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« Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage », lance Alain Dupont, président de l’abattoir de Valenciennes d’un ton amer. Depuis quelque temps, son outil de transformation fait l’objet de plusieurs reproches d’un point de vue très technique.
« Sur la chaîne d’abattage des veaux, on nous a dit que la méthode d’abattage n’était pas assez respectueuse des animaux », raconte-t-il. Pour poursuivre, il fallait investir. Chose que nous n’avons pas faite puisque ce ne serait pas rentable. Nous avons décidé d’arrêter l’abattage des veaux il y a un mois. »
Deux semaines plus tard, rebelote pour la chaîne d’abattage des porcelets. Elle a donc été stoppée pour les mêmes raisons. En parallèle, des failles administratives ont été trouvées. « Nous avons toujours envoyé nos courriers et documents en temps et en heure, sans jamais être avertis d’une pièce manquante », se justifie le responsable.
Niveau hygiène, « on ne nous a jamais reproché quoi que ce soit et pour la qualité de notre travail, elle est bien reconnue puisque nous sommes passés, en quatre ans, d’un volume de 2 000 tonnes d’animaux tués par an à 6 000 tonnes destinées aux bouchers », explique Alain Dupont qui ne comprend pas la décision aussi radicale de l’administration.
Pourtant, lors de la reprise de ce vieil abattoir de 50 ans il y a quatre ans par un groupe d’actionnaires, le conseil régional et d’autres structures avaient accordé une aide pour financer la restauration des lignes d’abattages de porcs et de bovins.
« Malgré d’importants travaux de modernisation réalisés en 2017, auxquels la Région Hauts-de-
France a pleinement contribué en apportant son aide financière à hauteur de 412 143 euros, nous apprenons cette semaine avec incrédulité la décision de fermeture de l’abattoir de Valenciennes », annonce Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région Hauts-de-France, en charge de l’agriculture dans un communiqué du 13 octobre.
Ainsi, l’outil de proximité qui abat plus de 120 bovins et 150 porcs chaque semaine est en passe de laisser ses 25 salariés au chômage. Outre, les emplois supprimés, ce sont les éleveurs de la région qui se retrouvent sans outil de transformation.
« C’est un outil pour les filières de proximité qui est suspendu », regrette Alain Dupont. « Sans cet abattoir de service de proximité, les éleveurs devront parcourir de nombreux kilomètres en plus pour valoriser leur production dans les abattoirs de Douai, Fruges, voire transfrontaliers ! Ce temps supplémentaire génère une augmentation des coûts mais c’est surtout du stress supplémentaire pour les animaux transportés », dénonce la FDSEA du Nord conjointement avec les JA dans un communiqué du 13 octobre.
Une décision incompréhensible que la filière souhaite contester. Le 14 octobre, les éleveurs de la région sont appelés à se rassembler devant l’abattoir de Valenciennes à 11 heures dans l’espoir de faire évoluer la décision du préfet du Nord.
Lucie Debuire
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