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Laurent Mariotte a fait escale vendredi 7 juillet à Merlimont (62), dans le nouveau restaurant Sur mer, du chef doublement étoile Alexandre Gauthier, le temps d’enregistrer son émission radio hebdomadaire sur Europe 1, La table des bons vivants, diffusée le lendemain*. Avant de proposer cet été une série sur la route des producteurs, dans son émission Petits plats en équilibre, tout en finalisant un nouveau livre de recettes « simples et abordables à partir de trois ingrédients », rencontre.
Super. C’est toujours un bonheur quand on délocalise l’émission et qu’on va à la rencontre des chefs, des paysans et des auditeurs. Ça nous est arrivé cinq ou six fois cette année. Cette émission avait un air de vacances, sous le soleil, pour finir la saison en beauté.
C’est un chef que je suis depuis très longtemps. Je suis toujours impressionné par son talent, sa vision et sa façon de mettre en avant son territoire.
Ce sont les grandes plages, un mélange d’authenticité, de beautés, de belles lumières, des gens passionnés et engagés.
Il y a à la fois la terre et la mer, ce que n’ont pas toutes les régions, et des chefs qui, de plus en plus, ont compris qu’il fallait cuisiner local. Il n’y a peut-être pas de grandes spécialités, mais il y a un amour des produits. La gastronomie n’a pas besoin d’être sophistiquée, mais de chercher l’accord des saveurs avec des produits qui poussent à côté de chez soi. La gastronomie pour moi, c’est d’enjoliver une salade de pommes de terre avec des végétaux marins, récoltés par Reinette Michon, et du vinaigre de bière. Je défends une cuisine simple, du quotidien, paysanne, que l’on peut reproduire chez soi, avec des produits de saison. Il ne faut pas avoir peur de faire simple en cuisine.
C’est important. Toutes les occasions sont bonnes à prendre pour faire parler de la gastronomie et du territoire. Il y a un vrai patrimoine culinaire.
J’ai un faible pour un plat qu’on fait chez moi dans les Vosges, tout simple. Du lard qu’on fait revenir puis on ajoute des haricots verts et un peu d’eau. On fait bien cuire pour qu’ils soient fondants avec des tomates.
C’est d’être en accord avec le public, proche de son quotidien, de créer un lien. Je fais la cuisine que je raconte. J’ai une obsession : que les gens puissent refaire la recette. Ça fera 15 ans à la rentrée que je propose Petits Plats en équilibre. Môme, je rêvais de monter à Paris pour faire de la télé. J’ai commencé comme assistant de production avant de présenter une émission de deux heures en direct chaque semaine sur Canal J, pour les jeunes. Puis j’ai intégré TF1. J’ai tout arrêté pour passer mon CAP de cuisinier avec l’idée de faire un restaurant avec un copain – qui ne s’est pas fait – puis j’ai eu l’idée de faire cohabiter mes deux passions.
Je me renouvelle grâce aux régions et aux saisons. Nous avons la chance d’avoir un pays fabuleux au niveau de la gastronomie. Notre façon de manger a aussi évolué. On consomme moins de viande, de meilleure qualité. C’est l’occasion de faire découvrir les légumineuses, mais aussi d’autres produits oubliés, des poissons trop peu valorisés ou des morceaux de viandes méconnus. Comme le disait Alain Chapel, « la cuisine, c’est beaucoup plus que des recettes ».
Il faut leur montrer qu’on peut faire bon et simple. Peut-être que les concours de cuisine ont mis la barre trop haut en intimidant le téléspectateur. J’ai confiance. La cuisine est une belle clé d’entrée pour respecter la planète. C’est de l’écologie au quotidien, un lien plus intime avec la nature.
Plusieurs modèles peuvent cohabiter. Il ne faut pas être intégriste de l’un ou de l’autre. Bien sûr, moins on peut traiter mieux c’est. Il faut soutenir les paysans pour continuer à manger français, à cultiver du blé sur de grandes superficies et à ne pas avoir que des maraîchers sur un hectare. Il y a des fermes à la limite de l’intensif bien organisées et qui font un super boulot. Chacun doit pouvoir bien manger en fonction de ses besoins et de ses moyens.
1969. Naissance à Épinal, dans les Vosges, où il est souvent dans la ferme-bistrot de ses grands-parents.
2005. Il arrête la télévision pour passer son CAP de cuisine avec l’idée d’ouvrir un restaurant avec un ami.
2008. Il allie ses passions pour la cuisine et les médias avec le lancement de Petits Plats en équilibre sur TF1.
Depuis 2018. Il anime l’émission hebdomadaire La table des bons vivants sur Europe 1 le samedi matin.
Propos recueillis par Claire DUHAR