Votre météo par ville
500… au minimum. C’est le nombre record de tracteurs qui ont convergé vers le centre-ville de Lille pour une manifestation mercredi 22 janvier en fin de matinée, dans un froid piquant.
À l’appel de la FDSEA 59, ce sont plus de 500 manifestants, selon les estimations les plus basses, qui se sont retrouvé devant la préfecture pour faire entendre la détresse du monde agricole avec un cri du cœur : “Je ne suis pas là pour vous nuire, mais pour vous nourrir.”
Les raisons de ce rassemblement, auquel s’est jointe la Coordination rurale, couvaient depuis un moment. “On est là car notre métier n’est plus compris, explique Ghislain Mascaux, agriculteur venu de Bugnicourt (59). Plus on empêche les agriculteurs de produire, et plus on va importer des denrées cultivées avec des produits interdits ici.” “Ne laissons pas la désinformation et la peur nous aveugler”, plaide à son tour Paul Debaisieux, directeur de la FDSEA 59.
Revivez notre direct sur la manifestation : Les tracteurs à Lille contre l’agribashing
Point de mire des caméras en début de manifestation, Quentin Destombes, Jeune agriculteur du Quesnoy-sur-Deûle, illustre les retombées concrètes de mesures comme les ZNT : “On laisse un délai de 20 ans pour en finir avec le plastique à usage unique, mais on décide de faire des ZNT le 29 décembre avec application au 1er janvier, lance-t-il derrière ses lunettes. Cette mesure me fera perdre 7 à 10 ha de terres sur un total de 70. Pourtant, aujourd’hui les produits sont moins toxiques qu’avant. On fait beaucoup plus attention aux conditions d’application des produits ainsi qu’aux horaires où on les met… Nous sommes pris à partie là-dessus au moment même où nos pratiques évoluent.”
Après une rencontre d’une délégation de la FDSEA 59 avec l’adjoint du directeur de cabinet du préfet, place aux discours sur l’estrade, introduits par Christine Delefortrie, de la FDSEA 59 : “6 000 hectares de zones de non-traitement sont concernés dans le Nord et le Pas-de-Calais, clame-t-elle d’une voix forte. Cela représente 100 fermes. Ce sont donc 100 exploitants qui vont disparaître cette année.”
Le président de la FDSEA 59 lui succède sur l’estrade : “Les ZNT constituent une mesure nébuleuse. Dans les 15 prochains jours, les agriculteurs vont semer. Nous exigeons des réponses concrètes.” Avant de conclure, sous les applaudissements : “Le premier facteur d’agribashing, c’est l’État !”
Seul représentant de la préfecture sur l’estrade lors de la manifestation, Antoine Lebel, directeur départemental adjoint des territoires, tient à “saluer la grande qualité d’écoute des parties. La charte de bon voisinage était un bon moyen de montrer la bonne volonté de la profession. Nous allons lancer sans tarder les discussions pour la rendre compatible avec le décret sur les ZNT, dans l’agriculture conventionnelle aussi bien que biologique, explique-t-il. Nous utiliserons toutes les marges de manœuvre possibles pour que son application soit compatible avec l’activité économique des exploitations agricoles. L’agriculture ne doit pas être une variable d’ajustement.”
Lucie De Gusseme