termes d’informations historiques, mais aussi d’émotions et de ressentis », insiste la directrice du Louvre-Lens.
Et d’ajouter : « Cela peut faire un peu cliché, mais je crois beaucoup au fait d’être ensemble, de partager ensemble. Les artistes, des siècles passés et d’aujourd’hui, nous parlent à chacun d’entre nous. Et cette manière qu’on peut avoir de partager l’art et les émotions nous permet de dialoguer avec les autres et avec nous-mêmes, c’est quelque chose qui peut être très addictif. » Ce n’est donc pas un hasard si elle a baptisé son projet « Le Louvre en partage ».
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Une philosophie qui colle d’ailleurs parfaitement à celle du musée lensois dont elle est à la tête depuis bientôt un an. « La création du Louvre-Lens est assez incroyable, c’est un projet qui a été porté par tous les habitants. Peu de musées se sont construits comme cela, comme un projet collectif à la fois artistique, culturel et sociétal au sens aussi populaire, s’enthousiasme Annabelle Ténèze. En discutant ces derniers mois avec des habitants, des membres de l’association des Amis du Louvre-Lens, des élus, des institutionnels qui sont là depuis longtemps, on se rend compte que ce musée est né d’une volonté politique et culturelle mais aussi d’un élan de la population. Cela est quand même rare qu’un musée ait une société d’amis avant même d’exister. Cet élan populaire explique pourquoi ce lien de proximité est fondamental dans le musée. C’est un musée pensé pour accueillir aussi bien les touristes que les habitants.»
Un lien qui perdure toujours plus de 10 ans après l’implantation du musée dans le bassin minier, notamment par le biais du café des voisins (un rendez-vous mensuel d’information et de convivialité, ndlr. Les voisins y sont invités pour les informer des actualités du musée et de celles du quartier) ou encore le café potager (ateliers jardinage avec une jardinière-médiatrice du musée, ndlr). « Ce ne sont pas forcément les moments les plus connus mais cela fait partie de cette somme d’événements qui fait que le Louvre-Lens est le musée national des habitants », se réjouit Annabelle Ténèze.
Autre moyen d’attirer le public et de rendre l’art accessible : la gratuité. Au Louvre-Lens, la Galerie du temps peut être visitée sans débourser un sou. « Les gens peuvent venir, et revenir, voir juste une œuvre s’ils ont envie ! » L’espace de 3 000 m2 va d’ailleurs être entièrement renouvelé fin 2024. « Offrir régulièrement de nouvelles œuvres des collections nationales au public était l’une des promesses originelles du projet. Sur les 200 œuvres, une dizaine reste, les autres seront nouvelles, ce sera un moment exceptionnel. Nous en avons dévoilé quelques-unes que le public pourra venir voir comme les Quatre Saisons d’Arcimboldo. Mais on ne dira pas tout, on garde aussi des surprises ! » Avec Parc en fête (lire aussi notre édition du 19 juillet), les visiteurs ont également accès gratuitement à tout un parcours d’art contemporains dont les œuvres de Niki de Saint Phalle ou encore de Kapwani Kiwanga installées dans le jardin du musée.
De jolis projets dans lesquels la directrice du Louvre-Lens se sent suivie : « Ce qui agréable c’est qu’il y a un caractère entrepreneurial fort sur ce territoire. Il y a beaucoup de prises d’initiatives et d’adhésion aux propositions. Cela m’a beaucoup marqué à mon arrivée, les gens ont une incroyable énergie et sont prêts à se faire embarquer. » Une population qui lui rappelle aussi ses origines limousines : « Les gens du Nord partagent avec les gens du Limousin une modestie sur eux-mêmes alors qu’ils pourraient développer une fierté. Cependant, cette modestie est aussi très touchante. »
Selon Annabelle Ténèze, le Louvre-Lens a trouvé sa place, « et cette place continue d’évoluer, de grandir et l’émulation collective est toujours à l’œuvre pour continuer de construire le futur ensemble.» Et de conclure : « Le Louvre Lens ne s’assoit pas sur ses lauriers, c’est une institution qui réfléchit toujours à comment aller au plus près du public. » Et les futurs projets le prouveront encore une fois !
Hélène Graffeuille