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Dans un contexte mouvementé, Christophe Mullie, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Nord-Pas de Calais, revient sur les difficultés rencontrées par les planteurs.
La situation est très hétérogène selon les secteurs. Une chose est sûre, cette deuxième année sans l’enrobage des graines à base de néonicotinoïdes est très compliquée.
Même si l’administration a été réactive pour nous laisser utiliser le Teppeki dès le stade deux feuilles, cela risque d’être insuffisant pour faire face à la présence des pucerons.
Les producteurs vont devoir effectuer deux à trois passages en attendant la couverture totale du sol par les feuilles des betteraves, stade auquel les pucerons ne poseront plus de problème. Rappelons que la betterave est une plante qui ne fleurit pas et n’est donc pas attractive pour les pollinisateurs.
La situation est écologiquement et économiquement catastrophique. Nous sommes un des seuls pays producteurs européens sans dérogation pour utiliser les néonicotinoïdes sur la betterave. Nous avons de nouveau demandé au gouvernement de réfléchir à sa décision.
Nous sommes très inquiets pour l’avenir de la betterave européenne. Les cours du sucre sont en chute libre. Il en est de même pour le cours de l’éthanol tiré vers le bas par le cours du pétrole et une demande en baisse.
Bien que l’Europe soit déficitaire en sucre, on craint un effondrement des prix, notamment du fait que le Brésil, qui privilégie habituellement la production d’éthanol, se rabatte actuellement sur la production de sucre.
Nous sommes aussi très préoccupés par les annonces de la Commission européenne concernant le Green deal. On craint que cela mette encore un peu plus à mal notre compétitivité.
Voir aussi : VIDÉO. Une récolte de betteraves comme vous ne l’avez jamais vue
Au niveau syndical, on ne comprend pas que les structures coopératives (Tereos et Cristal union, ndlr) rémunèrent moins leurs adhérents qu’un groupe privé (Saint Louis sucre, ndlr).
Le rapport entre le prix payé et le coût pour produire un hectare de betteraves devient critique.
Le prix payé s’élève pour le moment à 20 €/tonne en moyenne pour Tereos. Les dirigeants de l’entreprise nous parlent d’un acompte mais il y a une perte de confiance des adhérents envers leur coopérative.
À court terme non, car les producteurs sont engagés pour plusieurs années à travers leurs contrats. De plus, l’attractivité d’autres cultures, comme la pomme de terre ou le lin, n’est plus au rendez-vous. À moyen terme, c’est encore tôt pour le dire.
Virginie Charpenet