Votre météo par ville
Les citoyens de l’Union Européenne sont appelés aux urnes le 9 juin pour élire les 81 eurodéputés français.
Il y a quelques semaines, la Maison de l’Europe de Douai organisait une matinée consacrée à l’Union Européenne, à quelques mois ce ce rendez-vous. L’objectif ? « Faire connaître », « montrer que ce n’est pas quelque chose de complètement abstrait », appuie Karine Evanno, la directrice de la structure. Plusieurs témoins étaient invités pour illustrer la place considérable qu’occupe l’UE dans le quotidien des citoyens français et européen, même s’il est parfois compliqué de s’en rendre compte. Tentative d’éclairage.
L’Union européenne, c’est d’abord des compétences exclusives, pour lesquelles l’Europe agit seule, mais avec l’accord obligatoire de tous les États membres. Elles concernent l’union douanière, la politique monétaire, la politique de concurrence ou encore la négociation des accords commerciaux et internationaux… S’ajoutent à cela d’autres domaines pour lesquels l’UE soutient, coordonne ou complète l’action des pays de l’union : la santé publique, l’industrie, la culture et le tourisme, la coopération administrative…
Concrètement, cela prend la forme d’un impact considérable dans notre quotidien : labels de produits alimentaires qui régissent la composition de nombreux produits et leur provenance (AOP, IGP, label agriculture biologique…), normes de fabrication d’objets, règlements commerciaux ou encore aides multiples.
La PAC, ou politique agricole commune, est l’une d’elles. Mais l’UE a bien d’autres politiques d’aides en faveur des états. Feder (Fonds européen de développement régional), programmes Interreg ou FSE (Fonds social européen), les opportunités sont multiples et touchent collectivités, associations comme particuliers.
Pour l’ensemble des acteurs présents à la Maison de l’Europe, c’est d’ailleurs cette aide financière de la part de l’UE qui est d’abord mise en avant. Raoul Daubresse est coordinateur du programme Interreg Life Anthropofens pour le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. Son projet vise à la restauration des tourbières des Hauts-de-France et de Wallonie (Belgique). « 60 % du budget est européen, confirme-t-il. C’est aussi un levier d’action qui permet de débloquer plus facilement d’autres subventions. »
Grâce aux financements européens, le conservatoire et ses partenaires étrangers peuvent mettre en place des actions scientifiques pour mieux comprendre les tourbières. Le conservatoire effectue aussi des actions de restauration pour préserver ces espaces menacés qui sont pourtant des réserves de biodiversité et des puits de carbone importants à l’heure de la transition écologique. Les gains en termes de communication sont également majeurs.
« Quand on est une commune de 10 000 habitants, on va chercher les subventions un peu de partout » explique de son côté Jessica Tanca, adjointe à l’enseignement à Aniche dans le Nord. Grâce aux fonds européens, la municipalité du Douaisis a pu mener un projet de réhabilitation et de rénovation énergétique de son école maternelle Marcel Cachin. 170 000 euros d’aides via le Feder sur un budget total de 3,7 millions d’euros.
Autre témoin, Michel Delille est agriculteur basé à Brunémont (Nord). Il estime que « les agriculteurs vivent d’Europe. D’un côté, elle va nous aider, de l’autre elle va nous fliquer. » Selon lui, beaucoup d’agriculteurs, installés en bio comme lui ou non, n’existeraient pas sans les aides de l’Union Européenne. Récemment par exemple, le Feder a pris en charge 60 % d’un investissement qu’il a dû consentir pour l’achat d’un frigo.
Comme l’ensemble des témoins, il évoque pour autant les difficultés d’accès aux financements, « la paperasse » qui l’occupe 7 à 8 heures par semaine selon ses estimations, et les dossiers PAC, pas une mince affaire. Une « grosse période de l’année » pendant laquelle il est aidé par un comptable.
Son témoignage rejoint les propos de Raoul Daubresse ou Jessica Tanca. Tous évoquent l’ingénierie nécessaire au montage de projets. « Il faut connaître les subtilités de l’UE » et faire preuve « d’une rigueur extrême » concède le premier. « C’est très compliqué pour monter les dossiers » explique simplement la deuxième, notamment pour les plus petites collectivités qui ne disposent pas de moyens humains dédiés.
Malgré tout, pour tous les témoins présents à la Maison de l’Europe, l’Union Européenne va permettre de « faire mieux et plus ». « Quelle que soit l’exploitation agricole, l’Europe est présente », illustre ainsi Michel Delille. Avant de conclure : « Un agriculteur qui ne vote pas aux élections européennes, je ne comprends pas. Et même en tant que citoyen ! »
Kévin Saroul