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Regard doux, dos hirsute. Nid à pics ou à tics ? Le hérisson n’en est pas à une contradiction ni à une approximation près. Pourtant considéré comme une espèce commune, le mammifère nocturne est bien mal connu de ses voisins périurbains. Pour le remettre sur le devant de la scène, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) lui déroule cette année le tapis vert en le consacrant espèce 2020.
Derrière son air bonhomme se cache « l’un des chefs-d’œuvre les plus aboutis de la nature », décrète la LPO. Son armée d’épines dorsales est aussi flexible que résistante et un muscle « annulaire » lui permet de tenir de longues heures recroquevillé.
Côté intestin, le hérisson a aussi la dent dure, avec une exceptionnelle résistance aux bactéries mortelles pour les autres espèces, lui permettant d’éviter la concurrence sur nombre de mets. Avec si peu d’interdits alimentaires, son menu, est, forcément, long comme ses pics : vers de terre, mollusques en tout genre le régalent par temps humide, mais chenilles, coléoptères et grillons font aussi d’excellentes collations. Avec son goût prononcé pour les invertébrés, c’est « un super allié dans le potager », confirme Cédric Beaudoin au Groupement ornithologique et naturaliste du Nord (GON).
À la recherche de lieux préservés, riches en biodiversité, le hérisson est un adepte des écotones, « des lisières de forêt, des bocages, analyse Arnaud Boulanger au GON, un peu comme les écureuils, car ce sont des milieux très diversifiés ». Mais aussi des jardins périurbains : pelouses, potagers et composts font son affaire, malgré la proximité des humains. Si ce milieu de vie est satisfaisant pour le moment, « cet exode rural se traduit par une fragmentation et un isolement des noyaux de peuplement. Le début de la fin pour une espèce », indique Philippe Jourde, naturaliste, dans une de ses publications sur l’animal.
Notre hérisson serait-il menacé ? « C’est encore difficile de quantifier les populations, car si l’animal est très souvent observé dans la région, c’est qu’il bénéficie d’un important capital sympathie », analyse Arnaud Boulanger. Mais surtout, élément inquiétant : « Dans 60 % des cas d‘observation, les hérissons sont morts, écrasés, lâche-t-il. Si le hérisson est encore présent partout, c’est sa densité qui est menacée, on arrivera bientôt au seuil critique. »
Véritable espèce « parapluie », « le hérisson est un très bon indicateur de biodiversité, il faut se réjouir si on en croise un ! », indique Arnaud Boulanger. Pour espérer les observer, de loin, sans les toucher bien sûr, on pourra favoriser des espaces de libre évolution au jardin, sans tonte, avec des tas de branches qui pourront servir de gîtes. « N’hésitez pas à en prévoir plusieurs, les hérissons, sujets aux parasites, aiment changer d’habitat ! » Éviter les antilimaces, ce sont eux qui s’en chargent, et bien prendre garde la nuit : le hérisson est nocturne et traverse sans regarder ! « Surtout, en cette période de reproduction et avec les petits », prévient Arnaud Boulanger.
Agathe Villemagne avec la LPO (Découvrez les actions de la LPO pour le hérisson et l’article qui lui est consacré sur l’Oiseau mag, en lecture gratuite exceptionnelle).