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Un savon surgras à l’huile de sésame, un savon hydratant au beurre de karité et un savon à barbe qui peut aussi faire office de shampoing solide. Le tout saponifié à froid localement, dans les Weppes, sans huiles essentielles, avec des emballages biodégradables. Et une composition la plus simple possible. La gamme de savons lancée par Antoine Waymel mi-2020 sous le nom Bulles en Weppes a un objectif : avoir la meilleure tolérance possible, pour la planète comme pour l’épiderme.
Le savon, Antoine Waymel a découvert ses secrets de fabrication lors d’un atelier à Nions, dans la Drôme, il y a quelques années. « J’adore cuisiner. Le processus de fabrication du savon ressemble à de la cuisine : il faut être concentré, précis dans les doses… Et puis, c’est un produit qui revient en force. Le gel douche c’est agréable, mais ce n’est pas plus économique car on a tendance à le surdoser et on surconsomme. Sans parler des emballages plastiques ! »
Après s’être formé fin 2019 à Paris, et une étude de marché avec la chambre des métiers de Lille lui confirme que la voie est libre. Il décide de s’installer dans les Weppes, au sein de l’ancienne ferme familiale où vivent toujours ses grands-parents. “ Je ne voulais pas empiéter sur le territoire d’un confrère ou d’une consœur “, explique l’entrepreneur.
Il réussit à lever 4 500 € de précommandes sur le site Ulule pendant le premier confinement. Il en profite pour réaliser plusieurs sondages et se fixer une charte : zéro déchet, circuits courts, huiles végétales bio, traçabilité…
« On m’a souvent demandé si je faisais des savons sans huiles essentielles, compatible avec un allaitement ou une grossesse. Du coup, j’ai décidé de sortir une gamme sans parfum. Après tout, ce n’est qu’un plaisir olfactif qui dure deux secondes sous la douche… » Car si les huiles essentielles parfument, elles peuvent aussi être très allergisantes. Et comme le martèle l’artisan savonnier : « On ne se lave pas pour se parfumer : on se parfume après s’être lavé ! »
Traçage des ingrédients, validation des recettes… La fabrication d’un savon est un processus très contrôlé. Rien de nouveau pour cet ancien chargé de supply-chain chez le semencier Saaten Union, dans l’Oise, rompu aux formalités du contrôle qualité. « Pendant sept ans, j’ai assuré le suivi de lots de céréales certifiés, de l’assemblage en usine à la livraison, raconte le quadragénaire. La traçabilité, je connais. »
Un processus rigide qui lui a d’ailleurs joué des tours. « La sortie officielle de mes premiers savons a été retardée de quatre à cinq mois. Je devais faire certifier mes recettes par un toxicologue. Mais pendant plusieurs mois, ils ont tous été trop occupés à vérifier les recettes des gels hydroalcooliques ! »
En septembre dernier, il peut enfin commencer sa vente en ligne sur Shopify, un site de vente en ligne pour les petits créateurs, ainsi que sur les marchés : Cysoing, le mardi matin, Salomé, le mardi après-midi et vendredi matin, Santes, le mercredi après-midi, La Bassée, le jeudi matin, et Billy-Berclau, le dimanche matin…
Entre ses étals et son atelier de fabrication à Hantay, ses semaines sont bien remplies. Il a quand même trouvé le temps de concocter quelques innovations.
La première, disponible d’ici peu, c’est Chtite zouzoute. Un savon printanier qui contiendra de l’huile de lin et une formule ultra-moussante. « Je veux en faire un souvenir à emporter des Hauts-de-France », annonce-t-il.
Autre idée : baser sa production sur un système de précommandes, en entrant dans un réseau de distribution local. Il va même plus loin. « Les clients pourraient, par exemple, parrainer une chèvre, et en échange obtenir des savons faits avec son lait ». Avis aux producteurs locaux de lait d’ânesse ou de chèvre, partants pour un partenariat.
Il a également des plans pour cet été : partir dans un « soap truck ». Une camionnette itinérante, proposer savons et cosmétiques naturels le long de la côte. Objectif : « aller à la rencontre des touristes, qui auront besoin de se changer les idées ». Car c’est bien connu, avec quelques bulles, tout est plus léger…
Lucie De Gusseme