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Autrefois activité nourricière, aujourd’hui passion, souvent méconnue, la pêche à la ligne est un milieu rassemblant plus de 1,5 million d’adhérents. Ce qui la place comme deuxième fédération Française en termes d’adhérents.
Au cœur de l’Avesnois, le long des berges du canal de la Sambre, zoom sur les actualités de cette pratique millénaire… En 54 ans de pêche, Bruno Paris, président de la société de pêche de Berlaimont-Aulnoye-Leval depuis 2015, a eu le temps de voir évoluer la pratique. Aujourd’hui de nouvelles questions viennent se poser par rapport à l’avenir de cette passion.
Hélas avec les quelques 500 adhérents et 15 bénévoles de son association, ce n’est pas à son échelle que se prennent les décisions : les associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) dépendent d’une fédération nationale de la pêche qui coordonne et subventionne les différentes sociétés tout en s’assurant du respect de la législation qui permet aux AAPPMA d’être subventionnées par les municipalités, de bénéficier d’aides administratives ou encore de former des gardes qui assurent la ” police de l’eau “, surveillent la qualité de l’eau et contrôlent les permis de pêche.
Pour Bruno Paris, c’est justement le coût de ce permis qui ferme le milieu aux seuls passionnés prêts à débourser les 80 euros annuels pour pouvoir pêcher. “Quelqu’un souhaitant seulement s’essayer à la pêche ne dépensera pas une telle somme”, estime-t-il. Il existe bien des permis journaliers mais, là encore, le prix est prohibitif. “C’est le même prix que celui demandé pour une journée de pêche à la truite en étang privé où le pêcheur sera assuré de revenir avec au moins une ou deux truites”, affirme-t-il.
Les sociétés de pêche doivent donc assurer une mission de protection des milieux aquatiques (PMA). Elles travaillent notamment sur deux sujets : la lutte contre les dépôts sauvages et celle contre les nuisibles. “Nos associations ont de quoi se sentir bien impuissantes devant ces deux problématiques, déplore le responsable. La principale difficulté avec les dépôts sauvages est que n’étant que locataires des berges, nous ne pouvons pas déposer plainte. Nous pouvons seulement en référer aux voies navigables de France (VNF) et aux municipalités”.
La présence de certaines espèces pose aussi problème aux pêcheurs. “Il y a notamment les cormorans qui dévastent nos frayères et sont protégés par une loi, comme tous les oiseaux de nos littoraux, ce qui rend difficile l’obtention de quotas de chasse”, souligne Bruno Paris. Viennent s’ajouter les espèces piscicoles invasives comme les gobies à taches noires qui envahissent les cours d’eau, au détriment de la faune existante. “Depuis la réouverture de nos canaux à la navigation, les gobies suivent les plaisanciers depuis la Hollande et la Belgique et pullulent dans nos canaux, y trouvant des conditions de reproduction favorable “, désespère le pêcheur.
Un point positif cependant : ” La qualité de l’eau s’est nettement améliorée depuis les 40 dernières années, permettant le retour d’espèces comme les chevesnes et les goujons”, constate le pêcheur.
Au-delà de la création de frayères artificielles et de l’entretien des berges, “la principale mission des AAPPMA est la transmission”, martèle le président. Cette transmission des techniques et des valeurs aux plus jeunes passe par exemple par des animations pêche avec les centres aérés.
“Si l’on veut que des décisions soient prises dans le sens de nos sociétés de pêche, il faudrait qu’elles aient un poids politique, aujourd’hui quasiment inexistant”, considère Bruno Paris. Pour lui, l’absence de ce poids politique est essentiellement due au fait que “la pêche est un loisir populaire, contrairement à la chasse par exemple qui, du fait de son coût plus élevé, s’est développée au sein de certaines élites ayant plus d’influence”.
Bastien Lekieffre
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