« Tout le monde essaye de se dépêcher pour livrer le plus vite possible les dernières semences nécessaires pour le printemps, dans l’hypothèse où l’ensemble des transports seraient complètement interdits. » Voilà les mots, le 18 mars dernier, de Claude Tabel, président de l’Union française des semenciers (UFS). Il estimait alors à 20 % le volume de semences restant à acheminer sur les exploitations.
Gageons que son inquiétude aura été apaisée par les mots la directrice générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, Anne Bucher mercredi 25 mars. Elle a, en effet, lancé un appel à garantir la libre circulation des camions transportant des semences d’un pays à l’autre. Un véritable soulagement pour la filière.
« Certaines semences de base qui nous servent à produire nos gammes commerciales viennent de l’étranger : Allemagne, Hongrie…, explique Pascal Mombled, directeur général de Semences de France à Armentières (59). Avec la fermeture des frontières, c’était devenu dur de s’approvisionner. » Avec leur réouverture, il reste toujours délicat de trouver des chauffeurs. En Hongrie, où l’entreprise possède une filiale, quinze jours de confinement serait obligatoire pour tout conducteur de retour de France…
Chez Semences de France, cela fait deux semaines que les équipes – d’un total de 90 salariés – poursuivent leurs activités au rythme du Covid-19. « Il y a quinze jours, nous avons mis la majeure partie du personnel en télétravail », raconte Pascal Mombled. Dans les bureaux du site, seule une dizaine de salariés est présente sur 60. À l’usine, qui tourne « globalement bien », l’équipe d’une trentaine de personnes est à son poste, « sauf les salariés suspectés de Covid-19 ».
Zones de réception des chauffeurs arrivants, sas d’isolement, fermeture des vestiaires communs, réfectoire adapté afin que les germes ne se croisent pas à l’heure du déjeuner… « Des masques, on en utilise toute l’année. Il y a des gants et du savon à tous les endroits stratégiques. Nous demandons à tous nos employés de se laver les mains au moins une fois par heure. Nous sommes en pénurie de gel hydroalcoolique, mais nous serons réapprovisionnés la semaine prochaine grâce à un confrère. »
Le directeur général le reconnaît, « dans l’immédiat », mis à part sur le quotidien de travail, le coronavirus n’a « pas tant d’impact que cela sur l’entreprise ». « À condition que nous arrivions à livrer tout le monde !, insiste-t-il. Nous livrons chaque année 12 000 tonnes de graines, toutes espèces confondues, au niveau national. 85 % ont été livrés. Restent 15 %, qui sont des réapprovisionnements ou commandes de dernières minutes pour lesquelles on fait appel à des transporteurs. Mais ça devient compliqué d’en trouver : ils se font aspirer par l’alimentaire ! »
Très sollicités par les magasins, les routiers ont en effet tendance à donner la priorité au remplissage des rayons plutôt qu’à la préparation des futures récoltes. « Notre secteur a été reconnu d’utilité publique, conclut Pascal Mombled d’un ton ironique, mais il faut souvent le rappeler… »
Lucie De Gusseme
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