Votre météo par ville

Bio : Basile Decrock, le nouveau maraîcher de Wavrin

18-04-2024

Actualité

C’est tout frais

Installé en maraîchage bio depuis juillet 2023 sur la zone maraîchère de Wavrin, Basile Decrock, 30 ans, souhaite à son échelle faire évoluer les choses dans le monde de l’agriculture en misant sur le collectif.

© Studiogomme
Basile Decrock est la nouvelle tête de la zone maraîchère de Wavrin. ©Studiogomme

C’est dans une de ses serres, sur la zone maraîchère de Wavrin (59), que Basile Decrock nous accueille. On ne dit pas non, il fait 9 °C dehors, 23 °C dans cette serre non chauffée. « Si ça ne vous dérange pas, je désherbe en même temps qu’on discute ? » Installé depuis juillet dernier, le trentenaire qui ne cultive qu’en bio désherbe en effet manuellement.

Le bio, il en est un convaincu, mais il a attendu un peu avant de se lancer dans l’agriculture : « Je voulais être bon techniquement pour pouvoir faire évoluer les choses. »

De Genech à Norabio

Pour être bon techniquement, Basile Decrock a dû se former. « Je ne viens pas du tout du monde agricole, mes parents étaient fonctionnaires. Mais j’avais une appétence pour les sujets environnementaux. Donc ils m’ont inscrit après mon bac S en BTS production végétale à l’Institut de Genech. C’est là que le lien entre agriculture et environnement s’est fait dans ma tête et que l’idée de travailler dans ce secteur m’a plu », raconte-t-il.

Ça lui plaît tellement qu’il décide de poursuivre ses études agricoles en empruntant une passerelle avec l’ISA à Lille, pour intégrer l’école directement en troisième année. « Là, je me suis spécialisé en science du sol et j’ai fait une année de césure au Costa Rica, pour découvrir la recherche fondamentale sur une exploitation de café qui faisait de l’agroforesterie, puis au Royaume-Uni, cette fois en maraîchage. » Ces choix d’études et de voyages lui permettent « de comprendre un peu mieux vers quoi je voulais aller, ou en tout cas ce vers quoi je ne voulais pas aller ».

Aussi, il réalise son stage de fin d’étude à Biocoop, sous la coupe de la coopérative Norabio : « Biocoop cherchait à l’époque à allonger la durée de conservation des courges pour ne plus avoir à s’approvisionner à l’étranger lorsqu’ils étaient en rupture. Je devais donc interroger les producteurs, les maraîchers et réaliser une étude sur le sujet. »

A lire aussi : Courges, une diversification à valeur ajoutée

À la fin de son stage, Norabio le recrute en tant qu’animateur filière pour la courge (évidemment) et le maraîchage : « Pour mon stage, en parlant avec les producteurs de courges et les maraîchers, quelque chose qui revenait était qu’ils souhaitaient un interlocuteur “privilégié” chez Norabio. J’ai donc été embauché pour ça et pour apporter un accompagnement technique. C’était un peu mon graal de travailler pour eux car ça cochait pas mal de cases : une coopérative, de petits producteurs, tout en bio. J’avais trouvé ma voie ! », se souvient-il.

Basile Decrock en quatre dates

2014. Il valide un BTS en production végétale à l’institut de Genech.

2018. Il obtient son diplôme d’ingénieur agricole à l’ISA de Lille.

2019. Il est embauché par la coopérative Norabio en tant qu’animateur pour la filière courge et maraîchage.

Juillet 2023. Il lance « Les jardins de Basile ».

Envie de concret

Et pourtant, après cinq ans chez Norabio, Basile Decrock répond à un appel à projet de la Métropole européenne de Lille (MEL) pour intégrer la zone maraîchère de Wavrin en juillet dernier. « À force de voir des maraîchers, j’avais envie de faire comme eux ! Et surtout, j’avais envie de concrétiser ce pour quoi je m’étais formé depuis le début. »

Le voilà donc avec 2 500 m2 de serres froides (non chauffées) et quatre hectares de plein champ dont « deux en luzerne pour faire un échange paille – fumier avec un éleveur, et 1,5 en agroforesterie. Cette année, je vais cultiver au total 8 000 m2 et produire une trentaine de cultures ».

Pourquoi ce choix ? « Car on manque de maraîchage sous serre dans la région et que je crois en la complémentarité entre les petits maraîchers, comme moi, et les grands légumiers de plein champ. Le fait est qu’on importe beaucoup de nos fruits et légumes dans les Hauts-de-France, donc il faut qu’on tente de développer notre résilience alimentaire, il y a de la place pour tout le monde. Et puis en bio car je suis un convaincu, notamment en raison des problèmes de santé publique. »

Je suis un jeune agriculteur et il faut que je puisse en vivre, c’est mon plus grand défi et c’est ce qui me fait le plus peur.”

