Votre météo par ville

Safran : De l’or rouge 100 % made in cambrésis

07-04-2023

Actualité

C’est tout frais

L’Esat Le Jardinet, au Cateau-Cambrésis, et l’entreprise adaptée Challenge, à Caudry, produisent du safran. Un pari fou gagnant pour ces structures qui travaillent avec des personnes ayant une reconnaissance de travailleurs handicapés.

Il y a trois ans, l’Esat Le Jardinet et l’entreprise adaptée Challenge ont investi dans 34 000 bulbes de safran.
Il y a trois ans, l’Esat Le Jardinet et l’entreprise adaptée Challenge ont investi dans 34 000 bulbes de safran. © D. R.

Dans le Nord-Pas de Calais, ils ne sont qu’une poignée à cultiver le safran, une épice aussi appelée “or rouge” notamment en raison de sa couleur et de son prix de vente qui s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour un kilo.

Parmi eux se trouvent les travailleurs de l’établissement et service d’aide par le travail (Esat) Le Jardinet, au Cateau-Cambrésis (59) et l’entreprise adaptée Challenge, basée à Caudry (59).

Ces deux structures font partie de l’association pour adultes et jeunes handicapés du Nord et emploient des personnes qui ont toutes une reconnaissance de travailleurs handicapés.

Leur production a commencé il y a maintenant trois ans. Sur les 10 hectares que possède l’Esat, une partie est vouée à l’activité de maraîchage.

“Un service que nous avons relancé il y a quelques années avec l’objectif de fournir des aliments de qualité aux cuisines centrales, détaille Fabrice Masse, directeur adjoint des deux structures. Mais nous avions encore de la surface, alors nous nous sommes mis à faire des plantes aromatiques, comme de la menthe poivrée, de la mélisse ou encore de la sauge. Et nous avons investi dans 34 000 bulbes de safran que nous avons plantés fin 2020″, détaille le directeur.

Un pari risqué puisque personne n’y connaissait rien dans cette culture qui demande un investissement de plusieurs milliers d’euros.

“Avec le moniteur d’atelier maraîchage et le reste de l’équipe, nous nous sommes renseignés, nous avons lu des articles, regardé des reportages et tutoriels sur le sujet. Chacun a ses petits secrets de fabrication qu’il garde précieusement, et c’est normal. Il a donc fallu procéder à de nombreux essais”, sourit le directeur adjoint.

De nombreux tests

“On a commencé par faire deux plantations à trois semaines d’écart avec l’espoir de pouvoir étaler la récolte, ça n’a pas marché… Tout a fleuri en même temps. Puis, au moment de la floraison, nous nous sommes rapidement rendu compte que dès que la fleur s’ouvrait, nous n’avions que quelques heures devant nous pour récupérer le stigmate. Pour l’émondage, un travail long et minutieux, nous avons essayé plusieurs techniques : à la main, à la pince à épiler, aux petits ciseaux… Finalement, c’est à la main que cela fonctionne le mieux… Bref, nous avons affiné notre savoir-faire au fur et à mesure. Si nous sommes encore en phase d’apprentissage, nous sommes parvenus à établir notre propre méthode de production de safran”, se réjouit Fabrice Masse.

L’équipe a même fabriqué son séchoir qui sert également aux plantes aromatiques.

Le séchage du safran se fait dans ce séchoir créé par l’entreprise. C’est l’une des étapes les plus complexes dans la fabrication de l’or rouge. © H. G.

Les tâches sont bien réparties entre les deux structures : les travailleurs de l’Esat s’occupent de la plantation, de l’entretien de la culture et de la récolte ; les salariés de Challenge, eux, interviennent après pour l’émondage, le séchage et la commercialisation.

En 2021, sur les milliers de bulbes plantés, 354 grammes de safran ont été récoltés. En 2022, la récolte a été moins bonne, elle s’élève à 192 grammes.

“On ne sait pas l’expliquer, indique le directeur adjoint. On se demande si des lapins ne sont pas venus manger les fleurs. Mais nous avons aussi vu que, de manière générale, la saison avait été moins bonne pour les producteurs de safran. Ce sont les mystères de la nature…”

Un safran que les équipes de l’Esat et de Challenge ont également décidé de faire analyser par un laboratoire spécialisé afin d’en connaître la qualité : “Cela se fait par une méthode qui se base sur trois critères : la couleur, la saveur et l’arôme”, précise Élise Fernez, responsable des activités à Challenge.

Et bonne nouvelle, leur safran se place en catégorie, en d’autres termes, il s’agit d’un safran haut de gamme.

“C’est une fierté pour toute l’équipe”, sourit Élise Fernez. Même si les produits de luxe, ça les connaît puisque, pour l’anecdote, la dentelle de la robe de mariée de Kate Middleton, l’épouse du prince William d’Angleterre, est passée par les mains des salariés de l’entreprise adaptée.

Fabrice Masse, directeur adjoint de l’Esat et de l’entreprise adaptée, aux côtés d’Élise Fernez, responsable des activités à l’entreprise Challenge avec les 192 grammes de safran récolté en 2022. © H. G.

Le safran sera commercialisé sous le nom des Fées du Jardinet.

Aujourd’hui, l’équipe en est à l’étape de commercialisation de son produit. “Nous avons décidé de créer notre propre marque, nous venons de déposer le nom, Les fées du Jardinet, à l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi), indique Fabrice Masse. Nous travaillons sur le packaging et la plaquette commerciale. Puis nous allons aller démarcher les restaurants étoilés et haut de gamme de la région.”

La qualité du produit mise en avant

Car pour vendre leur safran, c’est bien la qualité exceptionnelle de son produit que les deux établissements ont décidé de mettre en avant :“C’est notre principal argument de vente. Il n’est pas question de mettre en avant le handicap de nos travailleurs et salariés”, insiste Élise Fernez.

D’ici plusieurs mois, il devrait donc être possible de déguster le safran 100 % made in Cambrésis sur les tables des grands restaurateurs !

Hélène Graffeuille

Lire aussi : Maroilles. Derrière le fromage, une belle aventure humaine

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Comment fonctionnent les champs d’inondation contrôlée ?
Durant le mois d'août, le SmageAa organisait des visites de ses installations afin d'expliquer au grand public leur fon [...]
Lire la suite ...

Un septembre 2024 frais, qui stoppe la chaîne de records
Rendez-vous chaque début de mois avec Patrick Marlière, directeur du bureau d’expertise météorologique Médias Wea [...]
Lire la suite ...

Numéro 384 : 27 septembre 2024

Au cœur des terres

#terresetterritoires