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23-06-2022

Horticulture : Leïla Forte sème de « douces fleurs »

Leïla Forte a toujours aimé offrir des fleurs. Lorsqu’elle a pris conscience de la provenance souvent lointaine de ses bouquets, elle a eu envie de semer sa petite graine pour changer les choses. Aujourd’hui, elle produit des fleurs coupées et s’apprête à s’installer à Raismes.

 Leïla Forte produit des fleurs coupées dans l’Amandinois (59). © Louise Tesse

Elle a eu le déclic il y a quelques années. Vivre au jour le jour, loin de la ville, près du jardin. « Les fleurs ont toujours été une ressource pour moi, remarque Leïla Forte, j’ai toujours aimé en offrir. » Un jour, elle prend conscience de la distance qui sépare la terre sur laquelle poussent les fleurs des bouquets qu’elle achète, pour elle ou pour les autres. Elle se renseigne et une idée commence à germer : créer une coopérative de producteurs de fleurs coupées françaises. Elle connaît la grande distribution – elle y a travaillé une partie de sa carrière – et ses attentes : des volumes suffisants. Elle amorce un changement de vie radical. Elle en a besoin. « Soyons logique, commençons par devenir productrice de fleurs », se dit-elle. En 2019, encore porteuse de projet, elle est la troisième de la région. Il y en a une dizaine aujourd’hui.

Une petite graine

Anne-Emmanuelle Delmotte l’accueille en stage chez elle, à Laventie (62), en mai, « un mois important pour les horticulteurs ». Le métier est physique, pour planter les dahlias, il faut déplacer des volumes de terre. Pour tuteurer la ligne de production et éviter que les fleurs ne « se couchent, se plient, se cassent », il faut installer du grillage.

Elle poursuit son apprentissage avec une immersion en maraîchage, découvre la conduite de tracteur, sème des carottes et plante des courgettes. « Les stages me confirment que j’aime le métier. Je suis toujours friande de découvertes », confie-t-elle. Bulbe, tubercule, vivace, annuelle, bisannuelle : Leïla Forte aime toutes les fleurs et les émotions qu’elles transmettent.

1 000 pieds sur 200 m²

Au printemps 2020, confinée chez elle à Rosult (59) avec ses deux enfants, elle retourne son jardin, achète des bâches, du grillage, fabrique des tuteurs, trouve des échantillons et sème près de 1 000 pieds sur 200 m². Elle veut expérimenter la production. Dahlias, tournesols, lupins, mufliers, campanules fleurissent son jardin. « Il a bien fallu les commercialiser ensuite », raconte-t-elle. Elle communique sur ses bouquets dans les villages alentour et les épiceries bios, crée sa page Facebook « Douces fleurs » et reçoit à sa surprise « un bel engouement. » L’année suivante, elle double sa surface grâce à une voisine qui lui met à disposition un bout de son jardin. Elle investit en matériel, achète terreau, plants et compost.

Quelques ares

Commence à se poser sérieusement la question d’une surface plus conséquente pour se lancer véritablement dans la production de fleurs. Leïla Forte rayonne, sans succès, autour de Rosult en quête de quelques ares à cultiver. « C’est très difficile de trouver de la terre, regrette-t-elle, surtout quand on se lance en agriculture paysanne. »

La situation se débloque au printemps 2022, après près de trois ans de recherche, lorsqu’un terrain de 7 000 m² lui est proposé à proximité du lycée horticole de Raismes. Une telle superficie lui permettra d’embaucher et de produire, cueillir et transformer des fleurs en volume suffisant pour fournir les grossistes, les fleuristes, vendre sur les marchés, en livraison, sur internet, en direct, sur abonnement ou encore proposer des prestations événementielles et des compositions en hôtellerie et restauration. Elle imagine déjà une centaine de variétés et les bouquets qu’elle créera de ces fleurs raismoises.

Acheter des fleurs locales

Depuis le début de son aventure, Leïla Forte a rejoint le collectif de la fleur française (lire notre encadré ci-dessous) qui fédère, accompagne et valorise les producteurs de fleurs locales et de saison. « Je fais un appel aux fleuristes : réveillez-vous, regardez d’où viennent vos fleurs », lance-t-elle.

Elle est animée par les valeurs de consommation qu’elle défend, le fait de « réfléchir à ses actes et leur impact sur l’humanité », elle veut « donner du sens » à ce qu’elle fait. Son but ? « Parler de la fleur locale aux consommateurs. Avec ça, je serais satisfaite de m’être réalisée dans la vie. » 

« Je suis un bouquet de fleurs françaises »

Le Collectif de la fleur française organise, pour la deuxième année, une journée dédiée le dimanche 26 juin pour fédérer, informer, accompagner, diffuser, valoriser, faire rayonner, décloisonner et surtout fêter la fleur française, locale et de saison.

Ateliers, portes ouvertes, banquets sont organisés par les 380 adhérents partout en France. La chasse aux bouquets, initiée en 2021, est renouvelée : 1 000 bouquets déposés dans des lieux publics ont fait le bonheur de passants avec le message « prenez-moi, je suis un bouquet de fleurs françaises » complété par lieu, types de fleurs et nom du producteur.

Dans le Pas-de-Calais, des bouquets se sont cachés à Achicourt, Guemappe et Laventie.

Dans le Nord, cherchez-les dans les environs de Rosult, Sailly-lez-Cambrai, Cambrai, Wattignies, Marcq-en-Barœul.

Pour en savoir plus : collectifdelafleurfrancaise.com.

Louise Tesse

Lire aussi : Animation : Le Pas-de-Calais bourdonne au son des pollinisateurs

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