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Avec son club, Édouard Daillet était en passe de rejoindre l’élite du football français. L’Union sportive Boulogne Côte d’Opale (USBCO), troisième du championnat de National de la saison 2019-2020, termine aux portes de la Ligue 2. Une progression stoppée nette par la propagation de l’épidémie de Covid-19 en France.
À l’annonce du confinement et de la suspension de la saison de foot, le sportif a fait “le choix du cœur”, selon ses propres mots. Avec sa femme et son fils, ils ont pris la direction de la Creuse, à 650 kilomètres du Pas-de-Calais, pour rejoindre la ferme familiale. Un havre de paix, loin de la compétition.
Depuis la mi-mars, Édouard Daillet est donc confiné au milieu des prés. Un retour aux sources qui n’est pas pour déplaire au défenseur central, son poste au sein de l’équipe. “Quand je coupe du foot, c’est un besoin vital pour moi de retourner sur l’élevage de ma famille. J’ai grandi ici, entouré de vaches et de verdure. Je ne vais pas renier mes racines. La ferme symbolise pour moi des valeurs, la liberté, l’air pur… J’aime y revenir. »
Un goût pour la campagne que ce fils d’agriculteurs garde depuis bien longtemps malgré son parcours et sa passion pour le football. “J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de 6 ans, au club de Guéret (23). Dès 13 ans, j’ai dû quitter ma famille pour le pôle espoir de Châteauroux (36) où j’étais en internat. Depuis, je pense foot, je mange foot et je dors foot. J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion mais, en parallèle, mon attachement à l’agriculture est toujours resté !” Même le long de la ligne de touche, après les matchs, Édouard Daillet parle ruralité et terroir. “Mon père a fait la connaissance d’Antoine Mantel, éleveur à Neufchâtel-Hardelot (62), lors d’une vente bovine à Limoges (87). Depuis, je le croise de temps en temps au stade de Boulogne et il m’a fait visiter son élevage.”
Alors, dès qu’il a quelques jours de repos, dans un planning déjà bien chargé, Édouard Daillet troque les crampons pour les bottes, notamment l’été, à l’intersaison. Histoire de recharger les batteries dans sa contrée natale.
Confinement oblige, c’est cette fois-ci pendant deux mois que le footballeur est resté à la ferme, située dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine. Un environnement idéal pour garder la forme tout en donnant quelques coups de main à ses parents, éleveurs de vaches limousine, race typique de cette région.
Le troupeau de la famille compte 385 bovins. “Une partie d’entre eux, en engraissement, est destinée à la filière bouchère, l’autre à la valorisation génétique de l’élevage (reproduction, ndlr) », souligne Édouard Daillet, en fin connaisseur. Aussi à l’aise sur les pelouses des stades que dans la prairie, il participe volontiers aux soins des animaux. “En ce moment, c’est la mise à l’herbe. Nous avons donc fait un tri dans les vaches. Les travaux des champs vont aussi s’accélérer. Je vais prendre le tracteur pour soulager un peu mes parents.” Entre deux programmes personnels d’entraînement qu’il s’impose avec le ballon rond, le champion aide également à la coupe du bois qui servira à chauffer les lieux l’hiver prochain.
Un quotidien qui lui permet de surcroît de se maintenir en bonnes conditions physiques. “Mes proches me disent souvent “attention à toi, surtout ne te blesse pas”, mais j’adore participer à la vie de la ferme, tout en prenant des précautions.”
Lorsqu’on lui demande si une installation sur l’exploitation familiale est envisagée, Édouard Daillet préfère jouer la montre. “C’est vrai que quand on voit ses parents travailler durement et s’investir autant, on y pense. Ma sœur, Flavie, est motivée pour reprendre avec eux. Ça fait plaisir, car ils pensaient que ça allait plutôt être moi, sourit le jeune homme de 27 ans. De mon côté, je me laisse encore du temps, j’espère pouvoir jouer à haut niveau encore six ou sept ans, mais pourquoi pas, en reconversion du foot…” Advienne que pourra pour cet amoureux des terrains et de la terre.
Simon Playoult