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Le bassin aval de la Scarpe couvre la zone entre Douai et Valenciennes (59). Il intègre 74 communes réparties sur cinq communautés de communes, elles-mêmes adhérentes au parc naturel régional Scarpe-Escaut et au Smapi. Entre en jeu également le Sage (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau) de la Scarpe aval.
Si tous ces acteurs travaillent naturellement ensemble, le parc et le Smapi ont choisi de signer une convention de partenariat mercredi 22 mars afin d’en formaliser les modalités.
“La logique est de nous diriger vers une gestion écologique des cours d’eau“, pose Tangui Lefort, chargé de la trame écologique et des ressources en eau pour le parc naturel régional.
Car c’est la double mission du Smapi. Il faut gérer le niveau des eaux pour prévenir les inondations en hiver et retenir l’eau en période d’étiage. Mais aussi restaurer les cours d’eau afin d’y favoriser la biodiversité végétale et animale.
Exemple concret : la renaturation des Fontaines d’Hertain, à Wallers : une source naturelle, résurgence de la nappe, avec une très bonne qualité d’eau. Problème, le cours a été taillé tout droit pour les besoins de l’activité agricole.
“Nous allons y recréer un méandre intérieur, en installant des pieux et du géotextile temporaires que nous remplirons de la vase issue du cours d’eau, détaille Sylvain Quaghebeur, du Smapi. Ainsi, les plantes pourront pousser, les vitesses de l’eau favoriseront la faune…“
“Il s’avère que les Fontaines d’Hertain accueillent une libellule classée sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction. L’agrion de Mercure, c’est son nom, est très rare et sa préservation demande une gestion particulière des cours d’eau. Elle a plutôt besoin de roseaux et de milieux ouverts. Si le syndicat a ses propres compétences, nous apportons notre expertise sur l’aspect biodiversité“, complète Tangui Lefort.
Ce premier projet de restauration écologique porté par le Smapi fait partie des 13 zones humides à restaurer sur le secteur par le Sage et nécessite cette double approche. Un partage de compétence affiché comme l’un des objectifs de la convention.
D’autres axes de travail ont été identifiés en ce sens à l’exemple des zones d’expansion de crues, nécessaires pour la gestion des eaux mais qui ont aussi vocation à accueillir de la biodiversité.
Car le secteur est particulier en termes de gestion de l’eau avec un relief en cuvette. “On parle de plaine humide de la Scarpe“, raconte le technicien. Ainsi, l’ancien marécage a été drainé depuis le Moyen-Âge pour accueillir l’activité humaine.
La Scarpe a été canalisée pour permettre le passage des péniches : une canalisation surélevée qui oblige depuis à “relever” les cours d’eau affluents au moyen de vannes et de lames.
26 ouvrages hydrauliques couvrent la zone et agissent à la manière des wateringues sur le littoral en quelque sorte. Charge au Smapi d’entretenir et de faire fonctionner ces ouvrages, dont certains tournent 100 % du temps lorsqu’il s’agit de faire remonter un cours d’eau.
Une forme de lutte contre le cours naturel de la nature, et de l’eau en particulier, qui pose question. “Nous étudions la pertinence des équipements et méthodes“, explique Sylvain Queghebeur pour le syndicat de gestion des eaux qui a pris, en 2018, la compétence Gemapi, la gestion des cours d’eau dans l’optique de prévenir les inondations mais aussi de préserver le milieu aquatique.
Une approche à l’échelle des communes jusque-là, aujourd’hui remplacée par une gestion par bassin-versant plutôt que selon un bête découpage administratif.
Plus largement, le parc naturel régional Scarpe Escaut planche aussi sur la tension en eau.
“Les questions d’infiltration ou de recharge des nappes sont aussi étudiées avec les urbanistes, les schémas de cohérence territoriales (Scot), les communes ou les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUI)“, égrène Tangui Lefort. Il ne faut pas moins que cet effort collectif pour limiter la casse.
Justine Demade Pellorce
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