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À vos agendas. Le vendredi 17 novembre prochain, de 10 h 20 à 12 h 10, dans l’amphithéâtre de l’Institut d’Hazebrouck, se tiendra la conférence « Race d’élevage en extinction ».
C’est un quatuor d’intrépides étudiants qui a orchestré l’événement de A à Z. Nell Luce, 20 ans, Reine Legrand, Benjamin Frouchart et Corentin Saint-Machin, chacun âgé de 19 ans. Tous sont en deuxième année d’un BTS analyse conduite et stratégie d’une exploitation, à l’Institut d’Hazebrouck donc, et mènent ce projet dans le cadre de leurs cours de communication.
« Pour ceux qui aiment les animaux, comme nous, ça touche. Je me dis que ma génération connaît des espèces aujourd’hui que les générations futures ne verront potentiellement jamais », entame Benjamin Frouchart. Lui est petit-fils d’agriculteurs, neveu d’un horticulteur. Nell Luce est la seule du groupe à n’être pas issue du milieu, mais elle a grandi proche du monde équin et a eu, avec son amie Reine, l’idée de cette conférence. « Depuis toute petite, je sais que les chevaux de trait sont en voie d’extinction », explique Nell Luce. Elle qui, désormais, souhaite travailler dans le milieu porcin, sait que là aussi, de nombreuses races d’élevage sont en péril.
Les porcs blancs de l’Ouest, le cul noir du Limousin, le porc de Corse… Tant de races qui ne supportent pas les conditions de l’élevage industriel. Elles ont, au contraire, besoin de vivre à l’extérieur, avec une alimentation adéquate.
Concernant les vaches, c’est parce qu’elles n’apparaissent pas suffisamment productives que certaines sont délaissées. Les moutons eux sont tout simplement de moins en moins valorisés.
Grâce à leur conférence, lors de laquelle chaque étudiant va présenter une espèce et deux races (bovin, ovin, caprin, équin), les étudiants d’Hazebrouck souhaitent sensibiliser à cette problématique et impliquer les générations, présentes et futures, d’éleveurs : « Les éleveurs devraient avoir une fonction de préservation des races. Se dire que l’ancêtre d’untel a pu élever une race disparue, ça fait réagir », rappelle Nell Luce, qui promet que si elle devient un jour propriétaire d’un élevage, elle s’attellera à revaloriser ces races.
Tout l’enjeu d’un tel événement, outre le message diffusé et les connaissances techniques acquises, est de savoir s’ouvrir au monde, parler aux autres, hors du seul microcosme agricole. « Si on veut, dans le futur, faire de la vente directe par exemple, il faut savoir communiquer et parler aux gens de l’extérieur », atteste Nell Luce.
La jeune femme, regard sérieux derrière sa monture de lunettes, liste l’ampleur de la tâche. Il a d’abord fallu identifier des intervenants qualifiés « pour qu’ils apportent leur expertise ». Les étudiants ont fouillé les groupes Facebook dédiés à la conservation des races et y ont passé des annonces. Finalement, ils ont retenu quatre « experts » : un reporter animalier du Lot-et-Garonne qui conserve deux races de brebis, un homme qui possède des Rouges flamandes dans les Hauts-de-France, une habitante de Villeneuve-d’Ascq qui a des Trait du Nord et des porcs blancs de l’Ouest. Et enfin, un intervenant qui conserve des races d’âne.
« Si l’on veut des experts de qualité, on se doit de leur payer les frais, c’est-à-dire le déplacement, le logement, la restauration », détaille Nell Luce. Le quatuor a bien tenté le fameux stand de crêpes, mais n’a récolté que 800 euros. « On était loin du compte », regrette encore Nell Luce.
Il a donc fallu trouver des sponsors, certainement la partie la moins plaisante et la plus compliquée du travail. Pour l’heure, deux ont répondu positivement : le Crédit Mutuel et Gènes Diffusion, dont un expert interviendra d’ailleurs lors de la conférence. Il faudra pousser les murs aussi : plus d’une centaine de spectateurs, majoritairement des élèves d’autres classes, ont d’ores et déjà répondu présents.
M L.