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La transition énergétique est l’affaire de tous, et notamment des plus jeunes. Et c’est justement le thème sur lequel les participants au sommet des jeunes du Triangle de Weimar ont travaillé. Durant une semaine, du 23 au 29 juillet dernier, des jeunes originaires des Hauts-de-France, mais aussi de Rhénanie du Nord-Westphalie en Allemagne et de la Voïvodie de Silésie en Pologne se sont retrouvés autour d’ateliers d’échanges et de réflexion afin d’apporter des solutions à la question : « Comment nos régions industrielles et leurs habitants peuvent-ils répondre à ce défi entre sobriété et énergies renouvelables ? »
Un thème qui n’a évidemment pas été choisi au hasard, puisque l’un des points communs de ces trois territoires est qu’ils ont tous été « marqués par leur activité autour du charbon, mais aussi des grandes industries », a souligné François Decoster, vice-président des Hauts-de-France en charge, notamment, des relations internationales, en préambule d’une matinée dédiée à la restitution de cette collaboration, le 28 juillet dernier dans l’hémicycle de la Région, à Lille. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, c’est une nécessité absolue de transformer nos économies. »
Durant une semaine, les 45 jeunes Français, Allemands et Polonais, qui ont participé à ce sommet, ont été sensibilisés à la question avec, entre autres, une entrevue avec l’association Virage énergie, spécialisée dans la prospective énergétique et sociétale, la visite d’un centre de valorisation énergétique (ndlr : transformation des déchets pour produire de l’énergie) ou encore un entretien en visioconférence avec trois experts de la question du développement durable. De ces échanges, plusieurs propositions sont ressorties.
Depuis la catastrophe de Tchernobyl, l’énergie nucléaire inquiète la société, pour autant, selon les jeunes participants, il serait bon de se pencher sur le thermonucléaire. Ce procédé est une réaction nucléaire de fusion de noyaux d’atomes légers portés à très haute température. « Il est nécessaire d’arriver à une température de 150 millions de degrés Celsius pour parvenir à cette réaction et elle peut alors devenir une source d’énergie propre, insiste l’un des participants au sommet du triangle de Weimar. Beaucoup de recherches sont faites sur le sujet. Espérons que les politiques auront le courage et l’envie de développer cette énergie qui pourrait servir aux nouvelles générations pour vivre dans un monde où l’énergie sera obtenue de manière sécurisée, peu onéreuse et sans impact sur notre environnement. »
Les jeunes ont également mis en avant l’énergie solaire avec l’exemple des bus solaires. « L’avantage est qu’ils n’ont besoin ni d’énergie fossile, ni externe, mais simplement du rayonnement solaire pour fonctionner, sans compter qu’ils ne produiront pas d’émissions de CO2. » Le souci ? Si le ciel est couvert, « c’est pourquoi il est important de travailler sur le stockage de cette énergie solaire. » Et de conclure : « Il existe bien des solutions pour faire face au changement climatique et c’est un problème dont il faut s’occuper et il est aujourd’hui indispensable de trouver d’autres modes énergétiques. »
Une autre piste de réflexion proposée lors de ce sommet est l’éducation au développement durable. « La consommation énergétique mondiale a augmenté de manière exponentielle, notamment à cause des innovations technologiques mais aussi d’un manque de conscience de la part de la population. Or, pour faire face au réchauffement climatique, il est nécessaire d’économiser l’énergie », avancent les jeunes.
Et rien de plus efficace pour éveiller ces consciences que l’éducation dès le plus jeune âge. « En maternelle, c’est la période où les personnalités se forment, c’est donc l’occasion d’apprendre aux enfants une routine d’économie d’énergie par des gestes simples comme éteindre la lumière en sortant d’une pièce, trier ses déchets, économiser l’eau… En leur expliquant les raisons », insistent les participants.
Ces derniers défendent également le régime végétarien dans les cantines scolaires. Une éducation qui pourrait se poursuivre en primaire, puis par le biais des entreprises afin de toucher aussi les adultes. « Elles pourraient, par exemple, organiser des formations ou séminaires sur le sujet grâce à de subventions », avancent-ils. Les jeunes estiment également qu’une action avec les médias pourrait être efficace en mettant en avant des styles de vie durables. L’instauration d’un label, sur le modèle du Nutri-Score, pour démontrer au grand public à quel point un produit peut nuire au grand public, ou non.
Les jeunes participants au sommet du Triangle de Weimar estiment qu’il faut un plan d’actions à l’échelle européenne qui reposerait sur plusieurs piliers. D’abord, la création d’un fonds de dotations pour les entreprises afin de mener des projets de recherche et développement sur l’écologie et les énergies menées sur le territoire européen et à destination de ce territoire. Ils souhaitent aussi qu’un groupe d’experts de tous les pays d’Europe réalisent des travaux dans ce domaine. Les jeunes ont également insisté sur l’importance d’organiser des connexions ferroviaires en Europe.
Des propositions qui ont impressionné les représentants des trois pays. « Je suis édifié par tout ce que j’ai entendu. Je pense que la planète ne va pas si mal si la jeune génération est aussi active. Tout est à repenser, et c’est vous (ndlr : les jeunes) qui allez le faire. Quant à nous, nous allons tout faire pour ne pas l’abîmer davantage », indique Krzysztof Klimosz, membre du Directoire de la Voïvodie de Silésie.
« Ces propositions nous disent que nous sommes face à des choix qui ne sont pas simples car ils sont souvent le résultat de compromis. Cependant il faut accélérer la transition énergétique pour répondre au changement climatique. Et nous avons tous un rôle à jouer, toutes les générations doivent s’engager et modifier leurs habitudes », constate François Decoster avant de conclure : « Les propositions seront transmises à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, qui habite dans le bassin minier. » En espérant qu’elles soient étudiées…
Le sommet des jeunes du Triangle de Weimar est un projet de coopération dont l’objectif est de promouvoir la citoyenneté européenne, le dialogue interculturel et la mobilité européenne chez les jeunes. Chaque année, 45 jeunes originaires des Hauts-de-France, d’Allemagne et de Pologne se rassemblent et participent à des ateliers d’échanges et de réflexion sur l’actualité européenne avec l’intervention d’experts, de visites culturelles ou encore d’activités sportives.
Hélène Graffeuille