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Réduire de moitié l’utilisation et les risques liés aux pesticides dans l’Union européenne d’ici 2030. Voilà l’ambition du fameux règlement SUR, attendu par les agriculteurs qui, pour le moment, ne savent pas trop sur quel pied danser.
Le fait est qu’ils ont des craintes : comment assurer la productivité sans pesticides ? Quelles sont les alternatives et la recherche avance-t-elle bien ? Répondra-t-on toujours à la demande sans ces produits ?
Pour le docteur en génétique végétale Christian Huyghe, également directeur scientifique de l’agriculture à l’Inrae, « l’immobilité n’est ni une option politique, ni une option technique. Si on ne fait rien, d’ici 2050, plus aucun pesticide ne sera efficace ». En effet, selon lui, l’un des problèmes avec l’usage des pesticides dans l’Union européenne est qu’on les a longtemps considérés comme des intrants, alors que « ce sont des médicaments. Donc contrairement à des intrants, ils n’ont pas de courbe de réponse : ce n’est pas parce qu’on en met plus que c’est plus efficace. »
Voilà donc une première solution : la mise en place de pratiques agricoles adaptées. Mais au-delà des leviers techniques que les agriculteurs peuvent déjà mettre en place, il manque encore des alternatives aux pesticides de synthèses. Un problème qui sera bientôt réglé, selon Jennifer Lewis, directrice générale de l’IBMA (association des fabricants de produits de biocontrôle) depuis 2019. « Aujourd’hui, des milliers d’hectares sont sous biocontrôle, mais nous avons besoin d’une réglementation sur les pesticides pour favoriser le recours aux produits de biocontrôle. À l’horizon 2030, si les processus de réglementation de l’utilisation des pesticides de synthèses étaient accélérés, alors on aurait plus de produits de biocontrôle sur le marché. Actuellement, 129 substances pourraient constituer des alternatives : 54 sont déjà disponibles mais les autres arrivent bientôt. » Cela dit, la cinquantenaire le reconnaît, la réglementation ne suffira pas, il faudra faire tomber le « mur des oppositions et résistances ».
Pour faire lever ce mur, « La France a lancé il y a trois ans des réflexions à propos de “cultiver et protéger autrement” en posant un objectif à 0 sur l’utilisation des pesticides, raconte Christian Huyghe. Il ressort cinq messages de ces travaux : c’est possible, il faut un changement des pratiques concerté de la production (des agriculteurs) et de la consommation (des consommateurs), il existe déjà beaucoup de leviers techniques, il ne faut donc pas attendre la recherche pour mettre en pratique ces techniques, il est nécessaire d’avoir une orientation politique forte et stable. »
Eglantine Puel
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