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Temps maussade ce vendredi 5 avril matin. Pas un temps pour jardiner, certes, mais pour préparer son jardin, oui ! Jean-Baptiste habite à quelques champs de là, à Cappelle-la-Grande. Il est venu faire quelques achats en vue de s’occuper de son potager, et tombe sur ce petit groupe : quatre lycéens qui lui parlent de test de sol. L’homme a bien constaté que « rien ne pousse dans (s)a terre à moins d’y mettre du terreau », pense que « le papi d’avant a dû bien arroser tout ça de désherbant » et il finit par saluer les jeunes d’un « à tout à l’heure », promettant de revenir avec plusieurs échantillons de terre de son jardin en vue d’analyse.
Les lycéens sont en Terminale Technicien conseil vente univers jardinerie. Cette opération, ils l’ont montée de A à Z, et elle s’inscrit dans le cadre du contrôle continu de formation, qui représente la moitié de la notation du Bac. Comme eux, deux autres groupes ont investi l’allée d’un magasin, à Nieppe et à Hazebrouck. Ces tests de sols proposés gratuitement aux clients du magasin cochent plusieurs cases pédagogiques : l’horticulture, la physique mais aussi la vente avec le contact et le conseil du client. « Ça nous permet d’être dans l’action », formule Noéline. « Et d’être plus à l’aise à l’oral », abonde Chana.
Chana, Simon, Manon et Noéline ont déjà cumulé une quinzaine de semaines de stages tout au long de leur cursus : des rayonnages, ils en ont déjà arpenté. Cette fois, ils ont organisé l’événement dans sa globalité. La partie communication, avec la création d’un flyer déposé en amont dans le magasin ainsi que d’affiches permettant de prévenir les clients qu’en venant avec quelques échantillons de terre de leur jardin, ils pourraient recevoir une analyse immédiate et gratuite sur sa composition – sol argileux, sableux… – et son pH ainsi que des conseils d’amendements pour obtenir la meilleure terre possible. « Si le sol est trop argileux, les racines auront du mal à se faire un chemin. Au contraire, s’il est trop sableux il retiendra moins l’eau, il faudra alors ajouter du compost », liste Noéline. « Oui, de la matière organique en général : fumier, compost, tourbe », complète Chana. C’est Simon qui avance les explications sur le pH : « L’idéal est 7, un pH neutre. Au-dessus, il sera trop basique et on va conseiller aux clients d’ajouter du sulfate de fer par exemple ; en dessous, il sera trop acide et on conseillera d’ajouter de la craie ou de la chaux », explique-t-il en guidant vers le rayonnage ad hoc.
Pour communiquer sur le service proposé ce jour-là, Chana s’est aussi collée à un exercice peu commun : elle a enregistré une annonce, diffusée à intervalles réguliers dans les haut-parleurs du magasin. « On s’était un peu entraînés au lycée et aujourd’hui c’est moi qui étais un peu plus à l’aise sur la voix, l’intonation et l’énergie à mettre. J’ai fait quelques essais et on en a gardé un. » Qui se confond sans problème avec les autres annonces, professionnelles disons, diffusées ce matin-là. Elle a même ajouté sa petite touche en concluant l’annonce d’un “À vous la réussite au jardin”.
Il n’y a pas grand foule en ce jour pluvieux mais deux personnes avaient répondu à l’appel en déposant, au préalable, des échantillons de leur terre pour que les lycéens l’analysent le jour J. Un client est aussi venu à eux. « Un passionné qui avait un potager et une serre. Il faisait déjà des choses mais il voulait en savoir plus sur la composition de ses sols », explique l’un ou l’autre. Verdict : « Une terre limoneuse parce qu’elle est onctueuse et que lorsque je fais un boudin, il se casse », annonce Noéline. Quant à son pH, il est de 8, « à peine au-dessus du pH neutre », observe Simon.
Une opération bienvenue pour le directeur du magasin, Alexis Houziaux, qui y voit « à la fois une façon de transmettre des connaissances aux élèves et d’apporter un service supplémentaire aux clients. Nous avons bien des kits d’analyse des sols mais là c’est gratuit, immédiat et doublé de conseils directs », salue celui qui accueille régulièrement stagiaires et autres contrats professionnels pour ces métiers spécifiques.
Stages que nos quatre lycéens ont confortés, ou non, dans leur voie professionnelle, c’est aussi l’objectif. Si Noéline se voit davantage travailler dans l’alimentation et en particulier la vente directe de produits transformés, Chana et Manon envisagent, elles, un travail plus près des animaux. Une certitude : il y a aura du contact et cet exercice apportera sa petite pierre.
Justine Demade Pellorce