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Laurent Degroote : « L’atout de la région est le même que sa fragilité : l’humain »

12-05-2023

Actualité

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Laurent Degroote achève son deuxième mandat à la présidence du Ceser, le Conseil économique, social et environnemental régional.

Laurent Degroote, président du Ceser Hauts-de-France © J. D. P.

Après une vie dans et pour le développement du territoire, Laurent Degroote porte un regard lucide mais confiant sur la région.

D’abord, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Ceser ?

Le Ceser, Conseil économique, social et environnemental régional, est le représentant de la société civile. Pour ça, les délégués des corps intermédiaires forment trois collèges : le monde économique (organisations patronales, chambres consulaires, fédérations…), le monde social (syndicats, mutualités…) et le monde associatif. Nommés par le préfet, ils représentent 95 % du Ceser auxquels il faut ajouter huit personnes qualifiées nommées. 170 personnes au total siègent au sein de diverses commissions et doivent travailler ensemble en oubliant les postures, parfois les conflits, dans l’intérêt général. L’objectif est d’éclairer les décideurs politiques en donnant un avis sur les questions budgétaires ou de schémas directeurs lors de saisines obligatoires ou en travaillant sur des thèmes comme l’eau ou les énergies, entre autres exemples.

Vous achevez votre deuxième mandat de président du Ceser, quel a été votre parcours ?

Je suis né en 1952 à Hazebrouck (59) dans une famille de brasseurs. Diplômé de l’Edhec Lille, j’ai fait de la coopération avant de monter une entreprise de conception et commercialisation de consommables pour électroménager. Je l’ai vendu au bout de 25 ans à un concurrent qui l’a fait péricliter.

J’ai ensuite repris une société d’emballages mais je me suis surtout engagé. D’abord au Centre des jeunes dirigeants d’entreprises (CJD), dont je suis devenu président national en 1998.

Deux ans plus tard, j’ai pris la présidence nationale du réseau Entreprendre, puis j’ai intégré la chambre de commerce comme vice-président. J’en ai assuré la présidence six mois avant de prendre la tête du Ceser en 2013. J’achève actuellement mon deuxième mandat.

Pouvez-vous nous dresser le portrait des Hauts-de-France ?

La région est riche de sa diversité. Nous avons une culture industrielle forte, une culture portuaire importante et une véritable culture rurale dans certains bassins du Nord-Pas de Calais et dans la plupart de la Picardie.

Une telle diversité permet le développement de l’activité, nous sommes très gâtés mais tout ça n’est pas assez valorisé. Savez-vous par exemple que la région compte la longueur cumulée de canaux la plus importante de France ?

Un atout touristique comme beaucoup d’autres : la diversité des paysages vers Maubeuge ou la richesse historique de l’Aisne, la partie ardennaise du Nord… il y aurait tant à faire. Le tourisme permet notamment de développer une économie résidentielle dans les zones rurales.

Quel regard portez-vous sur les territoires ruraux justement ?

Ils sont les pépites de notre région, pas assez mis en valeur. C’est dans cette idée que nous avons lancé le Prix des solidarités et des dynamiques rurales dont la première édition, en octobre, mettra en avant les initiatives dans les territoires ruraux.

Quels sont les atouts de la région selon vous ?

L’atout de la région est le même que sa fragilité : l’humain. Une population encore très jeune, même si elle est vieillissante, à qui il faut donner envie de rester. Notre histoire nous a donné beaucoup de compétences, nous sommes aussi une des régions les plus riches en écoles supérieures, universités et on ne manque pas de centres de formations. Mais avons-nous l’écosystème qui donne l’envie ou la possibilité à ces jeunes diplômés de rester ? Je crois beaucoup aux écosystèmes qui permettent d’être attractifs et de générer de l’impulsion comme Euratechnologies, Eurasanté ou encore les pôles de compétitivité.

Et ses faiblesses ?

Le manque d’ambition et de mobilité. Entre ceux qui perdent un emploi parce qu’ils refusent de faire 30 kilomètres de trajet ou les jeunes qui atterrissent au lycée du coin parce que c’est le plus proche et ça même si les formations ne leur conviennent pas : nous sommes culturellement dans une absence de projection et d’audace.

Quels sont les grands défis à relever ?

Il faut d’abord faire en sorte d’avoir l’eau et l’énergie suffisantes pour vivre sainement et développer l’activité, il y a pour ces sujets une prise de conscience globale. L’argent n’est pas un problème, il y en a suffisamment en région pour accompagner les projets mais il reste un travail à faire sur l’accompagnement, sur les parcours de formation. Il faut aussi travailler notre fierté, valoriser les réussites.

Pour terminer sur une note positive : quelle dynamique anime nos territoires selon vous ?

Je ne suis pas inquiet pour la région. Ici, les différents mondes politiques, de l’entreprise ou syndical ont l’habitude de se parler et de travailler ensemble, héritage d’une forte culture du syndicalisme social minière puis textile. Ça surprend souvent les observateurs des autres régions. Il faut conforter ça.

Laurent Degroote en quatre dates

1975. Il est diplômé de l’école de commerce Edhec de Lille.

1979-2003. Il est PDG du groupe Kodiac.

1998-2000. Il est président national du Centre des jeunes dirigeants.

Depuis 2013. Il est président du Ceser Hauts-de-France.

Propos Recueillis Par Justine Demade Pellorce

Lire aussi : Ceser : Un prix pour récompenser les projets dans les petites communes

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