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Six enfants âgés de 0 à 6 ans ont emménagé dans une maison de Roubaix. Des enfants pour lesquels une décision de justice a été rendue pour qu’ils soient placés car le maintien dans leur milieu familial pouvait les exposer à un danger.
Dans le Nord, 11 000 enfants sont concernés, 1 000 de plus sur un an. Une « hausse préoccupante » que Christian Poiret, le président de Département, explique par le « département hors-norme » qu’il gère, le plus peuplé de France avec 2,6 millions d’habitants.
En parallèle, la collectivité est confrontée à une pénurie de professionnels de l’enfance et au départ en retraite de familles d’accueil. « Nous manquons d’assistants familiaux », regrette le président du Nord. Un constat qui ne risque pas de s’arranger puisque « 30 % d’entre eux ont plus de 60 ans et que l’on fait face à un manque de vocation dans ces métiers ». Ces deux dernières années, le Département indique avoir pris des mesures « pour créer plus de 400 places supplémentaires en établissement, d’ouvrir 380 places en accueil familial et de mettre en place plus de 630 mesures d’accompagnement à domicile ». Mais cela reste insuffisant : 243 petits Nordistes qui devraient être placés ne le sont toujours pas…
Face à l’urgence, le Département a cherché des solutions. Il a été décidé de procéder à un inventaire des logements de fonction des collèges, dont le Département est le propriétaire : « Sur 400 logements, 80 sont inoccupés ». Le Département a donc lié un partenariat avec l’Éducation nationale pour mettre ces logements à disposition de l’Aide sociale à l’enfance. Une première en France !
C’est ainsi que six enfants prennent leurs nouvelles marques depuis mi-avril dans un désormais ex-logement de fonction d’un collège roubaisien.
« 15 000 € ont été investis pour tout réaménager. Il y a des chambres, une cuisine, un salon, une infirmerie qui sert également de bureau à l’équipe. Ils sont comme à la maison », insiste Christian Poiret. Les enfants sont entourés par une équipe pluridisciplinaire (entre trois et quatre personnes la journée et une personne la nuit) d’éducateurs, psychologues, maître de maison… « Ces professionnels accompagnent les enfants dans leur quotidien, les font grandir, les aident à surmonter la souffrance liée à leur situation, mais sont aussi là pour tenter de recréer des liens avec les parents », explique Corinne Nurchi, directrice générale de GAP (Groupement des associations partenaires qui œuvre pour la protection de l’enfance et de l’adolescence en difficulté). Car ces enfants resteront placés « jusqu’à ce qu’ils volent de leurs propres ailes ou en attendant que les parents “grandissent” car c’est bien d’avoir des enfants mais il faut pouvoir les éduquer », souligne le président du Nord. Un dispositif qui revient à 500 000 € par an au Département.
D’ici fin juillet, huit maisons de ce type devraient ouvrir leurs portes à Roubaix, Tourcoing, Aniche, Condé-sur-l’Escaut, Linselles, Raismes et Thumeries pour créer 68 places.
Mieux, mais pas encore assez : « Mon objectif est d’arriver à 30 enfants sans solution de placement car il y a toujours un temps entre la décision du juge et le moment où une solution est trouvée », avance Christian Poiret.
Ce dernier espère avoir l’aide de l’État dans cette mission : « La protection de l’enfance devrait être une cause nationale. J’ai besoin que l’État participe. » Selon ses calculs, pour pouvoir placer les 243 enfants sans solution aujourd’hui, le coût reviendrait à 10 millions d’euros. « J’ai évoqué le problème avec Catherine Vautrin, ministre des Solidarités, en lui proposant que l’État participe à hauteur de 50 % des frais engagés pour cette expérimentation. » Une demande qui reste, à ce jour, sans réponse.
Dans le Nord, « 20 000 enfants sont accompagnés et 11 000 d’entre eux sont placés. 600 millions d’euros sont dédiés à l’enfance, la famille et la jeunesse, un budget en hausse de près de 50 millions d’euros en 2024 », rappelle le Département.
Hélène Graffeuille