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05-02-2021

Petit guide pour reconnaître quelques-unes des plantes exotiques envahissantes des Hauts-de-France

Le conservatoire botanique national de Bailleul (59) vient de publier la troisième édition de son guide des plantes exotiques envahissantes des Hauts-de-France. Exemples, photos à l’appui, de certaines espèces qui posent ou pourraient poser problème aux écosystèmes de la région.

Arrachage jussie ©Aymeric Watterlot
Les plantes exotiques envahissantes peuvent menacer tout un écosystème et nécessiter une mobilisation rapide comme ici avec un arrachage de jussie. © Aymeric Watterlot

Quatorze espèces envahissantes supplémentaires en 10 ans dans les Hauts-de-France. C’est le constat de la troisième édition du guide des plantes exotiques envahissantes, publié par le Conservatoire botanique national de Bailleul (59).

Ce guide réunit 34 espèces (ou groupes d’espèces) de la flore, considérées comme exotiques envahissantes. Elles sont envahissantes du fait des impacts importants qu’elles occasionnent sur les activités humaines. Ou encore parce qu’elles représentent une menace potentielle pour les habitats, les espèces indigènes les plus sensibles et par leurs impacts sanitaires. Une dizaine d’autres espèces, souvent moins connues mais considérées comme pouvant être problématiques sont présentées de manière plus succincte.

« Chaque fiche revient sur les définitions et caractéristiques des plantes envahissantes, explique Benoit Delangue, chargé de mission scientifique au conservatoire et référent sur les plantes exotiques envahissantes. Les espèces ajoutées sont essentiellement émergentes à surveiller. Il s’agit de la landoltie ponctuée, qui ressemble beaucoup aux lentilles d’eau, de la lindernie fausse gratiole, ou encore de la wolffie de Colombie.« 

Bref tour d’horizon de quelques-unes de ces espèces à mieux identifier pour espérer pouvoir contenir leur propagation.

L’ambroisie à feuilles d’Armoise

Le pollen hautement allergisant de l’ambroisie à feuilles d’Armoise fait d’elle l’une des plantes exotiques envahissantes les plus médiatisées en France ces dernières années. Dans le nord-ouest de la France, l’ambroisie à feuilles d’Armoise est rarement observée et, qui plus est, de manière fugace. La plante a longtemps été confondue avec l’armoise bisannuelle (Artemisia biennis). Son aire de répartition actuelle est probablement plus étendue.

Ambroisie à feuilles d'Armoise
Ambroisie à feuilles d’Armoise. © CBNB

L’ambroisie à feuilles d’Armoise est une plante haute de 20 cm à 1,20 m, à port buissonnant. Ses feuilles à limbe triangulaire sont opposées au niveau de la base de la tige et deviennent alternes dans le haut de la plante. Leur limbe est découpé jusqu’à la nervure et recouvert d’un revêtement peu dense de poils. Elle produit des inflorescences terminales en forme d’épis dressés, exclusivement composées de fleurs mâles. Les fleurs femelles sont quant à elles disposées plus bas dans la plante, à l’aisselle des feuilles supérieures.

La balsamine de l’Himalaya

La balsamine de l’Himalaya, également appelée balsamine géante ou impatience de l’Himalaya, est une plante herbacée annuelle. Comme son nom l’indique, elle est originaire d’Asie centrale et orientale. Elle est présente dans la quasi-totalité des bassins hydrographiques. Sa distribution actuelle exacte est à préciser mais l’espèce semble être en extension. 

Balsamine de l'Himalaya
Balsamine de l’Himalaya. © JC Hauguel

C’est une plante robuste et haute d’un à deux mètres. La tige est rougeâtre, dressée et peut présenter des racines adventives. Les fleurs sont longues de 2,5 à 4 cm, pourpres ou rarement blanches, à éperon fortement courbé. Les feuilles sont opposées ou groupées par trois et on observe des glandes à la base du pétiole. Les fruits sont des capsules longues de 2 à 4 cm de long.

La production par la balsamine de l’Himalaya de très nombreuses graines lui permet une grande capacité de propagation. Celle-ci peut également être associée à une capacité de bouturage lorsque des fragments sont emportés par les flots ou lors des crues. Ce qui permet à la plante de coloniser rapidement l’ensemble des berges d’un cours d’eau.

La berce du Caucase

La berce du Caucase est une grande ombellifère originaire du massif montagneux éponyme. Elle a été introduite en Europe du Nord et de l’Ouest au XIXe siècle. Elle fut d’abord cultivée comme plante ornementale dans les jardins botaniques d’où elle s’échappa. Après une période de latence de près d’un siècle, elle révéla son caractère invasif à partir du milieu du XXe siècle.

Berce du Caucase
Berce du Caucase. © G Villejoubert

La berce du Caucase est assez répandue et est présente dans de nombreuses localités. Sa première observation dans les Hauts-de-France date de 1960. Elle est généralement cantonnée dans les villages ou le long des axes routiers.

