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Denis Bollengier est agriculteur en polyculture élevage de volailles à Esquelbecq (59). Il a pris la présidence régionale de la Fredon en 2022. Parmi ses autres fonctions, il est aussi vice-président au niveau national et président de la SAS Expelia qui regroupe l’ensemble des activités d’essais du syndicat. À 60 ans, il défend l’importance de la lutte, notamment à travers des méthodes alternatives.
La Fredon, pour Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles, est un syndicat de défense sanitaire. Créé en 1931 à l’échelle nationale pour faire face au phylloxéra de la vigne et au début des années 80 dans notre région lors de l’épidémie de Feu bactérien des rosacées. Le syndicat professionnel fonctionne comme une association, avec un conseil d’administration. Chaque région possède sa Fredon. Et depuis la fusion, nous sommes implantés sur deux lieux historiques : Loos-en-Gohelle (62) et Amiens (80). Nous sommes également répartis sur l’ensemble du territoire, à travers une dizaine de GDON (groupements de défense des organismes nuisibles). Une quarantaine de salariés, des ingénieurs ou des techniciens, forment un réseau d’experts. Nous avons également des outils à disposition comme la clinique du végétal, dans nos locaux du Pas-de-Calais, où près de 300 000 insectes sont manipulés chaque année.
En résumé, notre mission est de veiller sur la santé du végétal, de l’environnement et des hommes. Un système global que nous résumons par « Une seule santé ». Pour ça, nous reposons sur un triptyque : surveillance, prévention et lutte quand il y a lieu. Nous veillons à la qualité sanitaire, pour la protection de la qualité des productions et des sols. Nous veillons à la préservation du patrimoine naturel aussi.
Tout le monde ! Les agriculteurs évidemment, mais pas seulement : les arboriculteurs, les pépiniéristes, les collectivités et même les particuliers. Tous ceux qui sont détenteurs de plants. Voyez la berce du Caucase : une plante exotique envahissante et toxique. Très allergisante, elle a été introduite à des fins ornementales et on peut la retrouver un peu partout. Or elle peut provoquer des brûlures au troisième degré : tout le monde est concerné. L’activité humaine ou naturelle, les oiseaux ou les cours d’eau peuvent favoriser la prolifération. Nous faisons en sorte que les écosystèmes restent équilibrés, avec toujours cette notion de santé humaine en tête.
Nous avons quatre axes. L’inspection sanitaire d’abord : nous sommes mandatés par divers organismes de l’État pour surveiller le territoire. Pour ça nous prélevons notamment des échantillons de terre ou de productions chez les agriculteurs.
Cette veille, pour laquelle nous sommes accrédités Cofrac et pour laquelle nous devons très régulièrement prouver notre indépendance et notre impartialité, représente 25 % de notre activité.
Le deuxième axe est l’épidémio-surveillance. En réseau, en complémentarité avec les chambres d’agriculture par exemple, nous observons les organismes et leur évolution. Des données qui permettent par exemple de rédiger le Bulletin de santé du végétal (BSV).
Nous réalisons effectivement des essais pour des organismes tiers sur deux sites : une parcelle dans une école à Amiens et la principale à Auchy, près de notre siège de Loos-en-Gohelle : 15 hectares.
Enfin, nous faisons de la recherche et développement en réponse aux besoins des filières végétales.
Nous nous penchons notamment sur les notions d’agroécologie depuis 40 ans, en cherchant des méthodes de lutte alternative aux utilisations de produits phytopharmaceutiques.
Une dizaine de programmes et une centaine d’études nous occupent chaque année.
Sur ces questions nous travaillons beaucoup avec la Région, les Départements, l’Agence de l’eau ou encore l’Office français pour la biodiversité (OFB).
Nous pouvons, par exemple, nous pencher sur le choix variétal de pommes de terre résistantes au stress hydrique pour le Nord ou nous pencher sur un problème d’acariens sur des houblons en cherchant la meilleure méthode de lutte alternative.
Nous nous penchons sur tous les organismes réglementés, et plus particulièrement sur les pommes de terre, avec une surveillance accrue des nématodes dans les sols, et des bactéries en général. Et voyez les doryphores, je n’en avais jamais vu dans mes champs jusqu’à il y a dix ans or aujourd’hui… On n’a pas encore de moyens de lutte, on y travaille.
Mai 2022. Il prend la présidence de la Fredon Hauts-de-France.
Juin 2022. Il devient président d’Expelia, SAS regroupant les essais des Fredon au national.
Juillet 2022. Il est élu vice-président de la Fredon France.
Propos recueillis par Justine Demade Pellorce
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L’assemblée générale de la Fredon Hautsde-France se tiendra lundi 26 juin, à 14 h, à l’Institut Saint-Éloi à Bapaume.