Votre météo par ville

« Qui mieux qu’un agriculteur peut parler de l’agriculture ? »

20-02-2020

Actualité

Les rencontres

Passionnée par l’agriculture et l’étude de la société, Valérie Dahm sillonne la France à coups de phrases chocs pour susciter un déclic. Celui d’inciter les agriculteurs à prendre le pouvoir de la communication. Un sujet brûlant.

Valérie Dahm tente de motiver les agriculteurs à communiquer sur leur métier de manière factuelle. © Jerome Fouquet

Invitée par de nombreux organismes agricoles, la journaliste et communicante Valérie Dahm parcourt la France et expose son point de vue sur la communication en agriculture. Lors d’une conférence à Arras (62) fin 2019, devant les producteurs de pommes de terre, cette ingénieure agricole, qui ne manque pas de charisme, a tenté de réconcilier l’agriculture avec la société. 

Néoruraux et agriculteurs, deux mondes opposés

Le constat que dresse Valérie Dahm est indéniable. « On perd de vue l’agriculture. Les agriculteurs sont moins nombreux, on les voit moins dans les villages. Et la population a changé. Les habitants sont souvent des retraités, qui ont vécu en ville, de jeunes couples avec des enfants ou encore des touristes. Tous n’ont pas quelqu’un dans leur entourage qui travaille dans le milieu agricole. »

Alors, les exigences et visions divergent : les uns s’installent à la campagne pour bénéficier d’une meilleure qualité de vie, d’une meilleure alimentation, des services et d’un environnement bucolique, propice aux loisirs.

Tout l’inverse de l’agriculteur qui fait un usage économique de ce décor et qui a un rythme de vie axé sur le travail plutôt que sur les loisirs. « À cela s’ajoute une temporalité différente : les néoruraux sont souvent des salariés, focalisés dans l’immatériel et l’immédiateté. Alors que les agriculteurs sont chefs d’entreprise, travaillent avec du vivant et sur un temps long. »

Des injonctions contradictoires

Vu sous cet angle, les exigences de ces néoruraux peuvent paraître légitimes. Mais ce qu’ils oublient, c’est que les mutations demandent du temps. « Les agriculteurs sont nombreux à faire évoluer leurs systèmes mais sont hésitants. Parce que ce changement représente un risque économique. Être plus respectueux de l’environnement demande du temps, du foncier, de la main-d’œuvre difficile à trouver. Tout cela en restant compétitifs. Et la PAC encourage encore le productivisme. » De quoi devenir chèvre !

En quelques années, les agriculteurs sont devenus les boucs émissaires de la filière agroalimentaire française. Est-ce le résultat de nombreuses années passées dans le silence ? Sûrement. Mais cela ne justifie pas tout. « Il est bien plus facile d’aller exprimer son mécontentement à un agriculteur, seul au bord de son champ, qu’à un industriel dans son bureau, constate Valérie Dahm. Il est ainsi primordial de communiquer sur son métier et ses produits. »

Les agriculteurs, par respect envers la filière, ont laissé les autres parler à leur place pendant très longtemps. Mais quel chargé de communication de coopératives, d’industriels ou de syndicats le fera mieux que la personne qui élabore le produit ?

Communiquer, une tâche comme une autre

Dans le même temps, quel chef d’entreprise a la prétention de pouvoir se passer de la communication pour assurer sa pérennité ? Aucun. « Aujourd’hui, si un chef d’entreprise ne communique pas sur son produit, il est mort, annonce Valérie Dahm. Cela fait partie des tâches qui leur incombent »

La journaliste compare le fait de communiquer avec la comptabilité : personne ne vous oblige à la faire, mais, à long terme, le fait de s’en passer peut devenir préjudiciable. Se lancer dans la communication, surtout avec les temps qui courent, ça peut faire peur.

Valérie Dahm rassure : « C’est un obstacle tellement petit par rapport à tous ceux que les agriculteurs ont déjà franchis. » Faire cette démarche collectivement peut être une solution. « Cela permet de se décomplexer, de créer une communauté, de se relayer », argumente-t-elle.

D’autant plus que, répète-t-elle, « 80 % des Français aiment les agriculteurs, et nombre d’entre eux sont curieux de savoir ce qu’il se passe dans les fermes. Il faut dire aussi que l’agriculture s’illustre très bien, ça parle aux enfants comme aux adultes. »

Il ne faut pas donc perdre une occasion de communiquer : sur les réseaux sociaux, lors des repas entre amis, en famille, lors de portes ouvertes, tout est prétexte pour parler de son métier. Seule préconisation : s’y préparer. « Il faut rester factuel, mettre le sentimental de côté, parler des changements qui ont été réalisés, du quotidien, conseille-t-elle. C’est possible d’inverser la vapeur, et c’est urgent. »

Lucie Debuire

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

La traite, un moment clé à ne (surtout pas) négliger
La traite est un moment important de la journée, mais elle peut aussi s'avérer pénible, à la fois pour le trayeur et [...]
Lire la suite ...

Une charte pour le bien-être animal
Créée en 1999, la charte des bonnes pratiques d'élevage ne cesse de s'adapter aux demandes sociétales et réglementa [...]
Lire la suite ...

« Pas de bien-être animal sans bien-être de l’humain »
À la ferme Bio'prés, on a décidé de réduire le cheptel de vaches laitières élevées en parallèle des cultures. D [...]
Lire la suite ...

Bio : Basile Decrock, le nouveau maraîcher de Wavrin
Installé en maraîchage depuis juillet dernier sur la zone maraîchère de Wavrin, Basile Decrock, 30 ans, souhaite à [...]
Lire la suite ...

La Flandre « stratégique » de Valentin Belleval
À 31 ans, le maire d'Hazebrouck Valentin Belleval ne perd pas de temps pour mener son territoire où il veut : toujour [...]
Lire la suite ...

Nucléaire : à Gravelines, le projet colossal des nouveaux réacteurs EPR2
Le projet de construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 est lancé à Gravelines, près de Dunkerque. Un [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires