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Selon l’Insee, la ruralité se définit comme l’ensemble des communes peu ou très peu denses. Elle englobe 88 % des communes nationales pour l’équivalent d’un tiers de la population, soit 22 millions de Françaises et de Français qui vivent actuellement dans les territoires ruraux. Ces territoires sont multiples, dans leurs enjeux et leur capacité à faire face aux grandes transitions, économique, numérique et écologique.
« En lançant France Ruralités, nos ambitions sont claires, annonçait Élisabeth Borne en déplacement dans la Vienne le 15 juin dernier, répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens en milieu rural et permettre à la ruralité d’exprimer son potentiel pour relever les défis à venir. » La Première ministre a détaillé un plan en quatre axes courant jusqu’à la fin du mandat présidentiel et visant à mettre en place des solutions adaptées et différenciées, répondant aux spécificités de chaque territoire.
« Aujourd’hui, sur fond de sentiment d’abandon ou de relégation dans nos ruralités, nous avons besoin d’un plan ambitieux et lisible pour nos territoires ruraux au service des habitants, renchérissait Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité. Nous devons proposer aux communes rurales une boîte à outils et des moyens adaptés à leur diversité, tous les territoires n’ont pas la même trajectoire mais tous doivent être accompagnés par l’État. »
Parmi les quatre axes définis dans le plan, un programme baptisé « Village d’avenir » sera lancé pour aider les communes rurales à mener à bien leurs projets. 100 chefs de projet « ingénierie » seront recrutés par l’État et déployés dans les préfectures avec la mission d’accompagner les maires de petits villages à passer de l’idée au projet. Les maires pourront candidater auprès de leur préfet de département, par groupe de 2 à 8 communes, « afin de constituer un groupement de petits villages, unis par un projet collectif autour de l’habitat, des transports, du patrimoine ou encore de la santé ».
En outre, la dotation « biodiversité » pour les villages sera portée de 42 millions d’euros « à plus de 100 millions d’euros » « afin de leur permettre d’entretenir et de développer les aménités rurales ». Les ruralités contiennent en effet 90 % des surfaces protégées françaises et possèdent de nombreuses ressources, indispensables à la transition écologique (parcs naturels, forêts, étangs), lit-on dans le dossier décryptant le plan.
Par ailleurs, pour « apporter des solutions aux problèmes du quotidien des habitants des campagnes », le plan veut apporter des solutions en matière de logement, de mobilités ou encore de sécurité. Côté transports, un fonds de 90 millions d’euros sur trois ans permettra ainsi d’aider les collectivités à déployer des services de mobilité « innovants ». Face à la dégradation du bâti dans certains centres bourgs, une « prime de sortie de la vacance » sera mise en place pour remettre des biens immobiliers sur le marché de la résidence principale. Un fonds de soutien au commerce en milieu rural doit également être pérennisé avec un abondement de 60 millions d’euros sur trois ans. Concernant l’accès aux soins, le gouvernement va lancer 100 « médico-bus » dotés de spécialistes, notamment des gynécologues, dans des endroits « où il est le plus difficile d’accéder » aux soins.
Le dernier axe vise à pérenniser le dispositif des zones de revitalisation rurale (ZRR). Il doit permettre aux entreprises, collectivités, etc. en zone rurale de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales. Il s’agit ici de « dynamiser et continuer à revitaliser les petites communes via des aides économiques afin de soutenir l’installation d’entreprises, de professionnels de santé, etc. » Pour la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, l’enjeu est de « permettre aux territoires d’effectuer leurs transitions », pour une « véritable égalité des chances dans notre pays. »
Les annonces gouvernementales ont laissé les présidents des associations de maires ruraux des deux départements « sur leur faim », comme le répète Hubert Degrève côté Pas-de-Calais. « Je considère que l’État se contente de surfer sur une majorité de sujets sans creuser pour connaître les remèdes qui pourraient être apportés à beaucoup d’absences. » Sur l’ancien « agenda rural », s’il reconnaît que les maisons France services ont « permis de combler en partie l’absence et la fermeture des structures institutionnelles, peu des 178 mesures ont été réalisées. Ici, c’est exactement la même chose ! » Et de citer les écoles, grandes absentes du plan, ou encore les médico-bus qui l’interrogent : s’il y en a un par département, combien de fois passera-t-il par l’une des 890 communes du Pas-de-Calais ? « La commune rurale a besoin d’argent pour se développer », revendique l’élu qui demande « depuis des décennies une revalorisation suffisamment conséquente de la dotation globale de fonctionnement (62 € pour un rural et 124 € pour un urbain). »
Côté Nord, Jean-Gabriel Masson voit simplement dans le plan « un effet d’annonces » qui, s’il « part d’une bonne intention » demande maintenant de l’« ampleur » du « concret ». « L’important est de créer une dynamique. Nous sommes agiles pour aller vite dans nos projets mais avons besoin d’accompagnement pour aller loin. » Le représentant des maires ajoute que « la transition énergétique serait compliquée sans passer par nos campagnes. » La phase de mise en œuvre opérationnelle démarre seulement, reconnaît-il, il faudra voir comment « se saisir des opportunités » pour « rendre atteignable ces dispositifs ».
Louise Tesse Avec Afp