Cette plante peut atteindre 3,5 m de hauteur ce qui en fait la plus grande plante herbacée d’Europe. Elle présente une tige épaisse et creuse pouvant dépasser 10 cm de diamètre. Ses feuilles sont profondément découpées en trois ou cinq divisions, irrégulièrement lobées et bordées de dents aiguës. Elles mesurent généralement de 50 cm à 1 m de longueur avec un pétiole à section cylindrique ponctué de taches rouges. Ses fleurs blanches sont disposées en ombelles. Elles sont constituées de plus de 50 rayons qui atteignent 50 cm de diamètre. Ses fruits, longs de 10 à 14 mm, sont bordés de poils hérissés.

La berce du Caucase se reproduit uniquement par la voie sexuée et se dissémine donc exclusivement par les graines qu’elle produit (plus de 10 000 par individu). La plante colonise de nouveaux espaces soit de proche en proche lorsque les graines tombent au sol, soit à plus grande distance lorsqu’elles sont emportées par l’eau (notamment lors des crues), par le vent, les engins agricoles (pneumatiques) ou sous les semelles des chaussures.

Les jussies

Plantes amphibies originaires d’Amérique du sud, la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) et la jussie de Montevideo (Ludwigia peploides) ont été introduites dans les années 1820 dans le sud de la France afin d’agrémenter le jardin des plantes de Montpellier. Leurs qualités esthétiques ont par la suite conduit à leur commercialisation comme plantes d’ornement pour les plans d’eau et les bassins. Grâce à leur capacité de croissance très rapide, ces espèces forment rapidement des herbiers étendus et compacts. Ils échappent rapidement à tout contrôle et sont capables de coloniser puis d’envahir littéralement les milieux naturels. Au cours de ces trois dernières décennies, les jussies se sont rapidement propagées dans les zones humides.

Jussie à grandes fleurs
Jussie à grandes fleurs. © A. WATTERLOT

Les jussies sont des plantes amphibies enracinées munies de feuilles alternes ovales au niveau des parties immergées et des rosettes flottantes. Les tiges érigées présentent des feuilles lancéolées et produisent des fleurs à pétales jaunes longs de 10 à 23 mm. Les feuilles sont parcourues de nervures blanches, caractéristiques. 

Lire aussi notre article sur les jussies dans le marais audomarois

Le robinier faux-acacia

Le robinier faux-acacia est un arbre originaire d’Amérique du nord qui fut importé en Europe au XVIIe siècle. Exploité traditionnellement pour son bois très résistant et fréquemment planté dans le cadre de projets de re-végétalisation, il s’est largement naturalisé sur l’ensemble du territoire national. Son exploitation est plus que jamais d’actualité afin de répondre notamment aux besoins de la filière  » bois énergie  » et de la construction de mobilier de jardin en substitut des bois exotiques tropicaux. Pour autant, le robinier représente aujourd’hui une menace pour la flore sauvage et certains habitats naturels parmi les plus sensibles.

Robinier faux acaccia
Robinier faux acacia. © JC Hauguel

C’est un arbre portant des rameaux épineux et pouvant atteindre 30 m de hauteur. Son écorce, de couleur gris-brun, est profondément crevassée. Ses feuilles sont composées, de 3 à 10 paires de folioles entières mesurant de 2 à 5 cm de long. Les fleurs sont blanches, très parfumées, regroupées en longues grappes pendantes de 10 à 20 cm de long. Les fruits sont des gousses plates, longues de 5 à 10 cm.

Le rosier rugueux

Le rosier rugueux est originaire d’Asie de l’est. Ses populations se répartissent entre la Chine, le Kamtchatka et le Nord du Japon. Il a été introduit en Europe à la fin du XVIIIe siècle. Il s’est d’abord naturalisé en Allemagne au XIXe siècle, puis successivement dans la plupart des pays du Nord du continent. On le retrouve aujourd’hui le long des côtes de la mer du Nord et de la mer Baltique. Il s’est par la suite montré très envahissant. Il représente aujourd’hui une menace pour la flore indigène et les habitats des dunes littorales.

rosier rugueux
Le rosier rugueux. © JC Hauguel

Le rosier rugueux est un petit arbuste rhizomateux à port buissonnant atteignant 1 à 2 m de hauteur. Ses tiges sont densément recouvertes d’aiguillons droits, de taille variant entre 3 et 10 mm. Les feuilles, de 8 à 15 cm de longueur, sont composées de cinq à neuf folioles dont le limbe est nettement gaufré à rugueux et fortement pubescent à la face inférieure. Il produit des fleurs parfumées de couleur blanche à rose foncé d’un diamètre compris entre 6 et 9 cm. Les fruits, plus larges que longs et d’un diamètre de 2 à 3 cm, sont charnus et de couleur rouge vif.

Claire Duhar

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conservatoire botanique de Bailleul environnement flore risque

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