La force du collectif

Actuellement, Basile Decrock travaille avec deux Biocoop et le supermarché Superquinquin de Fives, à Lille, ainsi qu’avec Norabio. « Je suis également en train de travailler à une offre de paniers livrés en entreprise qui devrait être opérationnelle d’ici juin je l’espère. »

Cette diversification des sources de revenus est essentielle pour le jeune maraîcher : « La diversification, c’est la résilience. Je suis un jeune agriculteur et il faut que je puisse en vivre, c’est mon plus grand défi et c’est ce qui me fait le plus peur. Aujourd’hui je vis avec la banque et j’aimerais trouver un équilibre entre me dégager un revenu décent par rapport à mon temps de travail et mon temps en famille. »

Ce problème n’est pas propre à la bio : « Il y a des jeunes motivés qui passent en stage ici qui nous disent qu’ils n’iront pas dans cette voie-là en partie à cause de ça. C’est pour ça qu’on va manquer d’agriculteurs… Selon moi la solution se trouve dans le collectif pour plusieurs raisons » : investissements, charge de travail, et surtout « le partage. Par exemple, moi j’ai fait beaucoup de théorie donc quand il a fallu planter du persil, j’étais bien content de pouvoir demander aux autres maraîchers de la zone des conseils ! Et quand il t’arrive quelque chose de négatif, pouvoir en parler, se rassurer, ça fait du bien aussi ! » 

Qu’est-ce que la zone maraîchère de Wavrin ?

Créée en 2017, la zone maraîchère de Wavrin est un espace de 35 hectares que la Métropole européenne de Lille (MEL) loue actuellement à six maraîchers et deux pépiniéristes. Concrètement, la MEL accueille des porteurs de projets sur des parcelles de 1,5 à 6 ha. « Il y a l’électricité, l’irrigation et une Cuma, qui, elle aussi, est accueillie sur le site. Pour tester et se lancer, c’est vraiment un bon plan. Il n’y a pas d’équivalent de cette ampleur en France », explique Basile Decrock.

Sur son site internet, la MEL précise : « Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie agricole de la Métropole, dont l’un des axes est de favoriser l’approvisionnement local des citoyens et de la restauration collective. »

Eglantine Puel

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Dossier Énergie 2024
Terres et Territoires vous propose un dossier Énergie de 2024. Biomasse. Les avantages du bois selon Ingredia Les chaud [...]
Lire la suite ...

Géothermie : le petit poucet du renouvelable
Rev3, pour troisième révolution industrielle dans les Hauts-de-France, accompagne l'essor des énergies renouvelables. [...]
Lire la suite ...

Inondations : l’association Re-création redonne espoir aux habitants de Frencq
À Frencq, dans le Pas-de-Calais, l'association Re-création, fondée après les inondations de l'hiver 2023, aide la co [...]
Lire la suite ...

Comment est fabriqué le vinaigre de cidre ?
Avec Terres et Territoires junior, nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. [...]
Lire la suite ...

Une journée test pour les farines paysannes
Le réseau Initiatives paysannes a organisé une journée de panification au fournil Saint Casimir, à Vaudricourt. Obje [...]
Lire la suite ...

En boulangerie, la résistance des artisans s’organise
Entre hausse des coûts, difficultés de recrutement et concurrence industrielle, les boulangers du Nord et du Pas-de-Ca [...]
Lire la suite ...

Nord-Pas-de-Calais : le calendrier 2024 des dates et consignes de collecte est disponible !
Celles-ci se dérouleront les 5 et 6 novembre prochains pour le Nord et le Pas de Calais. La Chambre d’agriculture [...]
Lire la suite ...

Pourquoi la rivière de la Ternoise a été reméandrée ?
La Ternoise, affluent de la Canche, a été reméandrée à hauteur de la commune d'Huby-Saint-Leu. Si au départ l'ambi [...]
Lire la suite ...

Dunkerque et son port à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025 !
Dunkerque et son port représenteront la France lors de la quinzaine thématique du Pavillon France intitulée « Ville [...]
Lire la suite ...

Téléchargez les mesures prises dans votre arrondissement suite aux inondations
Onze mois après les violentes inondations dans le Pas-de-Calais, Thomas Degos, préfet délégué en charge de la gesti [...]
Lire la suite ...

Innovations alimentaires : qu’est-ce qu’on mange demain ?
Food Creativ récompense les produits agroalimentaires innovants créés dans la région. La remise des prix a eu lieu l [...]
Lire la suite ...

DOSSIER : Gestion des eaux et environnement
Explorez les solutions durables pour la gestion de l’eau, la prévention des inondations et la protection de l’envir [...]
Lire la suite ...

Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Innovation : TerraGrow, un logiciel de gestion tout en un
À 22 ans, Pierre Wironis et Charles Terrey ont lancé leur propre logiciel de gestion à destination des agriculteurs. [...]
Lire la suite ...

Mercosur : Pourquoi les agriculteurs sont contre ?
Depuis lundi, la FNSEA et les JA, se mobilisent et montrent leur désaccord avec le possible futur accord de libre-écha [...]
Lire la suite ...

Dis, comment on cultive les pommes de terre ?
Avec Terres et Territoires junior nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. C [...]
Lire la suite ...

Violences faites aux femmes. L’accueil inconditionnel de toutes les femmes victimes
Le 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites a ux femmes. Parce qu'elles sont [...]
Lire la suite ...

Violences faites aux femmes : une femme sur trois concernée dans le monde
Delphine Beauvais est directrice du pôle Violences faites aux femmes de l’association Solfa. Pour elle, trois ét [...]
Lire la suite ...

Cateau-Cambrésis : le musée Henri Matisse réouvre ses portes
Après plus d'un an de fermeture pour travaux, le musée Henri Matisse, situé au Cateau-Cambrésis, réouvre ses portes [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires