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Traverser la France à vélo pour interviewer les maires ruraux : ce sont les devoirs de vacances de deux cousins du Pas-de-Calais (leurs grands-parents communs sont de Séricourt), Étienne et Joseph Ducroquet, 19 et 21 ans. Ces deux étudiants, le premier en sciences politiques à La Catho de Lille et le second en droit public à Paris, ont condensé leur goût pour la politique, la ruralité et le vélo en un projet : l’Échappée tricolore.
Soutenus par quelques sponsors (le restaurant lillois Les Toquées, l’Assemblée des départements de France, les magasins Culture vélo), et par un financement participatif lancé au printemps, ils ont pris la route début août pour tracer une route de 2 000 km à vélo de Metz à Pau. Au total, après l’annulation de quelques étapes, ce sera un peu moins. Mais quand même.
“On voulait faire quelque chose pour mettre en avant la politique locale, raconte Étienne Ducroquet (à gauche sur la photo). Dans les médias, on parle toujours de politique nationale, de promesses non tenues… Un angle peu flatteur.” Le choix du trajet s’est imposé de lui-même : “On apprend à l’école ce qu’est la “diagonale du vide”. Mais ça ne nous plaisait pas comme terme. On l’a renommée diagonale du kiff !”
De leur périple qui a duré tout le mois d’août, les deux jeunes cyclistes tireront 17 vidéos. Ils les publieront une par une à partir de fin septembre sur leur chaîne Youtube, l’Échappée tricolore. D’interviews de maires ruraux en nuits chez l’habitant – “on demandait une place dans le garage… mais le plus souvent on dormait dans un lit !” – ils ont des choses à raconter.
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Comme cette rencontre avec une maire émue aux larmes en racontant la destruction par les flammes d’une maison de sa commune à laquelle elle avait assisté. “Avec les maires, on a beaucoup abordé la ruralité, se souvient Joseph. Ils sont assez optimistes pour l’avenir, mais se sentent mis de côté. Ils espèrent que les métropoles vont arrêter d’aspirer la population. Pour eux, tout est administrativement compliqué. Une commune, par exemple, ne peut pas racheter un fonds de commerce en difficulté si ce n’est pas le dernier de la commune. Ce genre de règle freine l’intervention au lieu de l’encourager.”
Mais certains trouvent des solutions. “Le maire des Voivres, dans les Vosges, a racheté des maisons dans sa commune pour aider des familles à s’installer. Il a mis l’accent sur l’aide sociale, ce qui a soutenu l’économie. De 200 habitants, il est passé à 350, et l’entreprise à succès In’Bô s’y est installée.”
Quant au retour des citadins dans les campagnes après les confinements : “Ils sont partagés. Certains pensent que la dynamique est en train de s’inverser durablement, d’autres estiment que cela concernera surtout les résidences secondaires. Mais tous pensent que pour repeupler les campagnes, il y a besoin d’une impulsion à l’échelon de la politique nationale.”
Lucie De Gusseme