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“Ce qui frappe en premier quand on approche de ces machines, c’est surtout leur taille. Les arracheuses de betteraves font la taille d’une petite maison…” Calme et posée, la voix off d’Hugo Lalisse glisse sur la vidéo comme l’arracheuse sur le champ de betterave vue du ciel. Dans une vidéo mise en ligne le 27 mars, ce vidéaste amateur consacre quelques minutes à un sujet inattendu : la poésie de la récolte de betterave.
“On a l’impression que l’agriculteur dessine le territoire qu’il cultive comme un peintre répand ses pigments sur une toile”, analyse le jeune homme, architecte et vidéaste autodidacte, qui a tourné ces images fin 2018. Alors en tournage pour un projet du centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) de Cambrai qui traite notamment du Cambrésis en tant que territoire agricole, il croise lors de ses pérégrinations un gros nuage de poussière au détour d’une parcelle appartenant à Vincent Coquart : une arracheuse de betteraves en plein travail.
“J’ai fait demi-tour pour m’approcher, relate le jeune homme de 26 ans. J’ai commencé à la filmer un peu, en attendant qu’elle revienne vers moi. Il faut savoir que les arracheuses coûtent très cher à louer, elles ne s’arrêtent jamais. L’un des deux conducteurs de tracteurs qui servait à la décharger a été intrigué, et j’ai pu lui demander l’autorisation de les filmer.”
Le but fondateur du Studio de l’Ephémère, entreprise de tournages et montages vidéo : saisir depuis le ciel les motifs saisissants tracés par l’énorme machine, “un spectacle où tous les mouvements sont parfaitement synchronisés”.
“D’une manière générale, raconte le corrézien d’origine, on voit le Nord comme une grande surface plate. Mais dès qu’on se retrouve à pied dans ce genre d’environnement, on se rend compte que c’est un territoire extrêmement contraint. On ne peut pas aller où on veut : cultures de pommes de terre, de betteraves… Il y a une espèce de paradoxe entre l’étendue devant nous et l’expérience que l’on en fait à l’échelle du corps humain.”
Après avoir publié sa vidéo fin mars, Hugo Lalisse est désormais à l’écoute de tous les commentaires des professionnels sur son travail. “Ce qui me ferait plaisir, c’est qu’en regardant mon modeste travail, certains agriculteurs pensent à la façon dont ils transforment le territoires, et à l’image qu’ils donnent du ciel depuis leurs sillons. Je trouverais ça fantastique !” Toutes les réactions peuvent être envoyées à : hugo.lalisse@gmail.com.
Lucie De Gusseme