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Devant la sous-préfecture de Calais, une quarantaine de tracteurs s’avance en ligne. En ce vendredi 14 janvier, l’heure est à l’action syndicale apaisée mais décidée, sur un sujet qui ne sort pas des préoccupations du monde agricole depuis deux ans : les zones de non-traitement (ZNT).
Et pour cause : alors que le texte d’application de ces interdictions d’appliquer des produits phytos sur des bandes à la largeur encore variable aux abords des maisons de riverains doit sortir d’ici le 26 janvier, la profession veut interpeller sur le sujet.
« J’ai 100 hectares, explique Olivier Larue, agriculteur à Landrethun-les-Ardres venu manifester avec son tracteur à Calais, mais je ne suis propriétaire que de 2 ha. Faut-il que je loue des terres pour ne pas en exploiter la totalité ? Les ZNT nous font perdre de la surface. Sans compter qu’on n’est pas fixés sur leur largeur. Aujourd’hui c’est 5 mètres, mais demain qui sait ? »
Ce n’est pourtant plus l’abrogation de cette loi en forme de future usine à gaz que la profession demande. Aujourd’hui, l’angle d’attaque est plus terre à terre. À Saint-Omer, mercredi 12 janvier, Dunkerque le jeudi 13, puis à Béthune, Arras et Calais le vendredi 14, la profession s’est rendue en préfecture et sous-préfectures pour présenter la facture, par territoire, du manque à gagner engendré par le dispositif des ZNT.
« Nous ne sommes pas contre le principe de précaution, résume Antoine Peenaert, président du canton de Calais à la FDSEA 59. Nous avions retravaillé le dossier des ZNT avec notamment les chambres d’agriculture et l’Anses. Nous avions proposé des ZNT ramenées à trois mètres dans certains cas : utilisation de buses anti-dérive, présence de haies… L’État, n’a pas tenu compte de ce travail. Nous allons donc lui présenter la facture. »
Aidés par la chambre d’agriculture, les FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Nord-Pas de Calais ont ainsi chiffré le coût de l’application d’une telle mesure, exploitation par exploitation. Bilan pour des ZNT de cinq mètres : un manque à gagner de 10 millions d’euros pour 2 575 ha dans le Nord (0,72 % de la SAU), et 2 630 dans le Pas-de-Calais (0,55 % de la SAU).
« Notre message est bien passé, confirme Benoît Louchart, de la FDSEA 62. Les préfets et sous-préfets ont bien compris qu’on défendait l’idée que les pertes devaient être compensées et vont faire remonter ces éléments à qui de droit. Mais nous n’avons pas eu de réponse claire des représentants de l’État sur la compensation de la perte économique des ZNT. Ce qui nous laisse pas mal de craintes. » En attendant la sortie de la loi d’ici le 26 janvier, les actions continuent : à Lille lundi, à Montreuil jeudi, ainsi qu’à Cambrai dans le courant de la semaine prochaine.
À Béthune, une discussion pendant la manifestation avec la députée LREM Marguerite Deprez-Audebert a débouché sur une invitation de cette dernière chez l’agricultrice Anne Coupet, à Richebourg, pour lui montrer les conséquences directes et indirectes des ZNT : taxe foncière, fermage, temps passé à désherber les ZNT, difficulté à recruter… Cela suffira-t-il ? Espérons-le.
Lucie De Gusseme