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Les agriculteurs seraient les plus pratiquants, même si la foi recule dans le milieu rural comme ailleurs. Des initiatives visent à y alimenter la religion.
Alors que la Foire agricole d’Hazebrouck (59) a soufflé ses 77 bougies en début de mois, elle a aussi vu sa deuxième messe de plein air célébrée le dimanche 10 septembre. Un moment rythmé, à l’image de l’office célébré en même temps à une centaine de kilomètres de là, sur les Terres de Jim accueillies à Cambrai. Un rendez-vous fixé depuis deux ans seulement sous cette formule, après des tentatives diverses et variées au fil des décennies. « Depuis 42 ans que je suis dans le comité de foire, j’ai notamment connu les tentatives de célébrer la messe sur le parvis de l’hôtel de ville. Un flop : il a toujours plu », se souvient Jean-Claude Arnouts. De là à dire que le ciel n’était pas avec eux. « Par contre il y a eu une “messe de foire” tous les ans à l’église Saint-Éloi où les paysans et les ruraux des alentours se retrouvaient », se souvient le septuagénaire très impliqué dans sa paroisse.
Habitant Lynde (59), près d’Hazebrouck, il est coordinateur de paroisse : un laïc qui assiste le prêtre sur la paroisse Notre-Dame des Tilleuls qui compte six clochers autour de Renescure. Mais voilà, l’affluence à la messe de foire a été grignotée par le temps, et la dernière édition a dû avoir lieu « il y a cinq ou six ans », calcule-t-il avant de lancer : « Il y a encore quelques acharnés mais dans les campagnes la religion recule comme partout, y compris chez les enfants d’agriculteurs. »
Lui, n’est pas issu de ce milieu même s’il le fréquente depuis plus de 40 ans qu’il participe à l’organisation de la foire agricole d’Hazebrouck. Quand l’envie du président dudit comité, Jacques Wyckaert, imaginant rapatrier la messe sur la foire, a été partagée par le curé de la paroisse, Christophe Aernouts, les planètes se sont alignées cette fois. « Pourtant, au départ, certains membres du comité étaient très réticents, estimant que c’était une pratique d’un autre temps. »
Outre le fait de ramener des visiteurs sur la foire à un moment creux (le dimanche matin), qui restent ensuite pour se promener et manger (près de 500 personnes ont participé à l’unique messe du jour pour les quatre paroisses du curé Aernouts, ndlr) ; outre celui de permettre aux curés officiant ce jour-là de rester encore au milieu des gens, de manger également sur place et d’être, finalement, connectés au monde, ces messes de plein air permettent « d’aller en périphérie ». Cette idée du Pape, relayée par Jean-Claude Arnouts, est à la religion ce que la décentralisation est aux institutions. « J’ai connu un curé qui faisait la messe dehors tous les dimanches, parce qu’il disait que les gens n’osaient plus franchir le seuil de l’Église », témoigne encore le coordinateur de paroisse qui observe lui aussi que la curiosité peut mener des personnes a priori éloignées de ces cérémonials à tendre le cou, parfois s’intéresser.
À Hazebrouck le 10 septembre, le curé a célébré sa messe en extérieur « avec l’autel posé sur des ballots de paille, à sa demande », assisté de trois prêtres, entre les tracteurs et les jacuzzis. Il a aussi béni les animaux parmi lesquels les vaches qui s’apprêtaient à concourir sur le ring. « Nous avons aussi organisé une bénédiction des tracteurs fin août, lors de la messe de plein air de Wallon-Cappel (Flandres) : le curé est monté sur une calèche et il a béni les machines », relate Jean-Claude Arnouts. Cette fois encore, plus de 500 personnes s’étaient rassemblées à l’occasion de cette célébration de fin de moisson organisée pour les agriculteurs par la paroisse Notre-Dame des Tilleuls. « Il est fort possible que l’an prochain nous installions un stand religieux sur la Foire, dédié à tous les mouvements catholiques de l’Église. Et on recommence la messe de plein air. Nous avons même invité l’archevêque de Lille qui devrait officier », savoure déjà celui qui porte les initiales de son prophète et le nom de famille de son curé, à une lettre près.
Justine Demade Pellorce